Meta annonçait la semaine dernière qu’elle prévoyait commencer des tests sur Facebook et Instagram qui empêcheront certains utilisateurs et éditeurs de visualiser ou de partager du contenu d’actualités au Canada.
Cela survient après que la société a déclaré il y a quelques semaines qu’elle avait l’intention de bloquer le contenu des nouvelles au Canada, en réponse au projet de loi C-18 du gouvernement libéral.
La période de test durera plusieurs semaines, a déclaré Meta, et touchera jusqu’à 5 % de ses 24 millions d’utilisateurs canadiens.
Les utilisateurs sélectionnés au hasard ne pourront pas voir certains contenus, y compris les liens d’actualités ainsi que les vidéos courtes (Reels) et les histoires (photos et vidéos qui disparaissent après 24 heures). S’ils tentent de partager le contenu, ils seront informés qu’ils ne peuvent pas le faire car ils sont inscrits au test.
En février, Google a également effectué un test similaire de cinq semaines qui a touché environ 4 % des Canadiens. Elle a déclaré à l’époque que le test faisait partie de son cours normal des affaires, et uniquement en réponse au changement radical du paysage juridique de la publication de liens au Canada.
Meta a également déclaré que les tests sont une « pratique courante de l’industrie ». Mais la société ne déroge pas à son engagement de mettre fin au contenu des informations si le projet de loi est adopté.
« Comme l’a dit le ministre du Patrimoine canadien, la façon dont nous choisissons de nous conformer à la loi est une décision commerciale que nous devons prendre, et nous avons fait notre choix. Bien que ces tests de produits soient temporaires, nous avons l’intention de mettre définitivement fin à la disponibilité du contenu des nouvelles au Canada après l’adoption du projet de loi C-18. »
Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, qui a déposé le projet de loi C-18 l’été dernier, a exprimé son mécontentement face à la dernière décision de Meta sur Twitter vendredi matin, déclarant : « Le fait que Facebook refuse toujours de travailler avec les Canadiens montre à quel point ils sont profondément irresponsables et déconnectés. Encore une fois, il s’agit d’une décision décevante de la part des grandes entreprises de la technologie et les Canadiens ne seront pas intimidés par ces tactiques. »
Il a ajouté : « Je n’ai jamais rien fait parce que j’avais peur d’une menace, et je ne le ferai jamais. »
Le ministre Rodriguez fera face au comité sénatorial des transports et des communications la semaine prochaine pour discuter du projet de loi.
Meta a déclaré que les organes de presse à l’intérieur et à l’extérieur du Canada seront touchés par le test du produit. La société désigne les organes d’information qui « rapportent, enquêtent ou expliquent principalement des problèmes ou des événements d’actualité d’intérêt public », comme le fait le projet de loi.
Meta n’a pas précisé si elle avait l’intention d’exempter l’accès aux nouvelles d’urgence et aux informations critiques, bien qu’elle ait promis lors d’une réunion du comité de la Chambre des communes le mois dernier qu’elle ne commettrait pas les mêmes erreurs qu’en Australie. En février 2021, Meta avait limité l’accès aux informations dans ce pays, y compris à certaines pages des services de santé et des services d’urgence du gouvernement, après que le gouvernement eut adopté une législation visant à protéger les petits éditeurs de nouvelles.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.