Les retombées du scandale Cambridge Analytica de 2018 continuent d’accabler Facebook et sa société mère, Meta Platforms.
Reuters rapporte que Meta a accepté de payer 725 millions de dollars pour résoudre un recours collectif américain accusant Facebook d’autoriser des tiers, dont le cabinet de conseil politique britannique Cambridge Analytica, à accéder aux informations personnelles de 87 millions d’utilisateurs dans plusieurs pays, y compris le Canada et les États-Unis, pour cibler les publicités politiques lors du référendum sur le Brexit de 2016 et des élections fédérales américaines cette même année.
Meta n’a pas admis d’actes répréhensibles dans le cadre du règlement, a déclaré Reuters, qui est soumise à l’approbation d’un juge fédéral à San Francisco.
S’il est approuvé, le règlement résoudra les allégations des utilisateurs de Facebook selon lesquelles la société a violé diverses lois fédérales et étatiques en permettant aux développeurs d’applications et aux partenaires commerciaux de récolter leurs données personnelles sans leur consentement sur une base généralisée.
Reuters affirme que les avocats des utilisateurs ont allégué que Facebook les avait induits en erreur en leur faisant croire qu’ils pouvaient garder le contrôle des données personnelles, alors qu’en fait, elle a permis à des milliers de personnes extérieures choisies d’y accéder.
Facebook a fait valoir que ses utilisateurs n’avaient aucun intérêt légitime à protéger les informations qu’ils partageaient avec des amis sur les réseaux sociaux, a déclaré l’agence de presse. Mais le juge de district américain Vince Chhabria a qualifié cette opinion de « tellement mauvaise » et, en 2019, a permis à l’affaire de procéder.
En revanche, une tentative des utilisateurs canadiens de Facebook de lancer un recours collectif contre Facebook a été rejetée par un juge ontarien plus tôt cette année.
En 2019, Facebook a accepté de payer 5 milliards de dollars américains pour résoudre une enquête de la Federal Trade Commission sur ses pratiques en matière de confidentialité, et 100 millions de dollars américains pour régler les allégations de la Securities and Exchange Commission des États-Unis selon lesquelles elle aurait induit les investisseurs en erreur sur l’utilisation abusive des données des utilisateurs.
Au Canada, le commissaire fédéral à la protection de la vie privée a poursuivi Facebook en justice après que l’entreprise de médias sociaux eut refusé de reconnaître qu’elle avait enfreint la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE) dans la collecte d’informations auprès d’environ 622 000 Canadiens.
Les données provenaient d’une application, offerte aux utilisateurs de Facebook par le chercheur de l’Université de Cambridge, Aleksandr Kogan, qui prétendait être un quiz de personnalité appelé « This Is Your Digital Life » pour une recherche universitaire. À l’insu des participants, les données ont été partagées avec SCL Elections et sa filiale, Cambridge Analytica. Des listes d’individus, basées sur la modélisation par SCL et Kogan, ont ensuite été fournies à AggregateIQ, basée en Colombie-Britannique, pour le placement de publicités politiques ciblées sur Facebook.
Les participants au quiz ne savaient pas que l’accès à leurs profils personnels permettait également d’accéder aux profils de ceux qui les suivent. Ainsi, par exemple, alors que seulement 53 personnes en Australie ont installé l’application « This is Your Digital Life », selon des documents judiciaires, elle a pu récolter les données d’environ 311 127 personnes.
En février, Facebook a perdu une bataille majeure avec le régulateur australien de la protection de la vie privée concernant Cambridge Analytica, après qu’un tribunal eut rejeté l’affirmation du géant des médias sociaux selon laquelle il ne fait pas d’affaires et ne collecte pas d’informations personnelles dans le pays. La décision a permis au commissaire à la protection de la vie privée de continuer sa poursuite contre Facebook.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.