Les utilisateurs de TIC ont de la difficulté à se départir de leurs contenus en format binaire. La gestion de ces contenus en est une de conservation ou de procrastination…
C’est au moment où une personne déménage qu’elle prend pleinement conscience de la quantité de biens accumulés au fil des années. Parmi ces biens, on trouve généralement des contenus sur des supports physiques : des livres, des magazines et d’autres documents imprimés et manuscrits, des photographies et des affiches ainsi que des disques et des cassettes audio et vidéo. Ces contenus peuvent être des souvenirs, des informations de référence ou bien du divertissement.
Généralement, certains contenus ont une valeur inestimable tandis que d’autres ne suscitent plus d’intérêt, sont périmés ou sont impertinents. La quantité de contenus peut être si importante qu’on fait des découvertes au moment de préparer ses boîtes. Certains contenus ont été regardés ou écoutés à maintes reprises, et d’autres attendent encore, dans leur emballage, qu’on les consulte pour une première fois. Certains contenus qu’on croyait perdus refont surface, alors que d’autres font réfléchir sur une raison plausible de les conserver. Alors, la personne séparera les contenus en trois catégories : ce qui sera déménagé, ce qui sera vendu ou donné, et ce qui sera envoyé à la récupération. L’ampleur des contenus qui constituent la troisième catégorie peut surprendre!
Les contenus numériques hébergés sur un ordinateur ou un serveur n’échappent pas non plus à cette tendance à l’accumulation.
Les technologies de l’information et des communications (TIC) n’ont cessé d’élargir les possibilités de création, de cueillette et d’accumulation de contenus numériques. Limité au départ à la création de fichiers de textes en caractères ASCII et de dessins tracés à la souris, l’utilisateur d’un ordinateur peut maintenant laisser libre cours à son imagination et écrire des romans, dessiner des oeuvres majeures, recadrer des photographies mémorables, composer des chefs-d’oeuvre musicaux, et ce, avec ou sans prétention! Il peut aussi parcourir l’Internet, découvrir et télécharger des contenus de la sorte en grande quantité.
Au travail, les courriels et les fichiers nécessaires à l’accomplissement des tâches sont produits et échangés à bonne cadence, par le biais du courrier électronique ou des espaces de stockage. Les limites de la communication et du partage des connaissances sont sans cesse repoussées… Pourvu qu’il y ait de l’espace en quantité suffisante sur les disques rigides.
La relation de l’individu avec les contenus numériques est semblable à celle qu’il entretient avec les contenus sur supports physiques, alors qu’il les conserve et les accumule au fur et à mesure de son obtention ou des téléchargements. Ces contenus pourront être consultés un jour ou l’autre, par la personne ou par une autre, lorsque ce sera nécessaire ou lorsque le temps le permettra.
[Supprimer?]
Or, la perception de la quantité des contenus numériques conservés est plus difficile à réaliser qu’avec les contenus sur supports physiques. À l’aide d’une fonction de recherche, la constatation de la quantité de fichiers en format .doc, .txt, .jpg, .mov, .vob et .mp3 qui sont hébergés dans un ordinateur risquent de faire sourciller l’utilisateur. Plus encore, le compteur du nombre de courriels contenus dans une boîte de réception risque de surprendre davantage. Mais que peuvent donc contenir tous ces documents?, peut alors se demander l’utilisateur.
Un ménage des disques durs d’un ordinateur ou d’un serveur ne ferait pas de tort. Doit-on garder les trois versions préalables à la version définitive d’un document texte? Les treize points de vue de la même statue admirée au musée? Les huit réponses échangées par courriel à propos d’une plaisanterie anodine? Les communiqués de presse reçus l’année dernière? Les nombreux films « à regarder plus tard »? Certes, bien des documents sont précieux et serviront ultérieurement. Mais certains documents sont inutiles, alors que d’autres ne seront jamais regardés, faute de temps…
Un ménage s’impose au sein des contenus numériques, mais l’utilisateur trouve rarement le temps de faire un tel ménage. C’est lorsqu’il changera d’ordinateur ou que son système d’exploitation l’avisera que son disque est plein qu’il devra prendre le temps de faire un tri et un classement. En constatant le temps que nécessite cette tâche, il se dira qu’il fera attention dorénavant à ne pas conserver trop de documents inutiles.
Toutefois, il est fort probable qu’il recommencera à faire des réserves numériques sans s’en rendre compte. Un jour, un logiciel de gestion analysera les contenus et envoyer par courriel à l’utilisateur des avis de prise de décision quant à la destinée de ces contenus. Mais encore, l’utilisateur devra se discipliner à ne pas reporter la lecture de ce courriel à plus tard…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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