Le Web 2.0 était à l’honneur de la troisième édition de la conférence organisée par le LATECE et dédiée aux technologies de l’Internet.
La troisième édition de la conférence MCETECH avait lieu cette semaine à Montréal. Organisée par le Laboratoire de Recherches sur les Technologies du Commerce Électronique (LATECE) de l’UQAM, la conférence se concentre sur les technologies de l’Internet, en mettant l’accent sur les opportunités offertes par ces technologies et les défis que présente leur utilisation. La première édition de la conférence, qui propose un programme de tutoriels et d’ateliers, a eu lieu en 2005.
Bien que les sujets abordés lors de la conférence étaient variés, les technologies du Web 2.0 ont attiré l’attention des 110 personnes qui y participaient. C’est dans cette perspective que le blogueur Michel Leblanc, d’Analyweb.com, s’est appliqué à démontrer les avantages supérieurs que présente l’utilisation du Web 2.0, et plus particulièrement du blogue, dans un contexte de marketing et de relations publiques.
Il estime que cette forme de communication permet de rejoindre plus efficacement et de façon plus décisive la clientèle que les médias classiques, en raison de l’importance qu’accordent les internautes aux commentaires des autres utilisateurs, dont ceux des blogueurs. « Dans le Web 2.0, l’impact du bouche-à-oreille est considérable », de dire M. Leblanc qui enjoint les entreprises à utiliser davantage les blogues dans un contexte de relations publiques, après avoir établi une stratégie de communication appropriée. « Il faut avoir des objectifs d’affaires et des moyens de mesurer l’atteinte de ces objectifs, précise-t-il. Une stratégie de communication Web 2.0, ça se planifie. »
Il considère, en outre, que le phénomène Second Life, qui permet à l’internaute de se créer une deuxième vie dans un univers virtuel, donne un avant-goût de ce que sera le Web de demain. « Second Life, qui est entièrement basé sur les technologies du Web, est le terreau d’expérimentation du Web 3D, pas du Web 3.0 ou 4.0, mais du Web 3D », soutient-il.
La sagesse des masses
Xavier Olleros, professeur à l’École de gestion de l’UQAM, a pour sa part discuté des leçons qu’on peut tirer de l’encyclopédie collaborative Wikipedia, lesquelles peuvent être appliquées à d’autres fins dans l’univers du Web 2.0. Ainsi, le fait que Wikipedia ait recours à un processus de contrôle de la qualité décentralisé et peu formalisé n’a, en définitive, pas ou très peu d’impact sur la qualité de son contenu. Cela est dû à la sagesse supérieure des masses, dans la mesure où les membres signalent spontanément et rapidement les erreurs. « Les vandales ont déjà perdu la bataille, croit-il. […] En fait, en raison de la nature même de la ressource, on ne peut pas vraiment faire autrement, au niveau du contrôle de la qualité. » Par conséquent, M. Olleros croit qu’ouvrir les systèmes d’information aux masses peut être largement profitable aux organisations.
Ouvrir les systèmes aux masses demande évidemment d’avoir des systèmes faciles à utiliser, dotés d’une interface d’utilisation Web ergonomique, ce qui était le sujet de la présentation de François Aubin, de Cognitive Group. Estimant que très peu de sites Web sont vraiment bien conçus d’un point de vue ergonomique, M. Aubin s’est appliqué à définir les dix facteurs permettant de mettre au point des interfaces d’utilisation conviviale.
Un des facteurs clés, qui est le plus souvent négligé par les concepteurs Web, est de ne pas surestimer la capacité d’attention de l’utilisateur en lui soumettant un écran saturé d’information et de fonctionnalités. Il vaut mieux faire peu de choses, mais bien les faire. L’autre erreur la plus fréquente est d’employer des caractères peu lisibles, car trop petits par rapport à la distance à laquelle se trouve l’utilisateur de l’écran.
Aussi, pour mettre l’utilisateur en confiance, il faut lui laisser un certain contrôle sur ce qu’il fait et lui permettre de faire des erreurs et de les corriger ensuite. Il faut aussi accorder une attention particulière à l’utilité et à la performance des fonctions offertes à l’utilisateur. « Ici, à Montréal, on donne trop d’importance à la facture visuelle du site, plus qu’à sa dimension fonctionnelle, croit-il. C’est une erreur. »
Rejoindre plus l’industrie
Hafedh Mili, professeur au département d’informatique de l’UQAM et directeur du LATECE, est particulièrement satisfait de la troisième édition de MCETECH. Non seulement la participation était supérieure à l’édition précédente, mais cette dernière était encore plus internationale – la moitié des participants provenaient de l’étranger – et l’industrie y était plus présente.
« Il y a deux volets à la conférence, soit le volet académique qui vise les chercheurs, et le volet orienté vers la pratique, qui est destiné aux gens de l’industrie et dont l’objectif est de vulgariser certaines technologies, explique le professeur. Au fur et à mesure que l’événement est plus connu, il rejoint un auditoire plus vaste. […] On veut impliquer davantage l’industrie dans l’événement, car un des objectifs du congrès est de favoriser le maillage industrie-recherche. »
Autre nouveauté de l’édition 2008 est la publication des articles de recherche des chercheurs ayant participé à la conférence chez l’éditeur de IEEE, ce qui leur donne encore plus de visibilité. Cette année, 29 articles ont été publiés de la sorte. « Là, ça devient plus attrayant pour les chercheurs, car les articles sont indexés et accessibles de partout dans le monde », explique M. Mili, qui prévoit une quatrième édition de la conférence en 2009.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.
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