ÉTUDE DE CAS C’est avec une approche misant sur un partage précis des responsabilités que le Service de Police de la Ville de Montréal a trouvé la paix avec son impartiteur, la Direction des systèmes d’information de la Ville de Montréal.
Cela fait plus de dix ans que le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) a imparti l’exploitation de son infrastructure technologique et ses activités de développement informatique à l’administration de la Ville de Montréal. Au début, soit de 1998 à 2001, c’était la Communauté urbaine de Montréal (CUM) qui assumait cette tâche, alors que depuis cette date, c’est la Direction des systèmes d’information (DSI) de la Ville de Montréal qui en a pris le relais. La CUM a cessé ses activités le 31 décembre 2001, suite aux fusions municipales.
En vertu du modèle de gouvernance adopté par le SPVM, la DSI agit essentiellement en qualité d’exécutante, dans la mesure où elle a pour mandat de gérer les opérations informatiques courantes, d’assurer la maintenance des systèmes, de supporter les utilisateurs du SPVM et de réaliser les projets que lui confie le SPVM. Ce dernier est responsable, quant à lui, de définir ses orientations stratégiques et les besoins particuliers qu’il entend satisfaire d’un point de vue informatique et de décider quels projets seront mis en chantier. Il n’y a donc pas d’empiétement de responsabilités à l’intérieur du modèle de gouvernance choisi par le SPVM, chacun ayant un rôle précis à jouer.
« Il y a au SPVM une équipe qui traite de l’informatique d’un point de vue des règles d’affaires, précise Jean-François Martin, consultant à la DSI. Ce sont eux qui vont établir leurs besoins d’affaires en termes informatiques. Mais le choix des produits, leur implantation, leur gestion et leur exploitation, c’est la responsabilité de la Ville de Montréal. Le partage des responsabilités n’est pas difficile à gérer, parce qu’on ne fait pas les mêmes choses. »
M. Martin est affecté exclusivement au SPVM, qui compte au total 7 000 utilisateurs, dont 4 400 sont mobiles, étant constitués d’agents de police. Ces derniers disposent d’un ordinateur véhiculaire – le SPVM en compte 1 100 – qui leur permet d’accéder à distance aux systèmes d’information du SPVM.
Cela étant dit, le rôle de la DSI, qui supporte 17 500 utilisateurs au total, ne se limite pas à celui d’un exécutant. Elle peut, en effet, être amenée à fournir des conseils et des suggestions sur l’utilisation de certaines technologies, à valider certains projets, à se prononcer sur leur faisabilité, etc., et ce, à la demande du SPVM.
« On a aussi un rôle de conseiller technique auprès du SPVM, parce qu’il y a une différence entre ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire, et on est là pour les aider à faire la différence, confie le consultant. Un projet peut paraître très intéressant sur papier, mais quand on met un prix dessus, ça met les choses en perspective. »
Bien que les projets informatiques retenus par le SPVM soient déterminés en fonction de ses orientations stratégiques et de son plan de développement en cours, certains projets trouvent leur origine dans les demandes formulées par les utilisateurs ainsi que dans les suggestions formulées par la DSI. Quoiqu’en soit l’origine, les demandes et les suggestions convergent au Bureau de projets du SPVM où elles sont évaluées pour être ensuite acceptées ou refusées. Les demandes d’acquisition reliées à l’infrastructure, comme la bureautique, sont, quant à elles, dirigées au Service des achats de la Ville de Montréal qui décide d’y donner suite ou pas.
« Il y a différents points de contact, dépendamment de la nature du besoin, confirme Jean-François Martin. Les demandes de projets sont acheminées au Bureau de projets du SPVM qui va les valider, les prioriser et les transférer à la DSI qui va les réaliser. Il y a une certaine centralisation, car autrement ce serait ingouvernable. Pour les demandes de moindre envergure, c’est le Service des achats qui s’en occupe. »
Un bel exemple
Le projet de renforcement de la disponibilité et de la sécurité des données et des applications en cours d’implantation fournit un bel exemple du modèle de gouvernance du SPVM. Ayant débuté à l’été 2007 et devant se terminer à la fin de 2009, le projet vise plus spécifiquement à mettre en place un environnement de stockage résiliant fondé sur des bases de données Oracle exploitées sur une plateforme AIX d’IBM, permettant une reprise rapide des activités après sinistre. Cet environnement prend la forme d’un réseau de stockage métropolitain composé de deux sites miroirs distants de 10 km et reliés par fibre optique.
Ainsi, advenant qu’un des deux sites tombe en panne, l’autre prendra la relève en moins d’une heure. Ce délai était auparavant de douze heures, alors que les données étaient stockées en deux endroits différents dans le même édifice. Résultat : les policiers bénéficieront d’un meilleur accès aux données leur permettant d’agir avec efficacité, en tout temps, et les citoyens seront mieux protégés. Tel est l’objectif du projet qui aura nécessité un investissement de plusieurs centaines de milliers de dollars.
« Le service de police est un service qui doit être toujours ouvert et on voulait mettre en place une plateforme de stockage des données pour répondre à différents systèmes d’information, résume Jean-François Martin. Chose que nous n’avions pas précédemment, alors que chaque application opérait en silo. […] L’environnement à haute disponibilité qu’on met en place doit pouvoir s’étendre jusqu’aux véhicules de police. On augmente sans cesse le nombre d’applications accessibles dans les auto-patrouilles et on doit pouvoir garantir une disponibilité très élevée pour ces applications-là.
« Le nerf de la guerre, dans un service de police, c’est l’accès à l’information. Avant, la disponibilité des applications, c’était du cas par cas, selon les exigences de chaque application, alors que maintenant, elle est généralisée pour l’ensemble des applications névralgiques qui utilisent la plateforme Oracle. […] Avant, quand survenait une panne, comme c’était des systèmes individuels, il fallait aller chercher les copies de sauvegarde et recharger les données pour chaque application et repartir les applications, ce qui pouvait prendre pas mal de temps. Alors que maintenant, les données sont écrites simultanément dans les deux sites qui sont actifs. On ne peut plus maintenant déployer des applications névralgiques sans penser à une plateforme de stockage qui soit résiliente aux pannes. »
Alors que le projet a été pensé au SPVM, sa réalisation a été confiée à la DSI de la Ville de Montréal, qui en est le maître d’oeuvre. Outre le déploiement d’un réseau de stockage, le projet s’accompagne d’un changement de plateforme serveur en faveur d’AIX d’IBM qui offre des possibilités de virtualisation – cette plateforme était Solaris de Sun auparavant. Le système de base de données n’a pas été changé. Pour l’aider à réaliser son projet, la DSI a fait appel aux services de la firme-conseil Novipro, qui se spécialise dans ce créneau.
« Quand on a une panne mineure, localisée, ça peut être intéressant d’avoir des systèmes redondants dans un même édifice, reconnaît Yves Paquette, président de Novipro. Mais s’il y a un dégât d’eau ou tout autre sinistre qui affecte l’ensemble de l’édifice, ça le devient beaucoup moins. […] Si on veut réduire le délai de reprise, on ne peut pas se permettre d’avoir des environnements qui demandent beaucoup d’interventions mécaniques, comme c’était le cas avec l’environnement précédent du SPVM, il faut pouvoir le faire de manière logique et le plus automatiquement possible. Avec des environnements synchronisés, la reprise est très rapide. Dans le cas du SPVM, on a testé 35 scénarios différents et le délai maximum qu’on a obtenu est 15 minutes. »
Expertise peu courante
Novipro, qui assure depuis six ans la gestion et la maintenance des serveurs du SPVM, a développé une expertise en relève informatique et dans les systèmes de redondance Oracle RAC (Real Application Clusters). « On avait besoin d’expertise en déploiement de réseaux de stockage métropolitains et en implantation de bases de données Oracle fonctionnant dans un contexte où les sites sont géographiquement dispersés, précise Jean-François Martin. Des infrastructures de ce genre-là, il n’y en a pas beaucoup à Montréal, voire au Québec. C’est une expertise peu courante. »
Les capacités de virtualisation d’AIX permettront, en outre, de maximiser l’utilisation de l’équipement et donc de faire des économies. « Dans un contexte de consolidation des parcs informatiques, il a été décidé que le parc informatique du SPVM allait être uniformisé avec celui de la Ville de Montréal qui était fondé sur AIX et des serveurs pSeries d’IBM, résume Jean-François Martin. On ne voulait pas changer de plateforme pour juste changer, on voulait qu’il y ait une valeur ajoutée à ça, et comme il y a des fonctionnalités qui permettent la virtualisation dans AIX, on a décidé d’en tirer profit. Ça permet d’avoir une flexibilité au niveau des centres informatiques, qu’on n’avait pas avant, et d’offrir de nouveaux services. L’effet de levier est important et c’est à ce niveau que se situent les retombées de l’investissement. Car en fin de compte, c’est un déplacement de coûts : on achète moins d’équipement, mais on achète plus de licences, pour à peu près la même valeur. »
« Ils voulaient pouvoir consolider plusieurs environnements sur un même équipement, ce que ne permet pas Solaris, de confirmer Yves Paquette. Et en plus, Oracle fonctionne très bien dans un environnement AIX. »
Outre la maîtrise d’oeuvre du projet, la DSI a aussi pour mandat d’assurer la formation des utilisateurs et le transfert des connaissances au SPVM, pour que celui-ci bénéficie d’une certaine autonomie dans l’utilisation et la gestion de son nouvel environnement de stockage. Mandat dont elle pourra s’enquérir en obtenant d’abord les connaissances appropriées auprès de Novipro.