ANALYSE Les données disponibles sur l’utilisation de l’étiquette d’identification par radiofréquence au Canada montrent que la mise en œuvre de cette technologie en est encore à ses débuts.
Qu’est-ce qu’un détaillant, un hôpital, un aéroport international, un cabinet d’avocats et une université ont en commun? Il se pourrait qu’ils utilisent tous des répondeurs d’identification par radiofréquence (IRF) ou des étiquettes d’IRF dans le cadre de leurs propres activités quotidiennes.
En 2006, Statistique Canada a ajouté une question sur les étiquettes d’identification par radiofréquence (IRF ou RFID pour radio frequency identification, en anglais) à l’Enquête sur le commerce électronique et la technologie. À l’heure actuelle, les étiquettes d’IRF sont utilisées par des organisations à diverses fins. Le concept des étiquettes d’IRF combine les radiofréquences et les systèmes de codes à barres, permettant une logistique mobile.
Les données disponibles sur l’utilisation de l’étiquette d’IRF au Canada montrent que la mise en œuvre de cette technologie en est encore à ses débuts. Le petit nombre d’organisations qui utilisent des étiquettes d’IRF peut s’expliquer par la nouveauté de cette technologie et par les coûts d’investissement et de mise en œuvre potentiellement élevés qu’elle peut entraîner. Malgré les coûts initiaux, les organisations qui utilisent l’IRF en tirent profit à long terme.
Les étiquettes d’IRF viennent tout juste d’apparaître dans le monde canadien des affaires, et seulement environ 2 % de toutes les organisations privées et 7 % de toutes les organisations publiques utilisent cette technologie (Statistique Canada, 2006).
Qu’est-ce que l’identification par radiofréquence?
Les systèmes d’IRF comportent trois composantes principales : une étiquette, un lecteur et un système informatique avec matériel et logiciels de soutien. Ce système d’identification automatique est semblable à un système de codes à barres; toutefois, il est mobile et plus perfectionné grâce à son utilisation de radiofréquences pour transmettre et recevoir de l’information et à son utilisation de puces pour emmagasiner une importante quantité d’information.
Il y a deux sortes d’étiquettes d’IRF : l’étiquette « non inscriptible » dispose d’un code fixe comportant de l’information d’identification; dans le cas d’une étiquette « inscriptible », on peut changer l’information qui s’y trouve à plusieurs reprises. On utilise un interrogateur ou un lecteur pour communiquer avec l’étiquette d’IRF. Le lecteur émet un signal radio; l’étiquette capte le signal et le renvoie au lecteur avec l’information d’identification. Pour un transfert efficace d’information, la distance séparant l’étiquette du lecteur peut varier de quelques centimètres à environ 200 mètres. Le lecteur peut être tenu à la main ou fixé à des emplacements stratégiques, par exemple au poste d’expédition et de réception d’une organisation.
Assorties d’un système de logiciels et de matériel, les étiquettes d’IRF peuvent aider les utilisateurs à faire du passage de divers articles dans un environnement donné.
Utilisation de cette technologie par les organisations
Deux exemples démontrent bien comment les IRF sont présentement employés dans le monde (Bacheldor, 2007a, 2007b). Le premier exemple provient de l’industrie des soins de santé. Aux États-Unis, le personnel médical d’un hôpital à Pittsburgh, en Pennsylvanie, utilise des étiquettes d’IRF pour administrer la dose correcte de médicament aux patients. Des étiquettes d’IRF contenant un numéro d’identification unique sont apposées sur le bracelet et les médicaments du patient.
Avant d’administrer le médicament au patient, une infirmière doit d’abord ouvrir une session en utilisant le lecteur de l’IRF pour balayer l’étiquette se trouvant sur sa propre carte d’identification. Elle utilise ensuite le lecteur pour balayer le numéro d’identification unique se trouvant sur le bracelet et les médicaments du patient. Les numéros d’identification sont automatiquement contre vérifiés avec le système de base de données de l’hôpital, qui contient les antécédents médicaux du patient. Le personnel peut donc vérifier les besoins médicaux du patient à son chevet grâce à cette technologie d’IRF.
Le deuxième exemple provient de l’industrie du transport aérien. En Thaïlande, l’aéroport international à Bangkok utilise la technologie de l’étiquette d’IRF pour tenir un dossier de tous les frets aériens passant par son aérogare de fret. Tous les articles du fret dans l’aérogare contiennent une étiquette d’IRF pour faire le suivi de leur arrivée et de leur départ.
Des lecteurs à des emplacements fixes dans l’aérogare envoient un signal radio à l’étiquette lorsque le fret passe devant. Le signal radio est ensuite retourné au lecteur accompagné de l’information d’identification, comme une description du fret et son heure d’arrivée ou de départ. On utilise des étiquettes d’IRF inscriptibles, car elles peuvent être fixées à un article lors de son arrivée et en être retirées avant son départ.
Faible taux d’utilisation
La technologie de l’étiquette d’IRF est utilisée dans de nombreux milieux et les organisations canadiennes explorent peu à peu son potentiel.
Un pourcentage relativement faible d’organisations utilisent cette technologie. Dans le secteur privé, environ 2 % de toutes les organisations utilisent des étiquettes d’IRF. Le pourcentage d’utilisation pour chaque industrie ne s’écarte pas sensiblement de ce total. Pour toutes les industries enquêtées, la proportion de leurs organisations qui utilisent des étiquettes d’IRF variait entre un pourcentage maximal de 5 % dans le secteur des services publics et un pourcentage minimal de moins d’un pour cent dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale (voir tableau 1).
Certains secteurs, comme le secteur des services administratifs et de soutien, le secteur des services de gestion des déchets et d’assainissement et celui des arts, des spectacles et des loisirs, sont plus portés que d’autres à profiter de l’utilisation de la technologie de l’étiquette d’IRF. Chacun de ces secteurs est une compilation de divers sous-secteurs, qui comprennent les services d’emballage et d’étiquetage, les services d’enquête et de sécurité, les services de soutien aux entreprises, les services de gestion des déchets et d’assainissement, les jeux de hasard et loteries, les établissements du patrimoine et les parcs d’attraction et salles de jeux électroniques.
Pour la majorité des secteurs privés, toutefois, pas plus d’environ 2 % de leurs organisations utilisent les étiquettes d’IRF (tableau 1). Dans les secteurs publics – soins de santé et assistance sociale, services d’enseignement et administrations publiques – presque 7 % de toutes les organisations utilisent les étiquettes d’IRF, mais il y a une grande variabilité entre les secteurs (voir tableau 2).
Les pourcentages d’utilisation généralement faibles dans les secteurs privé et public s’expliquent probablement en partie par les coûts élevés de la mise en œuvre d’un système d’IRF (OCDE, 2006). Bien que certaines étiquettes d’IRF puissent coûter moins qu’un dollar, c’est le nombre requis d’étiquettes et de lecteurs combiné aux systèmes informatiques et à leur matériel et logiciels spécialisés, ainsi que la formation des employés qui contribuent ensemble à l’augmentation considérable du coût total. À part les coûts, d’autres raisons peuvent influencer la décision d’une organisation d’utiliser les étiquettes d’IRF. Par exemple, la taille de l’organisation, que l’on détermine par le nombre d’employés à temps plein, pourrait être un facteur : les grandes organisations sont susceptibles d’adopter de nouvelles technologies plus rapidement que les organisations de taille moyenne ou petite (Uhrbach et van Tol, 2004). Parmi les autres raisons, il y a notamment la connaissance de la technologie, les pressions exercées par la concurrence ou par le marché pour adopter la technologie et l’utilité de l’IRF sur le plan des nécessités du service.
Il est clair que les taux d’adoption rapide de la technologie de l’IRF sont faibles dans les secteurs privé et public, pour plusieurs raisons possibles, dont le manque de connaissances sur l’IRF et ses utilités possibles et les coûts d’investissement et de mise en œuvre qu’elle peut entraîner.
Les recherches et les analyses se poursuivent pour explorer l’application durable des étiquettes d’IRF selon la taille de l’industrie et de l’entreprise – au Canada et dans le monde.
Mark Fakhri et Bryan van Tol évoluent au sein de la Division des sciences, de l’innovation et de l’information électronique (DSIIE), à Statistique Canada. Cet article a été publié à l’origine dans le Bulletin de l’analyse en innovation, Mai 2008.
Références
BACHELDOR, Beth. 2007a. « RFID-enabled handheld helps nurses verify meds ». RFID Journal (consulté le 9 janvier 2008).
BACHELDOR, Beth. 2007b. « Thai airport tests RFID to track cargo, streamline customs ». RFID Journal (consulté le 9 janvier 2008).
FERGUSON, Renée Boucher. 2007. « A healthy dose of RFID ». eWeek. Juin. p. 27-28 et 30-31.
ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE). 2006. Radio Frequency Identification: Driv- ers, Challenges and Public Policy Considerations. Comité de la politique de l’information, de l’informatique et des communications de la Direction de la Science, de la technologie et de l’industrie. Mars.
STATISTIQUE CANADA. 2006. Enquête sur le commerce électronique et la technologie (consulté le 3 janvier 2008).
UHRBACH, Mark et Bryan VAN TOL. 2004. « L’utilisation des technologies de l’information et des communications : les petites entreprises rattrapent-elles les grandes? » Analyse en bref, produit no 11-621-MWF vol. 009 au catalogue de Statistique Canada (consulté le 3 janvier 2008).
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