C’est maintenant un lieu commun, d’évoquer l’amour et la haine que se portent les organisations et le logiciel libre. Le logiciel libre s’évertue à vanter ses qualités techniques et le côté économique de son absence de licences payantes. Alors qu’il fait face à une méfiance presque viscérale des organisations envers son modèle de distribution, même si l’application concernée semble techniquement robuste, et couvre adéquatement le besoin d’affaires.
Tout est une affaire de perception, de confiance, d’évaluation de risque par les organisations et d’incompréhension et de mauvaise lecture des sentiments de sécurité des décideurs par l’industrie du logiciel libre. Le cercle vertueux de la confiance reste le principal défi à relever par le logiciel libre. Une fois l’avantage technique montré, la satisfaction du besoin établie, l’avantage pécuniaire spécifié, reste le domaine du non verbal. C’est le sentiment de sécurité relatif à une solution nouvelle, non pas dans son utilisation technique, mais dans son soutien et sa maintenance. C’est rentrer de pleins pieds dans l’évaluation du risque d’une organisation dont le secteur d’activité n’est pas l’informatique, mais seulement un outil stratégique, incontournable, et différenciateur. Il y a également l’équipe des TI qu’il faut rassurer, soutenir, et convaincre, car elle influence le gestionnaire des TI, qui à son tour fait des recommandations aux décideurs. Il faut, aussi, tenir compte du milieu syndiqué et du contenu de la convention collective. De même, il faut jouter avec les conseillers externes, les petits royaumes internes, et les « gros egos ». L’équipe des TI est, pour l’organisation, toute l’expertise en logiciels propriétaires qu’elle possède. Or, le logiciel libre représente l’autre côté de la médaille. Il s’agit de la plus silencieuse et invisible force de résistance à l’introduction du logiciel libre, qui est vue comme une menace généralisée, jusque dans les emplois. Pourtant, c’est l’équipe qui maîtrise le mieux le côté « métier » des applications, tant propriétaires que libres. Elle est la mieux placée pour acquérir les exigences du logiciel libre et ainsi se doter d’une double expertise. Le logiciel libre a un impact technologique et pécuniaire, mais aussi une influence sur les affaires, la gestion, l’administration, les intérêts périphériques, le confort et la paix sociale. C’est en mode partenariat que le logiciel libre et les organisations devraient se rejoindre. Non pas en partenariat commercial, financier, ou technologique, mais en un vrai partenariat d’engagement et de résultats. C’est le cas, par exemple des entreprises qui fournissent des services avec des applications en mode « SaaS » qui utilisent largement les logiciels libres, pour maîtriser leurs coûts astronomiques de licence et personnaliser leurs applications. De même que la plupart des organisations pour leurs architectures Web et la gestion de leurs serveurs. D’autant que maintenant, l’utilisation du logiciel libre ne contraint pas à l’utilisation de Linux, car la plupart existent en version Windows.