Grâce à des améliorations marquées sur le plan de la technologie et de la méthodologie, les projets d’intelligence d’affaires sont beaucoup plus accessibles aujourd’hui aux petites et moyennes entreprises.
Jusqu’à tout récemment, l’intelligence d’affaires (BI) était l’apanage de la grande entreprise. Pourtant, les questions auxquelles on cherche à répondre à l’aide de ce concept sont les mêmes au sein d’une PME que dans une grande société : quels sont mes meilleurs clients? Quels produits ou quels services se vendent davantage en certaines circonstances? Quels éléments stimulent ou freinent la rentabilité? Et toute autre question du même ordre.
Comme elles ont une envergure moindre et qu’elles commercialisent généralement moins de produits, les PME courent un risque plus élevé lorsque survient une difficulté – par exemple, la chute sensible des ventes d’un produit. Pour cette raison, il est sans doute plus important pour la PME d’obtenir des réponses précises et pertinentes aux questions liées à son caractère concurrentiel et à sa rentabilité.
Nombreuses barrières
Auparavant, la grande entreprise était mieux outillée que la PME sur le plan transactionnel pour exploiter l’intelligence d’affaires. Elle comptait sur divers systèmes – facturation, gestion des stocks, comptabilité, ressources humaines, etc. – qui lui permettaient de disposer d’informations stockées, classifiées et gérées efficacement. Pendant ce temps, les plus petites entreprises étaient administrées de façon plus artisanale, rendant difficile l’accès à l’information, même de base.
Traditionnellement, les projets BI étaient longs et complexes, nécessitant beaucoup d’argent et de ressources. Pour les mener à bien, une entreprise devait avoir les reins solides. Aussi, les logiciels d’intelligence d’affaires et les infrastructures nécessaires au soutien d’un projet BI étaient particulièrement onéreux, ce qui constituait un obstacle sérieux pour les PME. Dans le cadre d’un tel projet, les petites et moyennes entreprises avaient aussi à composer avec de longs cycles de développement, peu adaptés à la grande réactivité dont elles doivent faire preuve à l’égard des événements du marché.
Même lorsqu’elles surmontaient ces difficultés, les PME devaient encore défrayer les coûts élevés qui sont nécessaires au soutien des applications BI. Elles avaient à dégager et à former les ressources pour le faire. Peu d’entreprises comptant une centaine d’employés ou plus ont les moyens d’affecter à temps plein une personne spécialisée en intelligence d’affaires, ce qui se révèle souvent essentiel.
Jusqu’à une époque relativement récente, la PME était confrontée à l’ensemble de ces difficultés. Les choses ont commencé à changer il y environ cinq ans et, peu à peu, une pénétration de l’intelligence d’affaires s’est faite dans certaines organisations de plus petite taille. Le marché s’est beaucoup transformé, permettant de « démocratiser » le concept et de le rendre plus accessible aux PME.
Changements technologiques
Premièrement, des changements sont survenus sur le plan technologique. Il existe aujourd’hui des outils fondés sur le logiciel libre, que l’on se procure gratuitement et qui offrent des fonctions d’intelligence d’affaires tout à fait adéquates. Non seulement ces outils sont-ils exempts de frais de licence, mais ils permettent aux PME de répondre parfaitement bien aux questions stratégiques qu’elles se posent à propos de leur marché et de leur rentabilité. D’autre part, plusieurs multinationales de premier plan ont commencé à commercialiser des suites BI abordables et mieux adaptées à la PME.
De même, des solutions infonuagiques sont maintenant offertes, créant un paradigme radicalement nouveau. Les PME qui adoptent une telle solution éliminent les barrières à l’entrée qui, traditionnellement, se sont dressées devant elles. Elles n’ont plus de services de soutien ni d’infrastructure à payer, le coût de la solution étant fondé sur le nombre d’utilisateurs. Très évolutives, les solutions infonuagiques permettent à une organisation de commencer par quelques utilisateurs et de faire croître leur nombre jusqu’à des centaines de milliers sans avoir à déployer ni à développer d’autres applications.
Mentionnons aussi la commercialisation de solutions BI verticales, adaptées à des secteurs précis – ressources humaines, gestion des stocks, commerce de détail, etc. En mettant en œuvre pareille solution, une PME peut habituellement combler ses besoins génériques – susceptibles de correspondre à 80 % de ses besoins totaux – de façon facile et rapide. La période d’implantation de ces solutions étant particulièrement courte, l’entreprise libère les ressources et les budgets nécessaires aux 20 % restants, lesquels constituent des besoins très spécifiques à l’organisation.
Changements méthodologiques
Des bouleversements sont survenus sur le plan méthodologique également. Ainsi, le développement agile a été adapté à l’intelligence d’affaires. De nombreuses entreprises, grandes et petites, ont mené avec succès des projets de création d’entrepôts de données en suivant cette méthodologie de pointe. Cette dernière permet d’accélérer la livraison du produit et, par le fait même, de réduire les risques. Cela s’explique par la possibilité de détecter beaucoup plus rapidement les anomalies existant dans l’application – en quelques semaines plutôt qu’en quelques mois. En raccourcissant le délai entre le début du développement et la livraison d’une solution fonctionnelle, la méthode agile fournit l’occasion d’exploiter promptement les avantages inhérents à la nouvelle application.
Par ailleurs, il existe aujourd’hui des outils d’automatisation des entrepôts de données, grâce auxquels le développement s’accélère immensément – à titre d’exemple, le logiciel de conception néo-zélandaise WhereScape RED permet de réduire la durée du développement de 65 % en moyenne. De tels outils permettent non seulement de développer la solution, mais de la documenter et de la mettre en production Comme dans le cas de la méthode agile, le temps de livraison rapide permet à l’entreprise d’en exploiter très tôt les avantages tout en réduisant substantiellement les coûts.
L’ensemble de ces améliorations fait en sorte qu’il est considérablement plus facile aujourd’hui de tirer avantage de l’intelligence d’affaires au sein d’une PME. Il est devenu tout à fait envisageable pour une entreprise de moindre envergure d’analyser efficacement ses données stratégiques sans avoir à payer un coût exorbitant. À ce chapitre, les PME peuvent dorénavant concurrencer les grandes entreprises à armes égales.