La compagnie Eastman Kodak, en plus de 120 ans, n’a jamais cessé d’innover dans le domaine de l’imagerie à des fins commerciales, médicales et personnelles.
La compagnie Eastman Kodak est fondée en 1889 par George Eastman, un entrepreneur qui avait inventé dix années plus tôt des plaques sèches à la gélatine qui étaient plus pratiques à utiliser que les plaques mouillées.
En 1888, sous l’entité commerciale Eastman Dry Plate Company, Eastman avait commercialisé le rouleau de film sur papier. Ce rouleau de film, où le papier sera remplacé rapidement par la cellulose, constituera le principal support en photographie durant plus de cent ans.
Au fil des années, Eastman Kodak perfectionne le rouleau de film pour la photographie en noir et blanc, puis en couleur, et met en marché des appareils photo pour le grand public. L’entreprise offre également des rouleaux de film pour le cinéma commercial muet, puis parlant. Dans les années 30, Eastman Kodak offre ses premières caméras de cinématographie qui permettent au grand public de capter des films amateurs.
Au courant du 20e siècle, Kodak commercialise divers formats de films et d’appareils photo qui offrent une meilleure qualité de l’image et une plus grande facilité d’utilisation. L’entreprise est omniprésente dans les studios de photographie et de cinéma, mais aussi à l’intérieur et à l’extérieur des foyers. Des millions de personnes ont capté des souvenirs à l’aide d’appareils photo de Kodak, pour ensuite les regarder sur du papier imprimé à l’aide d’appareils et de technologies de l’entreprise, ou bien sur un mur blanc par le biais de projecteurs à carrousel.
Au gré de l’émergence de nouvelles technologies, l’entreprise s’investit dans tous les créneaux commerciaux et grand public qui ont trait à la saisie de l’image. Elle met en marché autant des films pour les rayons X à traitement rapide que des photocopieurs pour les entreprises ou des rubans vidéo pour les magnétoscopes.
Son important département de recherche et développement produit également des inventions qui n’ont pas trait à la photographie, comme les billes de polyester thermoplastique qui seront éventuellement utilisées pour la fabrication des bouteilles de boissons gazeuses.
L’émergence du numérique
En 1975, Kodak invente le premier appareil photo numérique, gros comme un grille-pain, qui produit des images en noir et blanc à une résolution de 0,1 mégapixel. À partir de ce moment, l’entreprise intégre des fonctions d’informatique à ses produits commerciaux, médicaux et grand public, en plus de perfectionner les senseurs d’image. Notamment Kodak met en marché le premier CD inscriptible et un graveur qui sert à l’inscription des données.
Au fil des années, Kodak développe et commercialise diverses technologies qui ont trait directement ou indirectement à l’imagerie numérique en collaboration avec d’autres compagnies, comme une imprimante de photos pour le domicile ou bien un premier modèle commercial de dispositif d’affichage à diode électroluminescente organique (OLED).
En parallèle, l’entreprise intensifie sa présence dans le marché de l’impression sur papier de photos numériques avec l’établissement de stations d’impression dans des commerces à grande surface. À la fin des années 2000, Kodak s’investit dans de nouveaux créneaux tels que les caméscopes numériques de poche et les cadres numériques.
Le boulet de l’argentique
Toutefois, bien que l’entreprise poursuive l’amélioration des technologies numériques de capture d’image au cours des années 2000, Kodak n’arrive plus à maintenir sa position de meneur dans le marché face aux compétiteurs qui proviennent de l’Asie. Également, le fonds de commerce « analogique » entraînera des pertes importantes.
En conséquence, en 2004 Kodak cesse de commercialiser des appareils photos traditionnels – sauf les appareils jetables – aux États-Unis, au Canada et en Europe de l’Ouest. À la fin des années 2000 elle retire du marché des produits de photographie argentique qui ont fait sa renommée, comme le film couleur Kodachrome qui a été commercialisé durant 74 ans. Toutefois, l’entreprise continue d’innover dans le film traditionnel qui est destiné au cinéma commercial.
Au fil des années, Kodak a obtenu des milliers de brevets que l’entreprise, au bord de la faillite, tente maintenant de monétiser autant par des poursuites en contrefaçon qui sont intentées contre des concurrents que par la vente des droits au plus offrant.
Lire :Kodak au bout du rouleau
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.