DOSSIER Les données transitant dans le cyberespace connaîtront une croissance sidérale de 800 % au cours des cinq prochaines années, prédit Gartner.
« Comme ce sont les données qui donnent de la valeur à une entreprise, les conditions sont en place pour que l’informatique décisionnelle connaisse un essor fabuleux », fait observer Stéphane Ricoul, directeur des relations clientèle, Affaires électroniques, Sid Lee Technologies.
À cet égard, le vice-président, Intelligence d’affaires de Monster Worldwide, Jean-Paul Isson, mentionne que, dans les années à venir, 80 % de l’information Web ne sera pas structurée. « Les entreprises devront obligatoirement en tenir compte », dit-il.
« L’avenir du BI est lié au Web, transactionnel ou non, ajoute Stéphane Ricoul. En ce sens, il est étroitement associé à la mobilité et aux réseaux sociaux. » Par contre, les dirigeants doivent être conscients que les données générées dans le cadre de la mobilité sont très complexes à mesurer, car elles appartiennent aux Rogers et aux Bell de ce monde. « Pour contourner l’obstacle, les entreprises créent leurs propres applications mobiles, mais ne disposent tout de même pas de la totalité des données », précise-t-il.
« La mobilité n’est rien de plus qu’un autre canal pour diffuser l’information. Elle peut sans doute agir comme catalyseur, mais ne change pas les fondements du BI. Le problème avec les grandes tendances (ou les concepts à la mode) est qu’elles sont souvent vendues comme une fin en soi », tempère Alain Bond, président de TDWI Montréal et directeur principal de l’intelligence d’affaires et de la gestion de l’information à la Banque Nationale.
Or, sans une base adéquate et sans données de qualité, on ne peut faire de miracle, dit à ce propos Élise Lacoste vice-présidente de TDWI Montréal et directrice principale des services-conseils en management chez KPMG. « Peu importe les tendances ou les concepts, une qualité médiocre à l’entrée entraînera toujours des résultats médiocres », rappelle-t-elle. Pour Mme Lacoste, il est donc essentiel d’édifier une base informationnelle solide en se concentrant sur la gouvernance et la qualité des données. Voilà l’unique façon pour les organisations de mettre en place une veille décisionnelle robuste intégrant l’analyse prédictive au besoin.
Nécessaire agilité
Jusqu’ici, l’informatique décisionnelle a été l’apanage des services TI, qui se chargeaient de réunir, d’intégrer et de distribuer les données historiques. Elle tend maintenant à faire partie des processus d’affaires quotidiens. Dans cette veine, l’informatique décisionnelle de prochaine génération se caractérisera par un développement et un cycle de vie agiles nécessitant des informations en temps réel ou opportun afin de résoudre des questions de plus en plus complexes.
« Il faut aujourd’hui faire du BI en mode agile. Sinon, les efforts sont voués à l’échec », croit Alain Bond.
Ainsi, les utilisateurs de la veille stratégique accomplissent des tâches qui, autrefois, relevaient des développeurs. L’utilisation d’outils mobiles ou infonuagiques les encouragent à se servir plus assidûment des tableaux de bord contenant leurs indicateurs clés de performance.
* * *
L’informatique décisionnelle au profit de l’offre d’emploi
Certaines organisations se sont résolument tournées vers l’informatique décisionnelle. C’est le cas du spécialiste de l’offre d’emploi Monster, qui donne à ses clients la possibilité de réaliser des recherches fondées sur divers critères, dont la formation, l’expérience et le lieu de travail des candidats.
Monster est en mesure également de compiler des statistiques sur la consultation des offres d’emploi et d’établir des moyennes, des comparaisons et des recommandations. Ayant entamé seul ce programme en 2005, le vice-président, Intelligence d’affaires de Monster Worldwide, Jean-Paul Isson, dirige depuis Montréal une équipe de douze spécialistes de la veille décisionnelle, répartis dans chacune des phases d’extraction, d’analyse et de livraison des données.