TechnoCompétences, le comité sectoriel de main-d’oeuvre en technologies de l’information et des communications, vient de rendre public un rapport sur l’emploi dans l’industrie du jeu électronique au Québec en 2008.
Selon ce rapport, la croissance globale de l’industrie des jeux électroniques, incluant les entreprises de logiciels et de services de support, devrait être de 25 % d’ici la fin de 2008. C’est un peu moins qu’en 2007 alors que les entreprises de développement et de test ont connu une croissance de plus de 40 %. Avec 1484 embauches prévues en 2008, le jeu électronique se révèle le segment connaissant la plus haute croissance de l’industrie des TI puisqu’elle devrait fournir de l’emploi à pas moins de 7 529 personnes d’ici la fin de cette année. À titre de comparaison, Jean-François Dumais, directeur de projets, ressources humaines chez TechnoCompétences, souligne que l’ensemble du secteur des TI (140 000 emplois au Québec), connaît une croissance de l’emploi de l’ordre de 3 à 3,5 %.
Au cours des dernières semaines, TechnoCompétences, qui analyse ce secteur industriel depuis 2002, a sondé 73 entreprises (58 développeurs de jeux, 4 firmes spécialisées dans le test et l’assurance qualité et 11 entreprises de logiciels et de services de support) afin de dresser un état des lieux et mieux arrimer la masse de finissants des écoles spécialisées, collèges et universités avec les besoins réels et à venir de l’industrie. « Les données ont été recueillies par le biais d’un sondage maison et d’entrevues téléphoniques auprès des entreprises, commente Jean-François Dumais, l’un des auteurs du rapport. Elle cible les entreprises qui développent des jeux destinés aux consommateurs. » Le secteur du développement de logiciels ludo-éducatif, parfois intégré au jeu électronique, n’a pas été pris en compte.
Selon le rapport, « c’est le secteur des tests qui devrait connaître la plus grande croissance, avec une prévision de 408 nouveaux emplois en 2008, pour un taux de croissance de 83 %. » Du côté des entreprises de développement de jeux, TechnoCompétences estime que 1 011 nouveaux emplois devraient être créés en 2008, ce qui équivaut à une croissance de 22 %. Enfin, les entreprises de logiciels et de services de support prévoient embaucher un total de 65 personnes, ce qui correspond à un taux de croissance de 7 %.
Surtout à Montréal et Québec
La majorité (81 %) des emplois sont comblés à Montréal. La Capitale nationale s’avère un autre pôle important avec 13 % des emplois. La croissance des embauches prévues d’ici la fin de 2008 y est supérieure à Montréal (42 % contre 25 %). Seulement 6 % des emplois sont localisés hors de ces deux grands centres. Il est aussi important de souligner qu’Ubisoft et ses sociétés affiliées pèsent lourd dans la balance, puisqu’elles fournissent au total pratiquement le tiers de tous les emplois recensés. Selon les prévisions, les entreprises de Montréal, comptant présentement un total de 4 164 employés, devraient embaucher 1 058 nouvelles recrues au cours de l’année, ce qui totaliserait 5 222 emplois.
Les prévisions économiques mondiales pour ce secteur sont à la hauteur de 9 % par an. L’industrie, qui générait 31,6 milliards $ en 2006, produirait 48,9 milliards en 2011. Selon l’étude Global Entertainment and Media Outlook de PricewaterhouseCoopers, l’industrie mondiale du jeu devrait connaître un taux de croissance composé de 9,1 % d’ici 2011. « Quand on observe le développement des jeux, on se rend compte que pour un titre sur la Playstation, on avait une équipe de 10-12 développeurs et un budget aux alentours de 900 000 $, illustre Jean-François Dumais. Avec la génération suivante de consoles, on est passé à 15-24 développeurs et à un budget de trois millions de dollars en moyenne. Maintenant, on parle d’équipes qui dépassent la centaine de personnes et des budgets qui peuvent avoisiner les 20 millions $. »
Les atouts du Québec
Le Québec compte de nombreux atouts à faire valoir sur la scène internationale pour rester dans la course, comme l’a fait valoir Jean-François Dumais, plus tôt cette année lors d’une conférence qu’il a donnée aux Rendez-vous du cinéma québécois. « La province est un haut lieu de création tout en possédant de nombreux centres de formation de qualité, dit-il. Plus encore, le noyau de compétences créé par les entreprises de haute technologie qui précédaient la venue de l’industrie des jeux vidéo, installé depuis la fin des années 1990, a permis un amarrage facile de cette dernière à l’économie québécoise. Et nous avons les coûts de production les plus bas en Amérique du Nord. »
Le recrutement de personnel qualifié et adéquatement formé s’avère l’un des principaux défis de cette industrie. Grâce à l’intervention d’organismes sectoriels tels que TechnoCompétences, l’offre de formation s’est nettement améliorée au cours des dernières années. Plusieurs initiatives, telles que le Campus Ubisoft, démontrent que les entreprises de l’industrie du jeu interviennent en amont afin de stimuler la relève et donner le goût de faire carrière en jeu…
Dans la même veine, Ubisoft, en collaboration avec l’organisme jeunesse d’intégration socioprofessionnelle CyberCap, tient cet été un camp de jour destiné aux jeunes québécois désirant découvrir l’univers des créateurs de jeu vidéo. Le camp permettra à une vingtaine de jeunes du Québec, âgés de 15 à 18 ans, de vivre en temps réel les différentes étapes de production d’un jeu vidéo en appréhendant les techniques et outils utilisés par les concepteurs, animateurs, modeleurs et créateurs d’Ubisoft.
TechnoCompétences mène pour sa part depuis 2006 une campagne d’information (MaCarrière en jeux.com) auprès des jeunes du secondaire, ce qui vient souligner à quel point la sensibilisation précoce au domaine est importante.