L’Indice du commerce électronique au Québec de novembre 2007 laisse présager que la croissance des achats en ligne et la parité du dollar auront contribué à la parité des prix de détail.
Le centre de liaison CEFRIO, l’agence Internet VDL2 et la firme de sondages SOM ont diffusé les grandes lignes de l’Indice de commerce électronique au Québec pour le mois de novembre 2007.
Selon cet indice, établi à l’aide d’un sondage téléphonique réalisé auprès de 1 000 adultes, 16 % des adultes québécois auraient acheté en ligne des produits et des services d’une valeur de 401 millions $. La somme totale des dépenses en ligne serait supérieure de 18 % aux 320 millions $ dépensés en octobre 2007, et supérieure de 50 % à la moyenne des achats en ligne qui ont été effectués entre juin et octobre 2007.
Le montant moyen des achats en ligne aurait été de 411 $ en novembre 2007, contre 322 $ en octobre 2007. Toutefois, le nombre d’acheteurs sur Internet serait resté stable.
Par ailleurs, 2,7 % des Québécois auraient acheté pour 1 000 $ ou plus sur Internet en novembre 2007, soit 0,5 % de plus qu’en octobre 2007.
Près du quart des adultes qui ont un revenu familial annuel qui se situe entre 55 000 $ et 75 000 $ auraient fait des achats en ligne en novembre 2007, tout comme 31 % des adultes qui ont un revenu familial de 75 000 $ et plus par année.
Philippe Le Roux, président de la firme VDL2, indique qu’il est difficile d’établir des comparaisons directes avec les pratiques en commerce électronique des Québécois du passé, alors que l’Indice a été publié pour la première fois en mai 2007. Toutefois, une comparaison indirecte laisse entrevoir des particularités du commerce en ligne.
« On avance un peu à l’aveuglette. Tant qu’on n’aura pas une année complète d’information, on manquera de points de référence. Les seules données que nous avons sont celles qui ont été publiées il y a quelques années par Statistique Canada, et qui étaient annuelles et non mensuelles.
« Nous avons regardé le comportement des ménages au niveau des dépenses de ménage, où historiquement il y a une très faible variation entre les mois d’octobre et novembre. Selon les données de Statistique Canada publiées [mercredi], en novembre les Canadiens ont dépensé 0,7 % de plus qu’au mois d’octobre. Par contre, sur Internet, la croissance de 18 % est une croissance majeure par rapport à la moyenne. On constate donc un phénomène particulier sur Internet qu’on ne retrouve pas sur les autres plates-formes de consommation en novembre. »
Néanmoins, l’analyse du contexte relatif au commerce électronique met en exergue la parité du dollar canadien avec le dollar américain, un événement qui pourrait avoir des conséquences directes sur les achats en ligne des Québécois, mais aussi sur le commerce de détail en général.
Conséquences paritaires
« Le dollar canadien est arrivé à la parité avec le dollar américain au début d’octobre, et c’est au mois de novembre qu’il y a eu le phénomène de constatation de la différence des prix de chaque côté de la frontière. La parité du dollar et le non-ajustement des écarts de prix ont fait qu’il y avait des différences de prix de 20 % à 30 % qui étaient constatées sur beaucoup de produits.
« Il y a eu une grande attention médiatique sur ce phénomène, et la combinaison de ces deux éléments a fait que des Québécois qui avaient l’habitude de faire des achats sur Internet auraient fait plus d’achats qu’à l’habitude pour profiter de ces avantages. »
Rééquilibre
Se pourrait-il que le mois de novembre 2007 ait marqué l’histoire des pratiques commerciales du marché du détail au Québec et au Canada? M. Le Roux croit que l’Internet a changé la donne à l’avantage des clients.
« Pour les consommateurs, il y a eu deux grands événements qui sont venus améliorer leurs conditions au cours des cinquante dernières années. Le premier est l’Office de protection du consommateur et la Loi de protection du consommateur [au début des années 70], et l’autre est l’apparition de l’Internet », déclare-t-il.
« La première partie n’est pas obsolète ni plus impertinente, loin de là, mais Internet vient de donner un pouvoir énorme au consommateur. Dans le cas de la parité, Internet permet de comparer les prix et d’acheter à l’échelle internationale et vient casser un pouvoir de contrôle du fournisseur et du commerçant sur le consommateur, qui était “pogné” à acheter localement même si les conditions n’étaient pas intéressantes. »
« On le voit dans diverses industries, et non seulement dans le commerce de détail, ajoute-t-il. Dans l’industrie de la musique, on s’aperçoit que depuis des années les consommateurs payaient une fortune pour avoir des disques et que la plus grande partie de l’argent ne servait pas aux artistes, mais à une chaîne de production. L’impact d’Internet a été de remettre en cause cette industrie “parasitaire” pour arriver à un modèle d’affaires où les consommateurs paieront moins cher et les artistes recevront plus d’argent. »
« Internet est en train de bouleverser les méthodes de consommation et de rééquilibrer le rapport de force entre les consommateurs et les entreprises. »
Décembre revient
M. Le Roux dit attendre avec impatience les données de l’Indice du commerce électronique pour le mois de décembre, qui est la période où historiquement il y a le plus d’achats sur Internet à l’échelle planétaire. Cette tendance pourrait également s’appliquer au Québec
« On s’attend peut-être à avoir une augmentation à la fois du montant d’achat et du nombre d’acheteurs », indique-t-il.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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