L’industrie des TI prend conscience des conséquences néfastes qu’elle entraîne sur l’environnement. En réduisant les risques qu’elle fait peser en ce sens sur la planète, elle sera mieux à même de déployer son énorme potentiel en matière de protection environnementale et de développement durable.
L’industrie des TI existe depuis près de cinquante ans et, jusqu’à tout récemment, elle n’a pas fait grand cas de l’impact qu’elle exerce sur l’environnement. Les données indiquent qu’en cette matière, les TI présentent un bilan semblable à celui de l’industrie du transport, l’une de celles qui, au tribunal environnemental, se retrouvent le plus souvent au banc des accusés. Selon l’organisme européen ACIDD (Association communication et information pour le développement durable), l’utilisation actuelle des TI contribue directement à l’accroissement des déplacements, ainsi que de la production de papier et de carbone.
Lourd impact
À cet égard, l’avenir n’est pas rose. La multiplication des internautes, dont le nombre double aux deux ans, et la création incessante de nouvelles données sur la Toile – 400 Go par seconde – font entrevoir une faramineuse augmentation des coûts énergétiques.
Et ce n’est pas tout; de 300 à 400 millions d’ordinateurs personnels sont produits annuellement dans le monde. Or, pour fabriquer 24 kg de PC, il faut 1,8 tonne de matériaux bruts. Chaque ordinateur peut contenir plus de 1000 matériaux, au même titre que les téléphones portables. Les déchets qu’ils génèrent proviennent aussi de l’emballage, et leur volume est à la hausse. L’une des raisons expliquant cette augmentation est la durée de vie moyenne d’une machine, qui tend à se raccourcir de trois à deux ans, en raison du passage à Windows Vista notamment.
Et puisqu’il est question de développement durable, on doit aussi relever les problèmes de santé résultant de l’utilisation de l’ordinateur : obésité provoquée par l’immobilisme, maux de dos, réduction de l’acuité visuelle… Il s’agit certainement d’une cause non négligeable de certains coûts sociaux.
Poussée des préoccupations environnementales
Heureusement, l’apathie de l’industrie vis-à-vis de ces questions est vigoureusement secouée depuis peu. De nombreux exemples en témoignent. Par exemple, l’association sectorielle des TI du Royaume-Uni – appelée Intellect – presse l’industrie de réduire radicalement ses émissions de CO2 d’ici à 2020. Sans quoi, rappelle cette association, les températures moyennes risquent d’augmenter rapidement de plusieurs degrés, avec les conséquences désastreuses que cela implique.
Aux États-Unis, le gouvernement s’apprête à obliger les agences fédérales à acheter des ordinateurs et des écrans moins énergivores. Le gouvernement américain possède 6,7 millions d’ordinateurs de table et de blocs-notes, achetant quelque 2,2 millions de nouveaux systèmes annuellement.
Le plus grand salon des TI de la planète, le CeBIT, qui a lieu à Hanovre ces jours-ci, fait une place spéciale cette année aux défis environnementaux qui se posent à l’industrie.
En Asie, un sondage révèle que les investissements en matière de « technologies propres » seront prioritaires au cours des deux prochaines années, devant des secteurs tels les biotechnologies, les produits pharmaceutiques, les services Internet et l’informatique mobile.
Des initiatives environnementales ont vu le jour au Québec également, chez Bureau en gros au Mouvement Desjardins et à la Société de l’assurance automobile du Québec notamment.
Bref, on comprend pourquoi la firme d’analyse Gartner a inclus les « TI vertes » parmi les dix principales tendances qu’elle voit se dessiner dans l’industrie en 2008.
Fort potentiel des TI en développement durable
Suivant le courant qui s’installe résolument au sein du secteur, plusieurs entreprises investissent dans des technologies comme la virtualisation, la vidéoconférence et le commerce électronique afin de contribuer au renouveau écologique.
Cependant, la prochaine vague d’outils technologiques qui fera son entrée dans le marché promet bien davantage : capteurs à distance, capables d’exploiter les ondes infrarouges et pouvant détecter les fuites d’énergie au sein d’une infrastructure; compteurs intelligents qui, mis en réseau, aident à réduire la consommation d’électricité; applications de gestion du transport atténuant les congestions dans les villes; technologies de construction et de gestion immobilière permettant de regrouper la consommation d’énergie de plusieurs immeubles afin de réaliser des économies…
Sachant que le transport et le bâtiment contribuent à la pollution de l’atmosphère à raison de plus de 50 %, on est à même de mesurer toute l’importance de telles technologies pour la cause environnementale.
On peut le voir, les TI facilitent l’avènement de modèles de société plus durables. L’ACIDD rappelle qu’elles permettent de nouvelles conceptions d’urbanisme et de mobilité, et offrent des solutions aux défis que nous avons à surmonter. Elles relient les régions les plus éloignées au reste du monde. En ce sens, Internet appuie le développement durable, grâce à sa capacité à procurer des solutions locales à des problèmes mondiaux. Le meilleur exemple de cela est sans doute celui du Web 2.0 qui, en prêtant une voix à la multitude, accentue le caractère démocratique de nos sociétés.
« Les TIC peuvent accompagner le développement tout en contribuant à limiter ses impacts sur l’environnement, à la condition que des bilans globaux soient réalisés et que l’écoconception des TIC progresse », estime l’ACIDD.
De ce point de vue, les gestionnaires des TI ont un rôle prépondérant à jouer. En insistant auprès des fournisseurs pour qu’ils améliorent le caractère écologique de leurs produits, ils peuvent contribuer de façon importante à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’impact environnemental des technologies.
Le potentiel des TI en matière de développement durable peut ainsi devenir très rentable. Comme le souligne fort justement un économiste du Royaume-Uni, les arguments économiques représentent la force qui provoque le changement dans la société.
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