Auparavant le domaine des professionnels du travail de bureau et du milieu de la technologie, l’utilisation d’Internet est maintenant tellement répandue au Canada et dans certaines régions du monde que les internautes deviennent de plus en plus un échantillon de représentatif de la population dans l’ensemble.
Cependant, les études sur la « fracture numérique » nous rappellent que des écarts importants au niveau de l’accès à Internet et aux autres technologies de l’information et des communications (TIC) continuent d’être constatés chez certains groupes, souvent délimités par un certain nombre de caractéristiques, y compris le revenu, l’âge, le sexe, le plus haut niveau de scolarité, l’emplacement et même le type de famille. Il est évident que de tels écarts sont importants, puisqu’ils pourraient avoir des répercussions sociales et économiques.
Le présent article utilise les données tirées du module de la TIC de l’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes de 2003 de Statistique Canada afin de mettre l’accent sur ce qui est habituellement reconnu comme un des facteurs les plus grandement liés aux habitudes d’utilisation de l’ordinateur et d’Internet au Canada et ailleurs, c’est-à-dire l’âge. Bien que l’âge ait souvent un lien avec la probabilité qu’une personne ait accès à un ordinateur et à Internet, l’âge a aussi un lien étroit avec le comportement et la participation aux activités en ligne, tout comme avec les activités dans la vie en général.
L’intensité de l’utilisation de la TIC et l’âge
Bien que l’intensité de l’utilisation de la TIC soit souvent plus élevée chez les jeunes, on constate qu’il y a très peu de différence entre les jeunes et les adultes d’âge mûr au Canada sur le plan de l’accès à un ordinateur domestique et à Internet. En 2003, les jeunes Canadiens âgés de 16 à 25 ans étaient seulement légèrement en avant des adultes d’âge mûr pour ce qui est de l’accès à un ordinateur et à Internet à domicile.
Les personnes vers la fin de la trentaine ou dans la quarantaine n’utilisent pas toujours de façon intensive la TIC; cependant, ils sont souvent au sommet de leur carrière, et un revenu plus élevé et la présence d’enfants encouragent souvent l’achat d’un ordinateur et de l’accès à Internet. Toutefois, c’est loin d’être le cas pour les personnes à la fin de la cinquantaine et plus, qui peuvent approcher de la retraite et sont moins susceptibles d’avoir des enfants encore à la maison. La pénétration des ordinateurs et d’Internet à domicile chez ces personnes plus âgées était considérablement moins élevée en 2003.
Heures moyennes passées devant l’ordinateur
Près de la moitié (43,3 %) des jeunes Canadiens âgés de 16 à 25 ans utilisaient l’ordinateur à domicile pendant une heure ou plus par jour en moyenne, tandis que près d’un cinquième (18,1 %) de ces jeunes utilisaient leur ordinateur personnel (OP) pendant deux heures ou plus. Étant donné le temps passé devant l’ordinateur à l’école, au travail ou à d’autres endroits (pas mesuré ici), le temps total passé devant l’ordinateur pour une journée typique est susceptible d’être beaucoup plus élevé.
Les personnes à la fin de la trentaine et plus étaient plus susceptibles d’être des utilisateurs occasionnels, près de la moitié passant moins de 10 heures par mois (moins de 20 minutes par jour en moyenne) devant l’ordinateur à domicile en 2003. Il y a beaucoup moins de jeunes Canadiens âgés de 16 à 25 ans (27,3 %) qui pourraient être décrits comme étant des utilisateurs occasionnels.
Même si la tendance veut que l’utilisation de l’ordinateur diminue avec l’âge, on a constaté une exception notable : la proportion d’utilisateurs plus âgés (personnes âgées de 56 à 65 ans) qui utilisaient l’ordinateur à domicile pendant une heure ou plus par jour en moyenne n’était pas moins élevée que celle des personnes d’âge mûr. Une des explications possibles est que le groupe le plus âgé inclut un plus grand nombre de personnes à la retraite, certaines d’entre elles ayant plus de temps à leur disposition pour utiliser un ordinateur à domicile, comparativement aux personnes ayant un travail régulier. De plus, les personnes qui utilisent déjà beaucoup l’ordinateur au travail peuvent être moins enclines à passer de longues heures devant un OP à la maison.
Raisons de l’utilisation d’Internet
Les données révèlent la mesure dans laquelle « naviguer sur Internet » est une expérience distincte pour les Canadiens plus jeunes et plus âgés. Les jeunes utilisateurs âgés de 16 à 25 ans étaient les plus différents par rapport aux surfeurs plus âgés pour ce qui est de leur penchant pour le téléchargement de musique (73,5 % des utilisateurs), pour les jeux (34,4 %) et pour la participation à des séances de cyberbavardage ou à des discussions en ligne (50,7 %) au cours d’un mois habituel. Les compagnies de disque ont parfois fait des distinctions entre les adolescents et les jeunes adultes dans leur campagne contre le téléchargement non autorisé de mp3. La proportion des surfeurs âgés de 16 à 25 ans qui téléchargeaient de la musique au Canada en 2003 était presque le double de la proportion de ceux à la fin de la vingtaine ou dans la trentaine, et presque six fois la proportion du groupe le plus âgé, mais les données ne révèlent pas la mesure dans laquelle de tels téléchargements étaient autorisés.
Les programmes de messagerie instantanée que l’on retrouve sur Internet sont particulièrement populaires chez les jeunes, le reflet d’une génération qui souhaite de plus en plus être en mesure de « joindre qui elle veut » et d’« être jointe » en tout temps. Comme c’est le cas avec les téléphones cellulaires, le courrier électronique, les groupes de discussion et autres, à titre de société, il semble que nous communiquions beaucoup plus et avec beaucoup plus de personnes que dans le passé.
Même si les jeunes internautes sont souvent perçus comme utilisant Internet pour le loisir, ils sont les leaders dans d’autres types d’activités importantes sur Internet. Près de la moitié (44,1 %) des utilisateurs les plus jeunes ont utilisé Internet au cours d’un mois habituel pour connaître les possibilités d’emploi. Cela s’explique en partie par les taux de chômage qui sont plus élevés chez les jeunes personnes actives. Ce qui est toutefois intéressant, c’est que près de la moitié (43,6 %) des jeunes Canadiens qui avaient déjà un emploi ont consulté d’autres occasions d’emploi en ligne au cours d’un mois habituel. Fait qui n’est pas surprenant, les jeunes adultes étaient également les principales personnes à utiliser Internet pour faire des études ou suivre une formation officielle.
En 2003, les adultes plus âgés ont tiré profit d’autres types de services offerts sur Internet. Même si très peu (28,5 %) des plus jeunes surfeurs utilisaient les services bancaires en ligne, ce pourcentage a grimpé à plus de la moitié (51,2 %) des internautes appartenant au groupe des 26 à 35 ans. Ce qui est encore plus important, c’est que les surfeurs plus âgés se sont distingués par leur volonté de rechercher certains types de renseignements sur le Web. Il s’agissait notamment de renseignements sur le gouvernement et la santé, deux domaines auxquels les gouvernements à tous les paliers au Canada ont tenté d’améliorer l’accessibilité dans le cadre de diverses initiatives. Les internautes canadiens de divers âges différaient très peu pour ce qui est d’utiliser le courrier électronique et de lire les nouvelles et sur les événements actuels, activités qui étaient toutes les deux populaires. Ces activités semblent essentielles pour une majorité d’internautes.
Mot de la fin
Même si les données actuelles donnent un instantané de certaines des activités les plus courantes sur Internet, d’autres études sont nécessaires afin de mieux comprendre à quelles fins on utilise Internet et la mesure dans laquelle les activités en ligne ont des répercussions sur d’autres activités. Les recherches ont déjà souligné les liens entre l’utilisation d’Internet et le temps passé devant la télévision, la lecture, le sommeil et l’interaction sociale par d’autres moyens.
Par exemple, une étude canadienne (Dryburgh 2001) a révélé que plus d’un quart des internautes passaient moins de temps devant la télévision après avoir commencé à utiliser Internet. Il est arrivé à l’occasion que des internautes ont perturbé leurs activités de lecture (15 % des internautes), leur sommeil (11 %), leurs activités de loisirs à domicile (11 %), leurs corvées domestiques (10 %) et leur magasinage (8 %). Un nombre moins important d’internautes ont passé moins de temps à parler avec leur famille et à la visiter (7 %), mais certains ont également indiqué que leurs communications avec les amis (5 %) et la famille (3 %) ont augmenté à la suite de leur utilisation d’Internet.
Bien qu’Internet ait touché le monde sous plusieurs aspects, de plus amples recherches sur son rôle dans le partage et la gestion du savoir sont également nécessaires. En particulier, les recherches qui ne font pas que déterminer l’incidence de diverses activités sur Internet mais qui commencent à établir les forces et les faiblesses d’Internet à titre d’outil de partage du savoir, de même que les facteurs qui pourraient encourager, décourager ou même empêcher l’échange de connaissances entre différents groupes de personnes, les entreprises, les gouvernements et les établissements d’enseignement sont importantes. Ce que les personnes font de ces connaissances est également important si l’on veut être en mesure de mieux comprendre les répercussions de l’utilisation d’Internet dans la société d’aujourd’hui et son potentiel dans l’avenir.
Certains des renseignements contenus dans cet article sont d’abord parus dans un document diffusé dans la Série sur la connectivité de Statistique Canada, le 5 décembre 2005 (Veenhof, Clermont et Sciadas, 2005).
Produit par Ben Veenhof, DSIIE, Statistique Canada.
Références Dryburgh, Heather (2001). Les temps changent : pourquoi et comment les Canadiens utilisent Internet, Statistique Canada No. 56F0006XIF au catalogue, 26 mars. Veenhof, Ben, Yvan Clermont et George Sciadas (2005). Littératie et technologies numériques : liens et résultats, Série sur la connectivité, Statistique Canada No. 56F0004MIF au catalogue, No. 12, 5 décembre 2005. Tiré du Bulletin de l’analyse en innovation – vol. 8, no 1 (février 2006)