Annoncée depuis un bout de temps déjà, l’utilisation de la technologie GPS sur dispositifs mobiles tarde à se répandre de façon massive. À cet effet, le marché des entreprises pourrait représenter un catalyseur.
La firme d’analyse In-Stat estimait l’année dernière que le marché mondial des puces destinées aux systèmes de positionnement global (GPS) passerait de 180 millions à 720 millions d’unités d’ici 2011. Selon la firme, ce formidable essor proviendra de l’intégration des puces GPS à des appareils mobiles tels que les téléphones cellulaires, les ordinateurs portatifs, les assistants numériques et les caméras numériques.
Il existe des récepteurs GPS pouvant fonctionner avec des appareils mobiles, mais In-Stat croit que l’intégration de la technologie aux dispositifs même stimulera leur adoption. En fait, les deux segments de marché les plus prometteurs de ce point de vue sont ceux des téléphones cellulaires et des systèmes GPS autonomes (portable navigation device, ou PND). Ces derniers ont connu une croissance de 333 % en 2007 par rapport à l’année précédente. En revanche, la pénétration de ce type d’appareil dans le marché n’est que de 6 %.
D’ailleurs, plusieurs s’interrogent sur l’avenir de ce que l’on pourrait appeler la géolocalisation mobile – bien que la notion de mobilité soit inhérente au concept de positionnement géographique. Car la Federal Communications Commission (FCC) a beau forcer les fabricants à intégrer la technologie GPS à leurs téléphones cellulaires – dans le cadre de l’amélioration des services 911 – il n’est pas dit que les utilisateurs s’en serviront pour autant.
Lors d’une conférence ce printemps sur les technologies sans fil, un sondage a été mené auprès des participants afin de savoir quelle fonction devrait, selon eux, être intégrée en priorité aux téléphones mobiles. Seulement 4 % des répondants ont opté pour la géolocalisation, alors qu’un raz-de-marée de 80 % a déferlé en faveur d’un navigateur Web complet.
L’utilisation de la technologie GPS par les automobilistes et les randonneurs pédestres représente déjà un marché lucratif. Par contre, le fait que cette technologie soit offerte sur un téléphone intelligent ne garantit pas son utilisation. Une fois passé l’effet de nouveauté, on peut penser que la fonction n’aura plus une très grande valeur aux yeux de l’utilisateur si elle ne lui offre pas d’avantages concrets.
Autre facteur qui pourrait freiner l’explosion annoncée du marché, les prévisions sont plus pessimistes que jamais relativement aux intentions d’achat des consommateurs. Selon la firme ChangeWave, vouée à l’étude des technologies émergentes, les perspectives d’achat d’appareils électroniques sont particulièrement ternes.
Toutefois, la force du nombre joue en faveur de la géolocalisation mobile. Car même si les prévisions de croissance du marché ne se concrétisaient qu’à 50 %, les dispositifs mobiles dotés d’un système de géolocalisation seront encore trop nombreux pour qu’on ignore le potentiel mercantile de cette technologie.
Pour cette raison, nombre d’observateurs entrevoient la montée à court terme de la géolocalisation à des fins publicitaires et sociales. La prochaine décennie devrait être marquée par la publicité géodépendante (location-based advertising, ou LBA), digne successeur de la pub contextuelle, prédit-on.
Potentiel des entreprises
Si l’on s’attarde surtout aux consommateurs lorsqu’il est question des facteurs de croissance de ce marché, il ne faudrait pas oublier le monde du travail pour autant. Alors qu’il demeure incertain si Monsieur et Madame Tout-le-Monde jugeront pertinente la possibilité de localiser leurs amis ou des objets à tout moment, les entreprises pourraient bien voir les choses d’un autre oeil.
Dans ses prédictions sur l’industrie des télécommunications au Royaume-Uni pour 2008, la firme Deloitte souligne que les véritables occasions d’affaires dans le secteur de la technologie GPS mobile se trouvent probablement dans les entreprises. Pour ces dernières, croit-on, le positionnement géographique est davantage qu’un luxe ou un subterfuge commercial.
Aussi la technologie GPS est-elle enracinée dans les milieux de travail depuis quelques années déjà. Le monde des affaires y fait appel à des fins diverses, se servant de plus en plus d’Internet pour offrir des services de localisation aux clients. En outre, le principe de triangulation commence à se répandre dans le marché, offrant encore plus de possibilités aux entreprises. Google l’utilise dans son logiciel Google Maps Mobile et, depuis peu, il est possible également d’intégrer le concept à des téléphones intelligents.
Contrairement à la technologie GPS, la triangulation ne repose pas sur les communications par satellites. Pour déterminer une position, elle se sert plutôt des réseaux Wi-Fi environnants. En zone urbaine, cela peut donner de meilleurs résultats, corrigeant ainsi une lacune fréquemment soulevée relativement à la technologie GPS. D’ailleurs, la combinaison des deux donne lieu à des applications très utiles.
Voilà sans doute où réside le plus vaste potentiel de la géolocalisation mobile. En attendant de savoir si les consommateurs adopteront massivement ce modèle, on peut déjà anticiper qu’il attirera les entreprises. Du moins, si l’on se fie à l’utilisation qu’elles font déjà de la technologie GPS.
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