De plus en plus d’entreprises choisissent de mettre en place des solutions TI facilitant une saine gestion de leur consommation d’énergie. Efficaces aujourd’hui, ces solutions représentent aussi un investissement judicieux pour l’avenir.
Des pressions de plus en plus fortes s’exercent sur les entreprises du monde entier afin qu’elles dévoilent et diminuent l’empreinte carbone que génèrent leurs activités sur l’environnement. Dans certaines régions, en Europe notamment, des règles plus strictes sont imposées en ce sens. En Amérique du Nord, les législateurs n’ont pas poussé les choses aussi loin, mais les sociétés proactives ou visionnaires prennent tout de même, de leur propre chef, des mesures visant à réduire leur empreinte environnementale.
Ces entreprises sont motivées d’abord et avant tout par ce qui, en quelque sorte, constitue le fondement du développement durable : faire plus avec moins. En prêtant une valeur écologique à leurs opérations et en assurant leur durabilité, elles sont en mesure d’assainir leur gestion et de réaliser des économies à court et à moyen termes. En d’autres mots, les démarches environnementales ne sont pas incompatibles avec la mission commerciale des entreprises.
L’apport des systèmes d’acquisition de données
Pour être efficace, le contrôle de l’empreinte carbone nécessite certains efforts, cela va de soi. Entre autres, il est grandement utile d’obtenir une idée précise des activités génératrices en cause et de leur signature temporelle. Ces informations sont particulièrement importantes dans les multinationales, qui doivent faire un suivi détaillé de leurs opérations à l’échelle planétaire.
Les TI peuvent considérablement aider les entreprises à rassembler les données stratégiques sur la consommation énergétique et les autres facteurs environnementaux pertinents, comme la consommation d’eau et l’émission de gaz à effet de serre. Pour accomplir cette tâche ardue, beaucoup d’organisations font appel à un système d’acquisition de données capable de lire et d’enregistrer les performances des éléments de la chaîne de production. Par le truchement du Web, ces systèmes procurent des données opérationnelles de grande qualité à divers utilisateurs, en temps réel. Les informations ainsi recueillies permettent faire un suivi étroit des opérations de l’entreprise sur le plan environnemental et d’ajuster le tir au besoin afin d’atteindre les objectifs fixés.
Utilisé à bon escient, un tel système revêt une grande valeur car il fournit rapidement le niveau de détail dont une entreprise a besoin pour atteindre un rendement supérieur sur le plan de la gestion environnementale. Autre avantage marqué, il automatise la collecte des données nécessaires à l’analyse de l’efficacité. Lorsqu’elle est faite manuellement, la cueillette de ces informations nécessite un volume élevé de jours-personne. Aussi, l’automatisation du processus entraîne-t-elle d’importantes économies. De plus, la fréquence élevée du prélèvement de l’information et la qualité des données qui s’ensuit permettent d’effectuer des analyses plus approfondies des opérations et, par le fait même, favorisent l’amélioration des processus.
Des exemples dans tous les secteurs
La gestion de l’empreinte environnementale fait son chemin dans les entreprises. À titre d’exemple, une multinationale européenne des télécommunications, qui est soumise à des règles rigoureuses en matière de production de rapports sur le développement durable, a entrepris un projet de surveillance de 6 000 de ses installations à l’échelle mondiale. Pour relever les informations associées notamment à la consommation d’eau, d’électricité et de gaz dans ces édifices, la société en question a installé pas moins de 30 000 appareils de mesure. Elle souhaite maintenant utiliser un système de gestion d’acquisition de données afin d’automatiser la lecture de ces appareils – aux quinze minutes – et de distribuer les relevés au personnel concerné.
Pareillement, l’État du Massachussetts a décidé d’installer des appareils de mesure de la consommation d’énergie dans tous les édifices publics de son territoire – représentant une superficie totale de 75 millions de pieds carrés. Comme dans l’exemple précédent, le Massachussetts projette de rassembler les informations recueillies par ces appareils dans un système central d’acquisition de données. L’objectif ainsi poursuivi est d’analyser les informations obtenues afin d’évaluer les résultats des efforts déployés par l’État en termes de gestion énergétique et de déterminer si les investissements en ce sens sont rentables.
L’État du Kentucky a mis sur pied un projet semblable afin d’exercer une surveillance énergétique dans des édifices dont la superficie globale atteint le double de celle des installations du Massachussetts.
Par ailleurs, l’industrie des TI prêche par l’exemple à l’aide de programmes visant à rendre les centres informatiques (data centers) plus éconergétiques. Ainsi, Microsoft utilise le système d’acquisition de données PI afin de traiter des centaines de milliers de variables associées à ses opérations informatiques à travers le monde. Grâce à ce vaste contrôle, la multinationale a réussi à réduire ses coûts d’électricité de 2 % globalement, ce qui représente un total annuel de 20 millions de dollars. eBay, Hewlett-Packard et des sociétés de premier plan dont le site Web accueille des millions de visiteurs ont déjà mis en place des programmes semblables ou projettent de le faire.
D’ailleurs, l’optimisation de l’exploitation des centres informatiques constitue un moyen de plus en plus utilisé par les entreprises dans le but de réduire les effets négatifs de leurs activités sur l’environnement. En 2006, au États-Unis, plus de 3 % de la puissance électrique totale était accaparée par les divers centres informatiques. Il faut dire que ceux-ci peuvent contribuer grandement à laisser une empreinte environnementale, les serveurs représentant l’un des principaux facteurs à cet égard. Non seulement le fonctionnement des serveurs engendre-t-il une importante consommation d’énergie, mais leur nécessaire refroidissement vient doubler cette consommation d’une certaine façon.
De leur côté, les grands propriétaires immobiliers s’intéressent aux systèmes d’acquisition de données afin de faire le pont entre les différents systèmes de contrôle – température, éclairage, détection de présence, etc. – dont ils se servent pour optimiser la gestion énergétique dans leurs immeubles. Jusqu’à présent, les entreprises de ce secteur n’ont eu qu’un accès très restreint aux données des dispositifs de contrôle vendus par les principaux fournisseurs.
Dans la même veine et plus près de nous, une banque canadienne prépare aussi le terrain pour la mise en œuvre d’un système qui servira à optimiser la gestion énergétique de ses locaux à l’échelle nationale. Toujours chez nous, Hydro-Québec offre de verser jusqu’à 75 000 $ en subventions aux entreprises de sa clientèle qui choisiront de mettre en place un système de mesure de leur rendement énergétique.
Une conclusion se dégage d’emblée de ces exemples : l’utilisation des TI pour mesurer et gérer l’efficacité énergétique permet aux utilisateurs précoces de se préparer et de se positionner en fonction de l’avènement à moyen terme de technologies intelligentes de distribution et de gestion de l’énergie. Aujourd’hui, une entreprise efficace en cette matière est en mesure de réduire sa consommation d’environ 30 %. Selon les informations qui ont circulé lors du récent sommet sur les changements climatiques, à Copenhague, les objectifs mondiaux en termes d’économie d’énergie atteindront une fourchette de 50 % à 80 % au milieu du 21e siècle.
Ces projections indiquent clairement que l’efficacité énergétique n’est pas une mode passagère. Les entreprises ont tout intérêt à adapter rapidement leurs processus à cette réalité de façon à mieux préparer l’avenir. À cette fin, les TI peuvent apporter une aide précieuse.
Martin Jetté est directeur général du bureau canadien et François Gagnon est directeur du développement des affaires – Installations chez OSIsoft, un développeur de solutions de gestion et d’amélioration de la performance dans les entreprises de production de biens et services.