Les organisations de tout poil rencontrent déjà de la difficulté à prendre le virage du travail collaboratif, en se basant sur leur savoir, leur expérience et leur capacité. Voilà que les réseaux sociaux se mettent de la partie, revendiquent leur potentiel et viennent brouiller les cartes, sans pour autant livrer la marchandise de façon probante.
Nombre d’organisations ont pris leur temps avant de commencer à utiliser les réseaux sociaux en interne, alors que d’autres sont encore en train de les envisager. C’est en fait sous la pression du milieu que la vague des réseaux sociaux bat, avec un succès mitigé, les digues des nombreuses organisations récalcitrantes.
Tentant de surfer sur cette vague houleuse, les offres aussi hétéroclites que disparates des multiples manufacturiers
de solutions informatiques poussent comme des champignons. Parmi les nombreux bienfaits que les manufacturiers accordent à leurs solutions, un des derniers en vogue est son identification comme plateforme organisationnelle de base pour le travail
collectif.
Si la chose est envisageable d’un point de vue conceptuel, en pratique, il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
Les freins de chez Freins inc.
Les freins à l’utilisation des réseaux sociaux dans le travail collaboratif organisationnel ne sont certes pas
techniques ou technologiques. En effet, l’implantation technique d’une solution « réseaux sociaux » dans le système d’information d’une organisation n’est plus aujourd’hui un défi à risques élevés.
Chaque manufacturier de solutions ayant à la fois expérience et expertise, même si la plupart des solutions sont
propriétaires et donc rarement interopérables avec les autres applications et systèmes en place.
C’est donc en avant de l’écran que sont les freins les plus solides. D’abord, afin de prouver la réussite du projet
d’implantation, c’est généralement le taux d’utilisation qui est l’indice de mesure. Or, dans le cas du travail collaboratif, la quantité ne saurait primer sur la qualité. Aussi, inciter les utilisateurs à produire de nombreuses contributions nuit à leur qualité.
Pour réaliser le quota de quantité recherché, les réseaux sociaux sont alors détournés par les utilisateurs pour
des communications anodines, privées ou d’ordre personnel, et en dehors du cadre du projet de travail collaboratif.
Il serait préférable d’encourager et d’aider les utilisateurs à produire moins de contributions, mais à les produire
avec une valeur ajoutée certaine pour le projet collaboratif concerné.
Les utilisateurs craignant parfois « l’oeil de Big Brother » sur le contenu de leurs contributions hésiteront à s’engager personnellement sur le réseau, ou même à y divulguer des informations personnelles, qui
pourront être vues par tout un chacun.
Aussi, ce sont souvent des « communautés » professionnelles ou personnelles, qui voient le jour et détournent les
réseaux sociaux de leurs objectifs initiaux envers le travail collaboratif, comme les organisateurs de la fête de Noël ou le groupe de santé et sécurité au travail.
Même si les communautés rapprochent les gens et indirectement favorisent la communication interne, le chemin est pierreux et détourné.
Le courriel ou les réseaux sociaux?
Les réseaux sociaux sont-ils le futur absolu et total de la communication et l’évolution normale du courriel? Le travail collaboratif est généralement un « espace de projet » très structuré, avec des règles précises et strictes. Il est aussi limité dans le temps et imbriqué dans une planification aussi fine que stratégique.
Une fois le projet parvenu à son terme, les groupes de collaboration sont dissous et seul reste leurs biens livrables
et leur documentation.
Le travail collaboratif traditionnel est donc basé sur la culture du document, son accessibilité et sa pérennité. Le travail collaboratif au moyen des réseaux sociaux est basé sur une culture de l’individu et sur ce qu’il dit.
Est-ce une rupture dans le concept de travail collaboratif? Est-ce un décalage ou un saut générationnel chez les utilisateurs? Est-ce une pratique qui ne concerne plus les TI que comme mécanicien? C’est en se questionnant que l’on fait avancer sa vision des choses et que l’on initie chez les autres la participation!