Crise ou pas, les PME doivent continuer d’investir en TI, car c’est durant les périodes de ralentissement économique qu’il est crucial de pouvoir accéder rapidement à l’information pertinente. Deux cas d’entreprises ont été présentés lors d’une table ronde organisée par Microsoft Canada sur ce sujet.
Le droit à l’erreur est faible en période de ralentissement économique, et à plus forte raison en période de crise économique comme celle que nous traversons actuellement. Ce genre d’épisode a généralement pour effet d’éliminer les plus faibles et de renforcer les plus forts, en séparant les entreprises qui sont efficaces et performantes de celles qui ne le sont pas. Lorsqu’une telle période économique s’installe, il faut donc de toute urgence faire le ménage dans les façons de faire de l’entreprise et les outils qui les supportent, de sorte à ne garder que ceux qui concourent à rendre l’entreprise plus efficace et performante et donc plus concurrentielle. Cela procure aussi une belle occasion pour acquérir des technologies qui permettront à l’entreprise de hausser son efficacité et sa performance.
Mais quand on est une petite entreprise de 50 employés ou moins, et qu’on n’a peu sinon pas de ressources spécifiquement attitrées à la gestion des technologies de l’information et des communications (TIC), c’est difficile de savoir quelles technologies choisir. Et dans le doute, la tentation de ne rien faire et de s’abstenir d’investir en TIC est forte, ce qu’il faut absolument éviter de faire, croit Yohann Bertault, directeur général de Francis Beaulieu Traiteur, qui est actuellement en train d’évaluer les différentes technologies qui favoriseront l’accès à l’information utile et sa circulation dans l’entreprise.
« Faire l’autruche et rester dans son trou en attendant que ça passe est la pire stratégie à adopter dans une période de crise », a-t-il lancé, lors d’une table ronde organisée par Microsoft Canada sur le sujet des PME face à la crise. « Il faut être proactif et investir dans les technologies qui vont procurer un effet de levier. »
Fondée il y a plus de 20 ans, Francis Beaulieu Traiteur connaît actuellement une forte croissance de ses revenus, de l’ordre de 300 % à 400 % par année, et jusqu’en 2007, l’entreprise familiale était gérée de façon artisanale et avait peu recours aux technologies. « On était dépassé par les événements, reconnaît M. Bertault. Cette façon de faire ne fonctionne plus. Il faut avoir de l’information, de bons tableaux de bord pour nous aider à prendre de bonnes décisions et ne pas manquer d’opportunités. […] On veut investir, mais on ne veut pas investir dans n’importe quoi, alors on prend notre temps pour évaluer toutes les options disponibles. »
Et pour faire ses choix, l’entreprise s’est tournée vers Conamex, un intégrateur partenaire de Microsoft, qui l’assiste dans le processus d’identification des besoins et de sélection des outils. Déjà, le traiteur a équipé l’ensemble de ses vendeurs de Blackberry, afin de faciliter les communications et le partage d’information dans l’entreprise.
Participant à cette table ronde, Diane Giard, première vice-présidente, région Québec et Est de l’Ontario, à la Banque Scotia, croit qu’il s’agit là d’un cas classique de PME qui est victime de son succès. Ayant grossi trop vite, l’entreprise ne sait pas comment faire ni quoi utiliser pour lui permettre de mieux gérer sa croissance. « Elle ne connaît pas les leviers qui lui permettront de tirer profit de la situation, alors que la solution réside dans un meilleur accès à l’information », estime-t-elle.
Rationaliser, optimiser et hausser la valeur
La firme spécialisée dans l’éclairage corporatif Luminaires Eureka, une autre PME montréalaise de moins de 100 employés fondée il y a plus de 20 ans, n’a pas freiné ses investissements technologiques, suite au ralentissement économique. La firme profite, en fait, de l’occasion que procure la crise pour rationaliser et optimiser ses processus, en focalisant sur ceux qui génèrent une valeur ajoutée et en y adjoignant les outils technologiques qui permettent d’en hausser l’efficacité et la performance. « Il faut profiter de la crise pour faire le ménage, pour revoir les processus et éliminer les activités qui apportent peu de valeur à l’entreprise », soutient Patrick Foley, directeur général de Luminaires Eureka.
L’entreprise prend pour exemple la crise du dollar qui sévissait il y a sept ans et qui l’affectait beaucoup, puisque 50 % de sa clientèle est située au sud de la frontière, laquelle ne l’a pas empêché de faire l’acquisition du progiciel de gestion intégré Microsoft Dynamics AX.
« Même si cela a été difficile à justifier à l’époque, je serais prêt à payer le double de ce que cela a coûté pour l’avoir aujourd’hui tant les avantages que procure la solution sont importants, confie M. Foley. Elle permet d’obtenir en tout moment une vue globale de l’entreprise, ce qui permet de prendre rapidement des décisions basées sur cette information. Avant, on devait attendre après les rapports comptables pour prendre des décisions. On est par conséquent plus agile. » Ce qui n’est pas trivial pour l’entreprise qui évolue dans un secteur qui est dicté par la mode et où les tendances changent rapidement.
L’accroissement de l’agilité devrait d’ailleurs, avec la rationalisation et l’optimisation des processus, orienter les investissements technologiques des PME, croit Mme Giard. « Les entreprises qui n’ont pas un bon système d’information sont lentes à réagir, elles doivent attendre avant d’avoir l’information qui leur permettra d’agir, souligne-t-elle. Avec un bon système d’information, on peut prendre des décisions plus rapides et s’adapter plus rapidement au changement. Ça permet, par exemple, de réduire les stocks et d’éviter de surproduire. C’est le genre d’investissement qu’on recommande à la Banque Scotia, car ça permet de faire plus avec ce qu’on a. En période de crise, c’est un avantage. »
Cela étant dit, et bien qu’il ne faille pas stopper les investissements technologiques en période de ralentissement économique, il faut cependant considérer certains facteurs au niveau du choix des projets, puisqu’une crise entraîne généralement une baisse des revenus et qu’il ne faut pas compromettre la disponibilité des liquidités. Ainsi, l’entreprise aura tout à gagner à investir dans des projets offrant un rapport coût/bénéfice optimal, c’est-à-dire nécessitant un investissement faible et générant des retombées rapides et importantes. Luminaires Eureka a récemment appliqué ce principe, alors qu’elle voulait se doter de capacités analytiques (business intelligence), et qu’au lieu d’acquérir une solution spécialisée, qui aurait nécessité un investissement important, elle a décidé d’ajouter des fonctions analytiques à son progiciel de gestion.
« Il faut planifier l’après-crise, en faisant durant la période que durera la crise des investissements technologiques qui permettront à l’entreprise d’être bien positionnée au sortir de la crise, d’être plus forte. Les TI permettent de sauver des coûts et d’être plus flexible et agile, et donc de rendre l’entreprise plus compétitive », de conclure Pierre Chadi, directeur régional pour le Québec, Microsoft Canada.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.