Québecor, Cogeco Câble et Eastlink s’unissent pour demander au Bureau de la concurrence du Canada et au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de bloquer l’acquisition d’Astral Media par Bell Canada.Les trois entreprises ont lancé le site Internet ditesnonabell.ca afin, dit-on, « d’alerter le public à propos des risques liés à une concentration sans précédent de la propriété des médias ».
Concrètement, les trois entreprises demandent au gouvernement fédéral de désapprouver la prise de contrôle d’Astral Media par Bell Canada, annoncée en mars dernier pour un montant de 3,38 milliards de dollars.
Le site laisse entendre qu’une trop grande concentration donnerait à Bell Canada une trop grande concentration du marché canadien du divertissement. Par exemple, le site Internet affirme que Bell Canada contrôlerait 42 % des revenus générés par les émissions de télévision des chaînes commerciales privées au Canada; 45 % de l’auditoire télévisuel anglophone et 35 % de l’auditoire télévisuel francophone.
Si la transaction est approuvée, Bell Canada serait propriétaire de 79 chaînes de télévision, 107 stations de radio et plus de 100 sites Web, « soit deux fois plus que son plus proche concurrent », affirment les opposants.
« Cette transaction ne sert aucunement les intérêts du public », selon le président et chef de la direction de Cogeco Câble, Louis Audet.
« Rares sont les grandes économies mondiales qui autorisent un seul télédiffuseur privé à acquérir une part aussi dominante de l’auditoire télévisuel. La part de l’auditoire télévisuel de Bell Canada serait 50 % plus importante que celle des plus grandes entreprises privées aux États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni, en Australie, en France et même en Russie. Permettre à une seule entreprise d’avoir une telle position dominante est mauvais pour les consommateurs et mauvais pour le Canada », a ajouté le chef de la direction d’Eastlink, Lee Bragg.
Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, estime quant à lui que la proposition de fusion entre Bell Canada et Astral Media « représente une grave menace pour la bonne santé du secteur canadien de la radiodiffusion ».
Le gouvernement fédéral va examiner cette proposition de transaction au cours des prochaines semaines et devrait rendre sa décision d’ici la fin de l’année.
Bell Canada n’a pas rappelé Direction informatique afin de fournir sa version des faits.
La commissaire de la concurrence aux aguets
La commissaire de la concurrence, Melanie Aitken, n’a pas tardé à réagir à la création du site Internet, affirmant que le Bureau de la concurrence examinait présentement l’acquisition proposée d’Astral Media par BCE (Bell).
« En vertu de la Loi sur la concurrence, le Bureau a le mandat d’examiner les fusions afin de déterminer si elles auront vraisemblablement pour effet d’empêcher ou de diminuer sensiblement la concurrence. Le Bureau est conscient que plusieurs préoccupations sérieuses ont été formulées par des acteurs du marché au sujet de l’effet qu’auraient la concentration et l’intégration verticale accrues de l’industrie de la radiodiffusion sur les consommateurs et les autres fournisseurs de programmation télévisuelle », a déclaré Mme Aitken dans un communiqué.
« Bien que le Bureau soit tenu par la loi de travailler de façon confidentielle, je peux confirmer que nous nous employons activement à étudier ces préoccupations. Si le Bureau détermine que la transaction proposée aura vraisemblablement pour effet d’empêcher ou de diminuer la concurrence, nous n’hésiterons pas à prendre les mesures qui s’imposent », a ajouté Mme Aitken.
La commissaire précise qu’il est difficile d’évaluer la durée d’un tel examen, mais que le Bureau de la concurrence s’efforcera de rendre sa décision le plus rapidement possible.