Plus que de simples outils de communication, la messagerie instantanée et les blogues sont devenus des phénomènes sociaux. Stimulée d’abord par les accros de la technologie, leur fulgurante ascension gagne le monde de l’entreprise.
L’année dernière, déjà, on faisait état d’études annonçant la suprématie imminente de la messagerie instantanée (MI) sur le courrier électronique. La firme d’analyse META Group (acquise par Gartner en avril 2005) prédisait alors que, dès 2008, on compterait autant d’adeptes de la MI que du courriel. Dans une proportion de 38 %, les Américains ayant adopté ce mode de communication indiquent qu’à l’heure actuelle, ils l’utilisent au moins autant que le courriel, selon une enquête publiée l’automne dernier par America Online.
L’enquête révèle aussi que l’utilisation de la MI dans les loisirs et au travail s’est accrue de 19 % en l’espace d’un an. Selon la firme d’analyse IDC, on comptait plus de 28 millions d’utilisateurs de la MI à des fins commerciales l’année dernière à l’échelle mondiale. Ces personnes s’échangent près de un milliard de messages quotidiennement dans le cadre de leur travail. Les raisons de faire appel à la MI au bureau sont nombreuses. En plus des simples communications entre collègues, America Online mentionne, entre autres tâches : obtenir de l’information dans le cadre de la prise de décisions, échanger de l’information avec les clients, échanger des fichiers, organiser des réunions et éviter une conversation difficile. Plus de trois utilisateurs sur quatre estiment que la MI exerce un impact positif sur leur travail.
Cette percée de la MI au sein des entreprises n’est pas sans causer de problèmes, toutefois. L’une des conséquences négatives du phénomène est la sécurité, difficulté incontournable sur Internet aujourd’hui. Selon le IMlogic Threat Center, qui se consacre à la détection des menaces associées à la MI et à la protection des utilisateurs, ces dernières ont augmenté de 253 % en janvier 2006 par rapport au même mois l’année précédente. En 2005, l’organisme avait enregistré une augmentation astronomique de 1 693 % du nombre d’attaques déclarées. Par conséquent, il lance une mise en garde aux entreprises devant le risque de plus en plus grand que cette situation fait peser sur leurs finances et leurs propriétés intellectuelles.
Pour l’heure, l’intégration de la voix à la MI – l’une des tendances lourdes de 2006 selon certaines prédictions – laisse croire que les organisations trouveront des avantages supplémentaires à utiliser la MI au cours des prochaines années.
Les blogues
En termes de popularité, les blogues n’ont rien à envier à la MI. Apparus en 1999 seulement, on en recense 27 millions dans le monde en ce début d’année, selon François Nonnenmacher, auteur du livre Blogueurs d’entreprise, récemment publié en France. Ce nombre est 60 fois supérieur à ce qu’il était il y a trois ans, moment à partir duquel il doublé tous les cinq mois.
Ce qui a commencé comme une forme de journal personnel est devenu un complément important de la stratégie commerciale en ligne des entreprises, écrivait l’année dernière le Wall Street Journal. Toute entreprise peut en tirer profit, mais la PME y gagnera particulièrement, les blogues offrant des possibilités inédites de les tirer de l’anonymat.
Si les risques sont grands pour une entreprise de faire face au dénigrement qui peut parfois se déchaîner sur les blogues, elle peut aussi découvrir à peu de frais qui sont ses clients fidèles et quelle est la perception de leurs produits et de leurs marques. Autre avantage du blogue avancé par François Nonnenmacher, une organisation n’a plus nécessairement besoin de la presse pour diffuser ses messages. Le blogue est un véhicule accessible à tous, en tout temps.
Même à l’interne, il peut s’avérer un outil de communication efficace, en autant que soient respectées ses « règles d’ouverture à la confrontation », indique l’auteur.
Comme on a pu le lire dans les pages de Direction informatique en février dernier, la crédibilité des blogueurs demeure une préoccupation, étant donné leur nombre et la nature parfois virulente de leur propos. Situation qui, on le comprendra, peut aussi freiner les ardeurs des organisations quant à l’adoption de ce mode de communication.