Le magazine Direction informatique invite, à chaque parution, un chroniqueur qui traite d’un thème lié aux technologies de l’information en entreprise. Dans l’édition de mars 2011, Jean-François Maurice, président du groupe Egomedia, traitait de l’optimisation des sites internet pour les moteurs de recherche.
J’avais achevé ma chronique précédente sur une prospective où les médias sociaux prenaient une importance grandissante dans l’algorithme des moteurs de recherche. Prospective qui s’est depuis matérialisée à un rythme effréné.
Le fondateur de Search Engine Land, Danny Sullivan, a en effet récemment publié un article traitant de cette omniprésence des médias sociaux en appuyant ses propos de nombreux témoignages d’experts dont Matt Cutts, responsable de la cellule antipourriel de Google : « Google positionne mieux les sites populaires, les sites de confiance et les sites ayant une bonne réputation. Donc oui, nous tenons compte dans notre algorithme des signaux sociaux envoyés par Facebook et Twitter ».
Le constat est donc unanime. Twitter et Facebook jouent un rôle majeur dans le référencement naturel de vos pages web à travers la notion de crédibilité, ou plutôt d’autorité : « Author Authority » chez Google et « Social Authority » pour le moteur Bing, de Microsoft.
Prenons le cas de Twitter. Si vous possédez un nombre important d’abonnés habitués à « retweeter » ce que vous publiez, vos liens jouiront d’une crédibilité accrue et seront valorisés dans les pages de résultats des moteurs de recherche. Ce statut d’utilisateur vérifié ne peut être atteint qu’au travers d’une politique stricte d’optimisation des médias sociaux. Il ne suffit pas de publier le flux RSS de votre blogue d’entreprise de manière automatique. Il faut échanger au quotidien avec les autres acteurs de la « twittosphère ». Il faut véhiculer un sentiment d’appartenance à votre marque à travers la publication quotidienne de contenu pertinent et réagir aux liens proposés par vos abonnés. Bref, il s’agit d’un véritable travail de relations publiques appliqué au microcosme des plateformes sociales.
Même son de cloche chez Facebook. Le récent rapprochement de la firme de Mark Zuckerberg avec Bing atteste une nouvelle fois de cette volonté tenace d’afficher des résultats toujours plus « humains » sur les moteurs de recherche. Concrètement, cette entente se traduit par l’ajout de requêtes permettant de voir quel film, quel livre ou encore quel restaurant est « aimé » par vos amis Facebook. Le « j’aime » est désormais intégré aux résultats afin de procurer une véritable expérience de recherche sociale.
Les webmestres peuvent ainsi – et doivent – ajouter les boutons « J’aime » et « Retweet » aux pages de leur site web. Pour ce faire plusieurs méthodes existent. Citons notamment les versions XFBML et IFRAME pour l’outil Facebook.
Les responsables de site web et e-marketers sont ainsi vivement invités à socialiser leurs contenus pour favoriser l’échange et accroître l’étendue de leur maillage Internet. Ces différents éléments nous permettent également d’affirmer que le caractère Nofollow des liens présents sur la majorité des plateformes sociales ne signifie plus grand-chose et que leur impact à long terme peut s’avérer bien plus conséquent que les liens traditionnels.
Le Nofollow est une valeur que l’on attribue à un lien hypertexte et qui sert à spécifier que le lien en question ne doit pas être pris en compte par un programme lisant la page, afin de ne pas augmenter le rang du site Internet vers lequel mène ce lien dans les moteurs de recherche.
Ces impacts sont d’ailleurs parfaitement mesurables grâce aux applications statistiques offertes par Facebook et Twitter : Respectivement Facebook Insights et Tweetmeme (les applications BackTweets, Twittercounter et Tweetstats proposant également de pertinents indicateurs de performance).
La guerre aux fermes de contenus
Tous ces éléments pourraient toutefois être remis en cause par le nouvel algorithme de Google, officialisé via le blogue de la compagnie le 24 février dernier. Celui-ci, baptisé « farmer update », vise à pénaliser tous les sites et portails se contentant de copier le contenu d’autres interfaces sans y porter la moindre modification. On parle alors de « fermes de contenus ».
Google annonce que cette mise à jour, pour l’instant limitée au seul territoire américain, devrait affecter près de 12 % des pages de résultats. Mais les conséquences se font déjà clairement ressentir pour certains gros joueurs.
De quelle manière cette mise à jour algorithmique affectera l’environnement du web social ? Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais nul doute que les webmestres et e-marketers de ce monde planchent déjà sur de nouvelles stratégies complexes à déployer. Bref, nous en sommes encore aux balbutiements de la recherche sociale. Peut-être celle-ci fera long feu, au même titre que la recherche sémantique qui se retrouve aujourd’hui reléguée au dernier rang des priorités dans les bureaux de R&D web.
Force est toutefois de constater que la recherche sociale est vectrice de résultats surprenants, tant qualitatifs que quantitatifs, laissant ainsi présager un avenir radieux à cette nouvelle tendance.
Médias sociaux et révolutions
J’aimerais porter à votre attention la dimension extra-numérique des plateformes de médias sociaux, véritables vecteurs de valeurs et principes fondamentaux. Je fais bien évidemment allusion aux conflits secouant présentement le monde arabe. Successivement en Tunisie, en Égypte, en Lybie et même au Bahreïn, les médias sociaux ont été les catalyseurs de la révolution.
Les manifestations réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes étaient programmées via ces plateformes. Les vidéos, photos et témoignages d’insurgés étaient diffusés à travers ces mêmes plateformes, fragilisant chaque fois un peu plus les pouvoirs dictatoriaux en place. Bref, le web social a joué, et joue toujours, un rôle central dans ces soulèvements populaires historiques.
Il n’est ainsi pas étonnant qu’un jeune couple égyptien vienne de baptiser leur dernière née Facebook… en hommage au service rendu par la plateforme sociale éponyme.