Malgré que le Canada soit un des pays les plus développés de la planète, celui-ci affiche plusieurs retards dans le domaine de la téléphonie mobile, étant même devancé par certains pays en développement, nous apprend une récente étude.
La firme TNS Canadian Facts a publié une étude mondiale sur l’utilisation des appareils de télécommunications et plus particulièrement des téléphones mobiles, intitulée « Global Telecoms Insight 2007-2008 ». Parmi les 30 pays qui ont été sondés par la firme d’études de marché et de sondage d’opinion, on trouve des pays du G8, dont le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni, et des pays en développement, voire en croissance rapide, tels que la Chine, l’Inde et le Brésil. Plus de 16 000 participants, dont 550 consommateurs canadiens âgés de 16 à 60 ans, ont été interrogés en novembre et décembre derniers sur l’utilisation qu’ils font de leurs appareils de télécommunications et sur leur attitude vis-à-vis de ceux-ci.
Or, il ressort de cette étude que le Canada fait bien piètre figure dans le domaine de la téléphonie mobile, le pays affichant une attitude peu favorable, voire rétrograde, à l’égard de ce moyen de communication. En fait, certains pays en développement s’avèrent beaucoup plus progressistes et innovateurs dans le domaine de la téléphonie cellulaire.
C’est dans cette perspective que la proportion des Canadiens utilisant régulièrement un téléphone mobile n’y est que de 66 %, ce qui est bien inférieur à la moyenne mondiale qui est de 80 %. En comparaison, aux États-Unis et au Royaume-Uni, cette proportion est de 90 % et 97 % respectivement. Et qui plus est, la majorité des 33 % de citoyens n’ayant pas de téléphone cellulaire affirment n’avoir aucune intention de s’en procurer un au cours des 12 prochains mois. Seuls le Mexique et le Vietnam ont un plus grand nombre de « réfractaires au cellulaire ». À l’autre extrémité figurent les pays d’Asie du Sud-est, tels que la Corée et Hong Kong, qui affichent le plus faible taux de réfractaires.
« Les Canadiens n’ont pas le même attachement et la même dépendance à l’égard des téléphones mobiles que le reste du monde, soutient Michael Ennamorato, premier vice-président chez TNS Canadian Facts. Les appels faits à partir de téléphones conventionnels au Canada sont relativement peu coûteux et beaucoup de Canadiens pensent que la qualité des connexions conventionnelles est supérieure aux sans-fil. »
Une certaine inertie
Et parmi ceux qui ont un téléphone mobile, très peu sont tentés de le changer pour un modèle plus récent et plus performant. À l’exemple des Hollandais, les Canadiens conservent en moyenne leur appareil pendant 3,5 années, ce qui est la durée d’utilisation la plus longue observée et 12 mois de plus qu’aux États-Unis, qu’au Royaume-Uni et qu’en Australie. La firme attribue cette attitude à l’approche commerciale employée par les fournisseurs canadiens qui proposent des abonnements de trois ans avec téléphone gratuit. Le fait qu’à l’instar des Américains, mais à la différence des citoyens des autres pays, les utilisateurs canadiens affirment ne pas vouloir payer plus pour leur prochain appareil s’inscrit dans la même tendance.
« Il y a clairement des segments de la population canadienne sans fil qui sont à la fine pointe et qui veulent les meilleurs et tous derniers téléphones, mais il y a par contre une certaine inertie dans ce marché, conclut M. Ennamorato. Ce fait émane probablement d’un penchant à accorder un rôle plus limité aux communications sans fil et d’une tendance à s’abonner à des forfaits de trois ans en échange d’un cellulaire gratuit. En ce sens, la plupart des fournisseurs ont peut-être conditionné les Canadiens à mettre plus d’accent sur les forfaits que sur les appareils. »
Établie à Toronto, TNS Canadian Facts, qui dispose d’une équipe de plus de 50 professionnels de la recherche, propose ses services d’analyse du comportement des consommateurs à des organisations réparties dans 80 pays.
Alain Beaulieu est adjoint au rédacteur en chef au magazine Direction informatique.