Selon Scott Bickley, analyste des technologies de l’information, la nouvelle selon laquelle les géants de la technologie ont annoncé des bénéfices plus faibles que prévu la semaine dernière n’est qu’un des nombreux signaux indiquant qu’il ne s’agit pas simplement d’un coup dur, mais d’un signe de ce qui pourrait devenir une grave crise économique mondiale.
Responsable de la pratique et directeur de recherche principal de la pratique d’optimisation des coûts et des contrats des fournisseurs de l’entreprise, Scott Bickley a déclaré la semaine dernière que les problèmes mondiaux tels que la guerre en cours en Ukraine et la crise énergétique qu’elle a provoquée font partie d’une litanie de problèmes affectant une multitude de secteurs, y compris la technologie.
Un indice de ce qui pourrait nous attendre sur le front technologique est apparu à la fin du mois dernier lorsque Alphabet, Amazon, Meta et Microsoft ont toutes annoncé des bénéfices défavorables, résultat de ce à quoi les grandes et petites entreprises vont sans aucun doute devoir faire face – une récession imminente.
Scott Bickley, qui est basé à Reno, Nevada, a déclaré qu’en plus de l’augmentation des coûts énergétiques, il existe également de graves problèmes de chaîne d’approvisionnement. « Les gens perdent de vue le fait que vous pouvez avoir 99 composants sur 100, mais s’il vous manque un composant critique, vous ne pouvez pas expédier votre produit. »
Un exemple de cela est Cisco Systems Inc., a-t-il déclaré, « où les délais, dans de nombreux cas, sont de près d’un an, nous voyons donc beaucoup de ses concurrents prendre des parts de marché dans l’espace réseau ».
D’autres signaux d’un long ralentissement économique, selon M. Bickley, incluent :
- Un marché de l’immobilier qui, au moins aux États-Unis, « est à la dérive et ne s’En remettra pas de sitôt, ce qui signifie que toute l’activité économique qui provient d’un marché de l’immobilier solide va être affectée ».
- La hausse des taux d’intérêt : « En fin de compte, rien ne s’améliore sur la scène macroéconomique tant que l’inflation ne sera pas maîtrisée, et ce n’est nulle part en vue pour le moment. »
- Les résultats en baisse d’une série d’indices qui couvrent tout, de la confiance des consommateurs aux intentions d’achat des entreprises. Les résultats sont mauvais, a-t-il dit – les pires depuis le dernier ralentissement majeur en 2008 – et ils s’aggravent.
- Les dépenses en TI, qui, une fois ajustées à l’inflation, diminuent, contrairement à la hausse de 7 ou 8 % observée l’an dernier. « On en est à se concentrer sur les domaines et les priorités que les responsables informatiques (gestionnaires) vont examiner et où ils vont dépenser un budget en baisse. »
Il faudra, a-t-il dit, plus de deux trimestres pour voir un signe de reprise économique : « Mon point de vue personnel, et je suis peut-être un peu plus pessimiste que la majorité, c’est qu’économiquement, nous sommes maintenant en récession. »
Quant aux tendances d’embauche en informatique, elles pourraient également varier. D’une part, a déclaré M. Bickley, les géants ont tous « pratiquement suspendu l’embauche », mais ce qui se passe dans les entreprises financées par du capital-risque est beaucoup plus extrême : « Elles suppriment des emplois quotidiennement. Je veux dire que ces entreprises se font malmener et que les activités de fusion et d’acquisition sont pratiquement au point mort. »
La seule lueur d’espoir sur le front de l’embauche est ce qu’il a décrit comme une « pénurie aiguë de talents », dans des domaines tels que la sécurité, les données et l’analyse, et l’ingénierie infonuagique.
Pour ce qui est de la distribution, cela dépendra en grande partie de ce sur quoi se concentre un valorisateur ou un intégrateur. S’ils vendent des serveurs, des PC, des tablettes ou d’autres appareils, ils vont avoir du mal, a-t-il prédit : « Pendant la COVID-19, tout le monde a dû se mettre au travail à domicile et les volumes ont explosé. Ce trimestre, les expéditions de PC ont chuté de 20 %. La chute de la demande, combinée aux problèmes de chaîne d’approvisionnement, va constituer un vent contraire très, très difficile à surmonter si vous êtes un partenaire de distribution. »
Le conseil de Scott Bickley à tout revendeur à valeur ajoutée ou intégrateur du côté logiciel de l’équation : associez-vous aux méga-fournisseurs tels que Microsoft, Salesforce, ServiceNow, VMware et autres : « Ils devraient s’appuyer sur leur programme de partenariat, fournir un niveau plus élevé de valeur ajoutée dans la prestation de service. De plus, ils doivent se qualifier pour des remises importantes de la part de ces fournisseurs, qu’ils peuvent ensuite passer à leurs clients. »
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.