La pandémie de COVID-19 a créé un sentiment d’urgence autour de la transformation numérique. De nombreux projets auparavant bloqués obtiennent le feu vert, et de plus en plus de dirigeants sont rassurés de savoir que leurs employés continuent de faire fonctionner l’entreprise à partir de la maison.
Selon une récente étude d’IBM, 55 % des dirigeants d’entreprise estiment que la crise a entraîné des « changements permanents » dans leur stratégie organisationnelle. Environ 60 % des personnes interrogées déclarent que la COVID-19 les a poussés à « adapter [leur] approche de la gestion du changement » et à « accélérer l’automatisation des processus », et 64 % reconnaissent que les activités commerciales se basent maintenant davantage sur le nuage.
D’autres données publiées par Microsoft la semaine dernière suggèrent qu’un peu plus de la moitié (54 %) jugent que leur entreprise est à présent mieux outillée pour suivre l’évolution de leur secteur.
Malgré cette apparente résilience technologique, le président d’IBM Canada, Claude Guay, se demande quel impact le travail à distance aura sur le bien-être culturel des entreprises à long terme.
« Quand on pense à la formation d’équipes informelles et l’entraide entre collègues observées auparavant au bureau, je crois qu’il reste à voir si nous pouvons arriver au même niveau avec le monde virtuel. Beaucoup de cadres à travers le pays se posent la même question : d’un point de vue culturel, allons-nous voir les problèmes de santé mentale augmenter à long terme ? », a-t-il demandé lors d’une entrevue avec IT Business Canada.
Le passage massif au télétravail partout au pays semble avoir déjà laissé quelques traces. Les travailleurs, isolés de leurs collègues, de leurs amis et de leurs proches, souffrent de plus en plus d’épuisement professionnel.
Un employé d’Amazon a demandé aux utilisateurs de Blind, un réseau professionnel anonyme, si le contexte de travail à distance avait amélioré ou détérioré leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Sur les 5 500 utilisateurs des grandes entreprises qui ont répondu, 57 % ont déclaré que cet équilibre s’était détérioré.
Selon Tina Dacin, titulaire de la chaire Stephen J.R. Smith de la Stratégie et du comportement organisationnel à la Smith School of Business, les entreprises reconnaissent que la pandémie ne va pas disparaître de sitôt et qu’elles doivent trouver des moyens de lutter contre la détérioration de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
« Les employeurs doivent se préoccuper du bien-être mental et physique de leurs employés. Il est important de se poser des questions cruciales pour aider les employés à garder un mode de vie équilibré, notamment comment répondre au besoin de camaraderie entre collègues et quels avantages en matière de santé et de bien-être offrir », a-t-elle expliqué à nos collègues d’IT Business Canada.
Chez IBM, les dirigeants ont réalisé dès les premiers jours de confinement qu’ils devaient établir des principes concernant le travail à domicile, selon Katherine Faichinie, directrice des ressources humaines d’IBM Canada.
Cet ensemble de principes comprend des rappels comme « il est normal de ne pas allumer votre caméra pour chaque réunion, parce que vous n’êtes peut-être pas prêt à le faire tous les jours », « il est normal que les membres de votre famille et vos enfants apparaissent sur la vidéo pendant une réunion parce qu’ils sont venus vous poser une question », « il est normal de demander à vos collègues de vous excuser pour une réunion ou de changer l’heure de la réunion parce que vous devez effectuer une tâche à la maison ».
Le géant de l’informatique a récemment mené une étude auprès de cadres et de responsables des ressources humaines dans 20 pays, dont le Canada. Les résultats, publiés la semaine dernière, montrent que la pandémie a modifié de façon permanente les attentes des travailleurs envers leurs employeurs. Plus particulièrement, les employés attendent désormais que leurs patrons jouent un rôle actif dans le soutien de leur santé physique et émotionnelle et qu’ils leur offrent des formations pour acquérir les compétences nécessaires pour travailler à distance.
Les données montrent un décalage important entre les dirigeants et les employés. Soixante-quatorze pourcent des cadres mondiaux estiment qu’ils fournissent un soutien adéquat à leur personnel dans ce nouveau contexte de travail, mais moins de la moitié des employés sont d’accord.
La technologie seule ne résout pas le problème, mais l’accélération de l’adoption du nuage au Canada aidera les entreprises à accéder aux outils nécessaires pour soutenir correctement les employés, estime Claude Guay.
La semaine dernière, IBM Canada a officiellement lancé sa nouvelle région multizone IBM Cloud (MZR) à Toronto. Cette première MZR canadienne s’ajoute à la capacité actuelle des centres de données d’IBM à travers le monde.
Les recherches d’IBM montrent aussi que seuls 30 % du personnel des ressources humaines au sein des entreprises possèdent des compétences en matière d’intelligence artificielle. Selon M. Guay, ce nombre devra augmenter pour que les organisations puissent faciliter l’intégration virtuelle de nouveaux employés, alors que la deuxième vague de la pandémie continue de prendre de l’ampleur au pays.