Le studio EA Mobile a présenté l’adaptation du jeu Scrabble destinée à la tablette d’Apple, développée à Montréal, qui comporte d’intéressantes innovations. Une version française du populaire jeu linguistique est commercialisée en France…mais pas au Québec.
Le studio montréalais de EA Mobile, l’entité du développeur de jeu vidéo Electronic Arts qui est dédié aux appareils mobiles, a présenté aux médias québécois l’adaptation du jeu Scrabble qui est destinée à la tablette iPad d’Apple.
Le producteur exécutif du studio EA Mobile à Montréal, André Lauzon, accompagné de quelques-uns des développeurs du titre, ont présenté la mouture de Scrabble qui a fait l’objet d’une nouvelle programmation et non d’un simple portage.
Scrabble pour l’iPad peut être utilisé pour jouer en personne avec un adversaire à même l’appareil, mais aussi pour jouer avec d’autres personnes qui utilisent des appareils iPhone et iPod Touch, ou bien la version du jeu qui est offerte sur Facebook. Toutefois, une des caractéristiques majeures de cette mouture pour l’iPad consiste en sa capacité d’utilisation des appareils mobiles iPhone et iPod Touch comme s’il s’agissait des plaquettes de support des tuiles de jeu. À même leurs appareils mobiles, qui exploitent un logiciel complémentaire qui est offert gratuitement sur l’App Store d’Apple, jusqu’à quatre joueurs peuvent gérer leurs tuiles et les glisser du doigt vers l’iPad qui sert de planche de jeu, le tout par le biais d’une connexion Bluetooth. Les iPhone et iPod Touch servent aussi à consulter un dictionnaire intégré lors d’une partie. D’ailleurs, Hugo Trépanier, artiste principal pour le développement de Scrabble pour l’iPad, a indiqué que l’utilisation des iPod Touch et iPhone émanait d’une simple blague!
Olivier Proulx, producteur chez EA Mobile, a relaté les défis rencontrés par l’équipe montréalaise pour le développement d’un jeu… sans avoir d’iPad. Outre l’utilisation de l’ensemble de développement logiciel fourni par Apple, M. Proulx et son équipe ont eu recours à un prototype en porcelaine, pour simuler le poids de l’appareil, mais surtout à un prototype en verre au-dessous duquel les créateurs glissaient des impressions sur papier captures d’écran, afin d’obtenir une représentation réaliste de l’interface en développement.
M. Lauzon a indiqué que la version pour l’iPad du jeu Scrabble avait été développée en trois mois, afin que le titre soit disponible à temps pour le lancement de la tablette d’Apple. Il a souligné que le studio montréalais d’EA Mobile, en ajoutant le titre Tetris, avait ainsi fourni deux des cinq premiers jeux qui étaient disponibles le jour du lancement du iPad aux États-Unis. Depuis, Scrabble figure parmi les logiciels les plus vendus pour l’iPad.
« Pourquoi Scrabble pour l’iPad a-t-il émergé de la sorte? C’est en raison de l’innovation. Apple a innové avec l’iPad, et nous sommes très fiers avec notre jeu de permettre aux gens de s’amuser de façon différente », a déclaré M. Lauzon, en évoquant le mode multijoueurs et le recours aux autres appareils mobiles d’Apple pour ce titre.
M. Lauzon a confié que le studio montréalais d’EA Mobile se portait bien, alors que plus de 80 millions d’exemplaires des titres qui y ont été produits avaient été téléchargés par des consommateurs, et que les revenus sont en croissance de 12 % d’année en année. D’autre part, EA Mobile procède à une expansion de ses locaux et tente présentement de combler 23 postes.
Scrabble en français au Québec : selon la demande…
Alors que la version anglaise de Scrabble pour l’iPad est déjà offerte sur l’App Store d’Apple, M. Lauzon d’EA Mobile a indiqué que la version française du jeu serait disponible à compter du 28 mai en France… mais pas au Québec.
Interrogé à propos de la disponibilité du jeu Scrabble en français dans la boutique App Store du Canada, autant pour le iPad que le iPhone et le iPod Touch, M. Lauzon a répondu que le titre serait offert « s’il y avait une demande » de la part des consommateurs.
Pressé de questions par les journalistes, M. Lauzon a expliqué que la version française du jeu avait été conçue pour la marque Mattel, qui gère la licence Scrabble dans le marché européen, alors qu’en Amérique du Nord cette gestion revient à la marque Hasbro.
MM. Lauzon et Proulx ont indiqué que Mattel et Hasbro étaient deux compagnies différentes avec leurs propres objectifs, et précisé que les versions française et canadienne-française nécessitent des dictionnaires et des interfaces graphiques différentes.
Puisque le développement d’une version de Scrabble pour les francophones du Québec et du Canada sous la bannière Hasbro nécessiterait un nouveau cycle de développement, les représentants d’EA Mobile ont dit qu’un tel projet nécessitait du temps et de l’argent.
« Nous sommes fiers de faire des choses en français ici, tous les autres jeux Hasbro sont disponibles en français, et Scrabble est l’exception », a affirmé M. Lauzon, en précisant que la décision de produire une adaptation française du jeu incombait autant à Electronic Arts qu’à Hasbro.
Soulignons que Electronic Arts fait partie de l’Association canadienne du logiciel de divertissement (ESA Canada), qui a signé une entente en septembre 2007 avec l’Office québécois de la langue française qui portait sur la francisation des jeux vidéo offerts aux consommateurs québécois. Cette entente visait la francisation progressive du contenu des nouveaux jeux vidéo qui seraient vendus au Québec.
En mars 2009, le gouvernement du Québec avait lancé une campagne publicitaire qui rappelait à la population que tous les nouveaux jeux vidéo vendus au Québec doivent être disponibles en français, s’il en existe une version française ailleurs dans le monde. La mesure s’applique depuis le 1er octobre 2007 pour les jeux sur ordinateurs et depuis le 1er avril 2009 pour les jeux sur console de nouvelle génération.
« Nous adhérons à 100 % à la philosophie de faire des jeux en français. C’est pour cela qu’il serait le fun qu’il y ait une demande des consommateurs canadiens pour une version en français. […]Cela nous fera plaisir de le faire », a déclaré M. Lauzon, en ajoutant que les médias pourraient constituer des « porte-voix » afin que les consommateurs manifestent leur intérêt.
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.