BLOGUE – Au cours de la dernière année, les directeurs des services d’information du Canada ont réalisé des progrès modérés en matière numérique, mais tirent de l’arrière pour ce qui est de moderniser les ressources existantes, ce qui entrave l’innovation à grande échelle. En équilibrant l’optimisation des coûts et les priorités d’investissement, il est possible pour les organisations canadiennes d’accélérer ces progrès.
Selon le sondage annuel mené par Gartner auprès de plus de 2 500 dirigeants des TI de partout dans le monde, dont 130 directeurs des services d’information du Canada, le degré de priorité accordé à l’innovation est plus élevé dans les entreprises les plus performantes (dont la numérisation est entièrement intégrée au processus de planification et au modèle d’affaires) que dans les autres organisations. Par ailleurs, l’optimisation des coûts domine les objectifs des organisations les moins performantes (celles qui mettent en œuvre très peu ou pas du tout d’initiatives visant le numérique). Les priorités des entreprises canadiennes comprennent un amalgame d’objectifs d’amélioration opérationnelle (technologie, numérisation) et d’objectifs orientés vers les recettes (croissance, orientation vers le client).
En 2016, l’optimisation des coûts a constitué un objectif important chez tous les répondants à l’échelle mondiale. L’effet de celle-ci s’est d’abord fait sentir il y a deux ans dans l’ouest du Canada, pour se répercuter ensuite progressivement sur les recettes des industries connexes et des gouvernements. Bien que le prix du pétrole brut augmente graduellement, il n’avait atteint en décembre 2016 que la moitié de celui qu’il affichait avant la crise.
Dans les organisations canadiennes, tout comme ailleurs dans le monde, l’optimisation des coûts associés aux TI ne constitue qu’une petite partie de l’équation. Comme il en sera question à l’occasion du Gartner CIO & IT Executive Summit de Toronto, la plupart des répondants ont indiqué qu’ils accordaient en fait la priorité à l’optimisation des coûts opérationnels. Cela s’explique en partie par le fait que les services de TI ont procédé à des coupes substantielles au cours des dix dernières années, en particulier depuis la grande récession. Il reste une certaine dette technique à diminuer, mais les véritables économies reposent sur l’optimisation opérationnelle attribuable à l’utilisation efficace des TI et à l’investissement dans leur mise en place. Toutefois, le Canada traîne de la patte par rapport à la moyenne générale au chapitre de l’équilibre entre la gestion des services de TI courants et l’innovation. Cette tendance est conforme aux résultats du sondage de l’an dernier, selon lesquels on observait une orientation des dépenses vers la rénovation plutôt que vers l’innovation et la numérisation.
Au chapitre des plus importants investissements technologiques, la veille stratégique (VS) et l’analytique demeurent au premier rang année après année. On considère manifestement cette capacité comme étant la clé donnant accès à la valeur numérique. L’analytique de pointe (soit l’analyse prédictive et prescriptive) est essentielle à l’engagement des clients, des citoyens et des utilisateurs. L’analytique soutient les processus de médiation et d’échange de valeur qui ont lieu dans les écosystèmes numériques.
En ce qui concerne les autres investissements technologiques, le Canada se compare au total mondial, sauf pour ce qui est de la modernisation en matière de cybersécurité et de sécurité de l’information, à l’égard de laquelle les investissements prévus sont plus importants.
Dans un horizon un peu plus lointain, Gartner a demandé aux répondants de désigner les technologies les plus perturbatrices des cinq prochaines années. Encore une fois, désignée par 88 % des répondants canadiens, l’analytique de pointe a volé la vedette, mais l’Internet des objets et les technologies associées aux machines intelligentes (apprentissage-machine, préposés à la clientèle virtuels, réalité augmentée et autres) commencent à faire leur apparition. La Blockchain semble représenter légèrement plus qu’un simple point sur le radar; les organisations canadiennes et multinationales (principalement dans le secteur des services financiers) expérimentent au moyen de cas d’usage cette architecture qui suscite beaucoup d’attention.
Chris Howard est vice-président et analyste chez Gartner, ainsi que chef de la recherche au sein d’un groupe de recherche de Gartner qui vise les directeurs des services d’information.
Lire aussi :
L’infonuagique entame sa deuxième décennie