La firme R3D Conseil souhaite embaucher cent consultants. Son haut dirigeant Bernard Roy traite des défis liés au comblement de postes dans le secteur du service-conseil, qui n’échappe pas aux enjeux de recrutement de la main-d’oeuvre en TIC.
Les difficultés de recrutement de personnel touchent à toutes les sphères de l’industrie des technologies de l’information et des communications dont les organisations font l’objet d’un développement des activités en interne ou d’une progression des activités commerciales. Alors que la pénurie de main-d’oeuvre est vécue depuis quelque temps dans certains secteurs comme celui du développement de jeu vidéo, le même enjeu se manifeste maintenant de façon plus prononcée dans le créneau du service-conseil, du moins de façon plus remarquable.
Récemment, la firme de services-conseils R3D Conseil de Montréal a suscité l’attention en publiant un communiqué intitulé « Un PDG à la recherche de 100 candidats pour lui succéder », où elle manifeste son désir d’ajouter cent consultants de niveau intermédiaire et de niveau supérieur à son équipe qui compte environ 440 employés. La firme, active dans les marchés des organisations publiques, des services, des finances et de l’assurance et de la fabrication et de la distribution, a même établi un site Web nommé Place au talent où elle présente ses activités, sa philosophie d’entreprise ainsi que les postes à combler dans ses bureaux à Montréal, à Québec, à Toronto, à Paris en France, à Burlington aux États-Unis et à Mexico au Mexique.
Le président et chef des opérations de R3D Conseil, Bernard Roy, explique que la firme fondée en 1996 a fait l’objet d’une croissance interne « extrêmement rapide » au cours des deux dernières années, alors que l’économie n’était pas au beau fixe.
« Nous terminerons notre année financière le 30 juin prochain avec une croissance de 95 % en 24 mois, alors que nous sommes passés de 225 à près de 440 employés, explique-t-il. À voir la réceptivité de nos offres et de notre positionnement par les clients dans le marché, nous pensons qu’en ayant les bonnes ressources et les bons talents on peut générer les opportunités qui tiendront ces gens occupés. Mais lorsqu’on met une pression de la sorte sur le recrutement, c’est sûr que la machine de développement des affaires se doit d’être bien alignée. »
Secteur différent, mêmes enjeux
Or, le besoin de combler plusieurs postes n’est pas unique à cette firme. Au gré de la reprise économique, les clients des firmes de services-conseils ont amorcé de nouveaux projets technologiques qui nécessitent du personnel afin de les concrétiser. L’intérêt envers les services des consultants est à la hausse.
M. Roy reconnaît que le secteur du service-conseil fait face à des défis liés à disponibilité de la main-d’oeuvre qui sont similaires à ceux qui sont rencontrés dans d’autres secteurs des TIC. Il estime que l’obtention et la rétention du personnel constituent présentement un challenge qui s’intensifiera dans le futur.
« Pour être capable d’attirer et garder des gens de talent, il faut leur offrir un environnement de travail qui permet de répondre à leurs ambitions, indique-t-il. Le salaire est une condition de base – il faut être compétitif sur le marché – mais ce n’est pas l’élément qui va permettre d’attirer et de retenir les gens. C’est beaucoup plus l’environnement de travail, où l’on donne des défis aux personnes, où l’on offre une bonne intégration au sein de l’équipe, une bonne politique de ressources humaines et un mentorat qui permet aux gens de grandir au sein de l’entreprise. »
« Il faut que les gens aient l’impression de contribuer au succès de l’entreprise et il faut avoir les éléments en place qui démontrent clairement qu’on reconnaît la performance des gens, à l’aide de différents mécanismes », ajoute-t-il.
Contrecoups des perceptions
M. Roy reconnaît que la perception véhiculée auprès des étudiants au début des années 2000 à propos de faibles perspectives d’avenir dans l’industrie des TI, en raison du ralentissement « post-Bogue » et de l’éclatement de la « bulle techno », a eu aussi un impact sur la relève dans le secteur du service-conseil.
« C’est très malheureux qu’après le phénomène de l’An 2000 on ait manqué de communiquer auprès des jeunes la transformation que vivait l’industrie, commente M. Roy. Il est clair que certains métiers n’existent plus au niveau local et sont maintenant exécutés dans des pays en voie de développement, où les coûts sont moins élevés. Mais en parallèle toute une nouvelle informatique s’est créée, qu’on parle du jeu vidéo ou bien de la transformation des entreprises avec l’implantation des TIC, où la connaissance de la technologie et de la business devient de plus en plus importante. »
« Le phénomène de désintéressement des jeunes envers l’inscription en informatique à l’université est bien malheureux, parce qu’on se rend compte aujourd’hui que le manque de ressources en informatique est encore plus grand que dans le passé. »
Toutefois, M. Roy reconnaît que l’apport d’une formation aux TIC de personnes dont le cheminement académique est lié à des domaines d’affaires constitue une piste de solution qui permettra d’élargir le bassin de la main-d’oeuvre en service-conseil.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.