Le PDG de Twitter, Jack Dorsey, a annoncé mercredi que l’entreprise finançait une équipe de recherche pour développer une nouvelle « norme ouverte et décentralisée pour les médias sociaux », en partie pour résoudre certains problèmes actuels de ces plateformes.
Dans une série de tweets, Dorsey a fourni quelques précisions sur le projet, appelé BlueSky.
La vision à long terme consiste à rendre le fonctionnement des médias sociaux disparates plus uniforme, un peu à la manière de la messagerie électronique. Les internautes pourraient ainsi communiquer entre eux d’un réseau social à un autre, quel que soit celui qu’ils utilisent.
Les médias sociaux se basent actuellement sur un modèle centralisé, c’est-à-dire un système où l’ensemble des utilisateurs et des données dépendent d’une même entité.
Dans ce cas-ci, il s’agit du propriétaire du média social.
Dorsey voudrait plutôt que toutes les plateformes fassent partie d’un même réseau ouvert, avec plusieurs points de contrôle et des standards de fonctionnement communs.
Selon lui, des normes techniques partagées permettraient aux utilisateurs de gérer plus facilement la façon dont ces réseaux recommandent le contenu. Cela pourrait réduire la tendance à guider les utilisateurs vers les publications controversées dans l’espoir de les garder engagés, estime le PDG.
Un modèle décentralisé aiderait aussi les réseaux sociaux à appliquer plus efficacement des règlements contre les discours haineux et autres abus similaires, notamment en leur permettant de faire connaître ces règles à moindre coût.
Comme l’a rappelé Dorsey, au moment de sa fondation, Twitter « était tellement ouvert » que beaucoup de gens supposaient qu’il opérerait selon des normes décentralisées. Cependant, « pour diverses raisons, toutes réfléchies à l’époque, nous avons choisi une voie différente », a expliqué le PDG.
Il pense que le temps est venu de renouer avec cette vision initiale. Soit l’équipe de recherche trouvera un standard existant sur lequel s’appuyer, soit elle concevra un tout nouveau modèle. Twitter deviendra éventuellement un client de ce modèle.
On retrouve déjà des plateformes sociales qui fonctionnent avec un système décentralisé, dont le plus connu reste Mastodon, un réseau social au code source libre souvent employé comme solution de rechange à Twitter.
Contrairement à ces projets, qui ont eu du mal à attirer des adeptes, Twitter possède une base d’utilisateurs de plus de 300 millions de personnes. Cette grande popularité pourrait donner à Dorsey plus de pouvoir pour instaurer de nouvelles normes et convaincre d’autres réseaux sociaux d’y adhérer.
Le PDG affirme toutefois être conscient que ce processus pourrait prendre plusieurs années.
Reste à voir si Facebook, qui domine actuellement l’industrie avec plus 2 milliards d’utilisateurs, soit prêt à céder le contrôle de sa plateforme à une coalition externe.