La récession n’a pas frappé partout avec la même violence et la reprise est déjà bien en selle dans de nombreuses économies locales. Auquel cas, on peut s’attendre à une reprise lucrative du marché mondial du PC ainsi que de ses pendants régionaux, des marchés où la mobilité est désormais la plate-forme dominante. Analyse.
Si on se fie à des rapports consensuels publiés plus tôt cette semaine par deux grandes firmes américaines de recherche, Gartner et IDC, 2010 sera une très bonne année en ce qui a trait à la vente de PC, particulièrement du côté mobile, cela non seulement au niveau mondial, mais dans tous les marchés régionaux. Encore mieux, cette providentielle période d’ensoleillement pourra s’étendre sur plusieurs années.
Par contre, on verra probablement, d’ici la fin de 2010, les très petits blocs-notes (Netbook, Ultrathin, Ultralight, Smartbook ou Mininotebook) s’effacer des grandes vitrines; leur effet sur le marché s’étant retourné contre eux.
D’affirmer Gartner, la production mondiale de micro-ordinateurs, toutes classes confondues, sera cette année de 366,1 millions d’unités, soit une augmentation de 19,7 % sur 2009 alors qu’elle était de 305,8 millions d’unités. Vu autrement, on peut dire que les acheteurs dépenseront 245 milliards de dollars US, une augmentation de 12,2 % par rapport à l’année précédente.
Reste que le segment propre aux etbooks et autres bidules de la même farine ne représentera que 5 % de l’ensemble du marché mondial des PC, précise IDC. Est-ce la fin de ce genre d’ordi ? Certains observateurs le pensent en s’adonnant probablement au réconfort du « wishful thinking ». Personnellement, je connais des gens qui viennent de s’en acheter et qui semblent satisfaits, mais je sais que la grogne anti-netbook est facile à déterrer sur le Net.
L’engouement dont ont bénéficié jusqu’ici ces petits appareils, des PC minimalistes turbinant généralement sous Windows XP ou Linux, a forcé les fabricants à abaisser le prix de leurs blocs-notes et de leurs tablettes. Un bel exemple de cette poussé vers le bas est le Coby, un Smartbook sous Windows CE qui, selon le Webzine Engadget, pourra se vendre aussi peu que … 85 $, soit le prix de deux cartouches d’encre.
Mais cette tendance où on voit s’estomper l’écart entre le prix moyen d’un netbook et celui d’un vrai bloc-notes s’achève. Selon IDC, elle va se poursuivra encore quelque temps en 2010, pour atteindre, finalement une sorte de plateau, phénomène qui ne devrait pas trop tarder. La demande étant en forte croissance, l’offre n’a plus à se solder.
C’est que pour les très petits ordis, le mal est fait. Puisque les blocs-notes se vendent désormais à prix fort concurrentiels, par exemple ceux de Dell ou ceux de HP, bien des gens n’hésitent plus à s’en procurer un. Idem pour les entreprises; on ne voit plus l’avantage économique. À plus forte raison qu’on voit un nombre croissant de modèles offrir le WiMAX sur puce, voire même le 3G lui aussi sur puce. Tant et si bien, prévoit Gartner, que ce segment sera responsables de 90 % de la croissance du marché mondial du PC d’ici les trois prochaines années. Tandis qu’en 2009, les blocs-notes représentaient 55 % de l’ensemble dudit marché, on parlera plutôt de 70 % en 2012 (Gartner) et pour 2010, le chiffre pourra être de 60 % (IDC).
Autre raison justifiant la stagnation du marché des très petits ordis, les nouveaux ULV PC (ultra-low-voltage) attirent une certaine clientèle. Ces machines qui peuvent avoir la taille d’un vrai bloc-notes sont articulées autour d’un processeur à très basse consommation énergétique comme le Pentium SU2700 d’Intel. Côté prix, elles arrivent à peu près à mi-chemin entre le Netbook et le bloc-notes.
Même phénomène à l’enseigne des tablettes. 2010 sera l’année où différents modèles feront leur apparition, dont le déjà célèbre iPad d’Apple. Gartner estime qu’il s’en vendra au-delà de 10 millions toutes marques confondues. À moins de 800 $, bien des consommateurs préféreront la nouveauté d’une tablette à l’adaptation miniature d’une machine Windows. Surtout qu’avec le « nuage » où les services Web se développent de plus en plus, bien du monde saura se satisfaire pleinement d’un produit au potentiel aussi ludique que le iPad.
Pendant ce temps-là, la vente des gros PC de table, alias les « Desktop PC », va continuer à diminuer, sauf peut-être dans certains marchés dits émergents. Tout au plus, la catégorie « All-in-one » de ce type d’appareil va croître encore pendant quelque temps. IDC estime qu’en décembre prochain, cette famille de PC représentera 10 % du marché mondial des ordis de table. On ne parle pas vraiment, ici, du bas de gamme, mais d’un créneau design, pour ne pas dire « kioute », où la plupart des fabricants ont des modèles.
Leurs prix, moniteur ACL inclus, semblent osciller entre 600 $ et 1 000 $, ce qui ne représente guère une économie par rapport à des machines plus costaudes. Par exemple, effet proconsommateur du « bras de fer offre / demande », je viens de m’acheter chez Dell.ca un Core 2 Quad de 1,5 GHz (Intel), avec 6 Go de RAM, carte vidéo de 1 Go (ATI), disque de 1 To, moniteur ACL 20 pouces, Ethernet 10/100/1000, etc. pour 986 $CAN, livraison et taxes comprises.
À souligner, les PC à écrans tactiles, soient-ils mobiles ou sédentaires, ne généreront pas d’emballement en 2010. D’une part, le foisonnement logiciel propice à un engouement n’est pas de la partie. D’autre part, puisque les gens ne se ruent pas sur ce type de machines, les développeurs d’applications se font discrets.
Ici, c’est le syndrome de la saucisse Hygrade à l’envers.
Nelson Dumais est journaliste indépendant, spécialisé en technologies de l’information depuis plus de 20 ans.