Un des responsables technologiques à la Gendarmerie nationale française souligne l’importance qu’ont joué les pairs lors d’un projet majeur de migration.
Lors d’un entretien à propos d’un projet de migration de quelque 80 000 postes de travail, le colonel Xavier Guimard, sous-directeur de l’anticipation et de la coordination au Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure à la Gendarmerie nationale, confirme qu’un des points importants du succès d’un tel projet est l’adhésion des utilisateurs finaux.
Le colonel Guimard souligne que la portion la plus difficile et complexe du projet impliquait la suite de bureautique et un calendrier partagé. Les autres composantes et applications qui ont été touchées par la migration avaient les mêmes icônes et apparences qu’auparavant, ce qui a créé peu ou pas d’enjeux chez les utilisateurs.
À propos de la suite de bureautique, la migration a été présentée aux utilisateurs non pas en fonction des économies possibles, mais plutôt des avantages qu’elle procurerait aux utilisateurs et à l’organisation.
« Nous avions un problème de dispersion des versions d’Office – de Word 95 à Word 2002 – dont les licences avaient achetées en même temps que les ordinateurs. Le premier point positif était que nous allions tous avoir le même logiciel », indique M. Guimard.
Le deuxième point positif de la migration avait trait à la rédaction de procès-verbaux, alors que le personnel utilisait de grosses “macros” – qui étaient presque des programmes en soi – pour piloter le formatage du document. Il a été décidé de créer un logiciel, nommé « e-care », qui a été constitué de macros créées par la direction générale de l’organisation, mais aussi de macros créées par des gens de terrain.
« On a fédéré tous nos développeurs en herbe et avons créé une communauté interne pour créer le logiciel de l’avenir, pour amener sur le terrain, en même temps que LibreOffice, un nouveau logiciel de rédaction de procédures qui serait beaucoup plus complet et qui basé sur LibreOffice », explique le colonel.
« Donc l’avènement de LibreOffice n’était pas vécu comme une uniformisation de plateforme qui emm… le monde, mais comme un nouveau service qui facilitait la vie des utilisateurs. Comme nous avions dorénavant une seule plateforme à gérer, cela nous a beaucoup simplifié la vie – parce qu’avant, sur les multiples versions d’Office, c’était ingérable. »
Soutien des pairs
Enfin, le colonel Guimard souligne que le soutien technique du logiciel e-care est communautaire, alors que les utilisateurs avaient déjà tendance à consulter les « développeurs en herbe » plutôt que la direction générale lorsqu’il y avait un problème à résoudre.
« En valorisant ces gens, les gendarmes ont continué d’utiliser la hotline Internet de cette communauté de développeurs, que nous avons soutenue et musclée. Une bonne partie de l’accompagnement du changement pour le logiciel s’est fait sous la forme de communauté libre, en interne », note M. Guimard.
« D’une part, l’adhésion est beaucoup plus forte, et d’autre part, la tolérance et l’acceptation des petits dysfonctionnements qui accompagnent la mise en place d’un projet est bien meilleure. Au lieu d’avoir une vue de bureaucrate qui veut imposer un logiciel, c’est des collègues de travail qui donnent un coup de main. Ils ont adhéré à la venue de ce logiciel, alors que cela aurait pu être mal vécu si cela avait été imposé par le haut. »
Le colonel Guimard sera de passage à Québec le 17 septembre prochain, dans le cadre du Salon du logiciel libre et des technologies ouvertes du Québec (S2LQ) où il prononcera une allocution à propos du projet de migration qui a été réalisé à la Gendarmerie nationale française.