ANALYSE Selon une nouvelle étude, cette fracture numérique est aggravée par le fait que les personnes qui n’ont pas accès à un ordinateur ont aussi des compétences en littératie nettement inférieures à celles des utilisateurs d’ordinateurs.
La fracture numérique au Canada, soit l’écart entre les personnes à faible revenu et celles à revenu élevé en ce qui a trait à utilisation de l’ordinateur et d’Internet, est bien documentée.
Toutefois, selon une nouvelle étude, les personnes qui affichent les compétences les plus faibles et qui pourraient donc bénéficier le plus des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies n’ont pas recours à ces dernières. C’est tout particulièrement le cas d’Internet, dont les avantages éventuels comprennent l’accès aux services gouvernementaux et de santé, aux renseignements sur l’emploi, au magasinage et à d’autres services.
L’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes, réalisée en 2003, a confirmé qu’il existe une forte association entre la littératie et l’utilisation de l’ordinateur et d’Internet ainsi que les attitudes à l’égard des ordinateurs.
Chez les Canadiens adultes de 16 à 65 ans, environ 9 millions, ou 42 %, ont obtenu en compréhension de textes suivis un score inférieur au niveau 3, soit le niveau minimal pour répondre aux demandes de compétences sans cesse croissantes d’une société du savoir.
Dans le cadre de l’enquête, on a vérifié les compétences d’un échantillon de plus de 23 000 Canadiens dans quatre domaines : la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes. L’enquête comprenait également un module portant sur les technologies de l’information et des communications (TIC) qui a permis de saisir des renseignements détaillés sur les taux de connectivité, l’utilisation des TIC et les attitudes à l’égard des ordinateurs.
Les autres pays visés par la présente étude sont les Bermudes, l’Italie, la Norvège, la Suisse et les États-Unis.
Relation entre la littératie et d’autres facteurs
L’étude montre que d’autres facteurs, comme l’utilité perçue de l’ordinateur, la diversité et l’intensité d’utilisation d’Internet et l’utilisation de l’ordinateur pour des tâches précises, augmentent en même temps que les niveaux de compétence en littératie. Ce résultat se vérifie même après prise en compte d’autres facteurs ayant une incidence sur l’utilisation de l’ordinateur, comme l’âge, le revenu et le niveau de scolarité.
Dans la plupart des pays, par exemple, les répondants ayant des niveaux de moyen à élevé de compréhension de textes suivis sont de deux à trois fois plus susceptibles d’utiliser intensivement l’ordinateur que ceux ayant des compétences en littératie inférieures à la moyenne. Inversement, les personnes n’ayant pas accès aux TIC ont aussi tendance à avoir de plus faibles niveaux de littératie que le reste de la population.
En outre, les personnes qui utilisent un ordinateur et qui ont des taux de littératie plus élevés sont beaucoup plus susceptibles d’avoir un revenu plus élevé.
Dans la plupart des pays, les adultes ayant des compétences en littératie moyennes ou élevées et utilisant intensivement l’ordinateur sont de quatre à six fois plus susceptibles d’appartenir au groupe de revenu supérieur que ceux ayant de faibles niveaux de littératie et une intensité de faible à moyenne d’utilisation de l’ordinateur.
Les attitudes à l’égard des TIC et l’intensité de leur utilisation varient aussi d’une région à l’autre. Généralement, les habitants du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de l’Ontario se situent à la moyenne nationale ou au-dessus de celle-ci pour ce qui est de l’utilisation de l’ordinateur, de l’utilisation d’Internet et des attitudes à l’égard des ordinateurs.
Parallèlement, l’enquête a révélé que les habitants du Yukon, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan ont des scores moyens nettement supérieurs à la moyenne nationale dans tous les domaines de compétences en littératie.
Quatre jeunes Canadiens sur dix (43 %) âgés de 16 à 25 ans utilisent l’ordinateur au foyer en moyenne une heure ou plus par jour, selon l’enquête. L’utilisation de l’ordinateur diminue avec l’âge, affichant une baisse particulièrement marquée après 55 ans.
L’utilisation intensive de l’ordinateur est un phénomène émergent particulièrement en Amérique du Nord. Les adultes canadiens et américains sont deux fois plus susceptibles que ceux des autres pays visés par l’étude d’utiliser l’ordinateur au foyer, en moyenne deux heures par jour ou plus.
L’étude révèle en outre que les hommes sont plus susceptibles que les femmes d’utiliser l’ordinateur pour diverses tâches dans les pays d’Europe examinés (Italie, Norvège et Suisse). Toutefois, cet écart entre les sexes ne s’observe pas au Canada, aux États-Unis ou aux Bermudes.
Cette analyse est fondée sur les données publiées au chapitre 8 du rapport international de Statistique Canada et de l’OCDE, Apprentissage et réussite : Premiers résultats de l’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (disponible en deux parties : partie 1, partie 2), diffusé le 11 mai 2005, ainsi que sur le rapport national diffusé le 30 novembre dernier, Miser sur nos compétences : Résultats canadiens de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes.