Artifice Studio est désigné lauréat du Mérite du français dans les technologies de l’information 2013 – catégorie Jeux et divertissement.
Il y a quelques années, Yan Pepin et Vincent Blanchard risquent le tout pour le tout. Ils quittent un emploi confortable chez l’un des géants du jeu vidéo, Electronic Arts, pour fonder leur propre entreprise, Artifice Studio. Leur objectif est noble : créer des jeux vidéo plus humains qui traduisent la culture et les valeurs québécoises.
Tous deux passionnés de contes et de légendes fantastiques, ils entreprennent la création du jeu Sang-Froid, dans lequel les loups-garous occupent une place prépondérante. « Nous étions conscients de l’actuelle popularité des loups-garous, mais nous ne voulions pas créer de créatures calquées sur celles de la culture anglo-saxonne. Nous voulions des loups-garous tels que ceux décrits par nos anciens », raconte l’un des cofondateurs d’Artifice Studio, Yan Pepin.
Par souci de faire vivre aux joueurs une aventure crédible, ils demandent à l’auteur à succès, Bryan Perro, titulaire d’une maîtrise sur les loups-garous, de les aider à rédiger la trame narrative du jeu. Leur association porte ses fruits et donne naissance à une histoire mettant en scène deux frères, Jack et Joe, qui doivent profiter de la lumière du jour pour installer des pièges, des trappes et des appâts afin d’affronter les loups-garous qui, le soir venu, tentent de capturer leur sœur dotée de pouvoirs magiques, Joséphine.
« Le jeu propose une jouabilité innovante qui s’apparente à celle des jeux de rôle. Ce qui distingue Sang-Froid des autres jeux, c’est qu’il combine des séquences d’action et de stratégie qui demandent aux joueurs d’être à la fois habiles et astucieux », soutient Vincent Blanchard, également cofondateur d’Artifice Studio. « Les joueurs sont moins forts que les loups-garous, mais plus rusés », ajoute-t-il.
Une percée sur le marché du jeu vidéo
En tant que créateur indépendant de jeux pour PC, Artifice Studio a dû faire preuve de persévérance et de courage pour se tailler une place dans un univers hautement compétitif. « Pour arriver à vendre notre jeu, nous nous sommes inscrits au concours Greenlight organisé par le plus grand distributeur de jeux vidéo en ligne au monde, Steam. Nous étions en compétition avec plus d’un millier de studios établis aux quatre coins du globe. Notre jeu s’est démarqué et nous avons obtenu suffisamment de votes pour décrocher une offre de distribution internationale », relate M. Pepin.
Lancé en mars 2013, le jeu obtient à ce jour le succès espéré. Il trouve preneur au Canada et aux États-Unis, mais sa popularité se fait particulièrement sentir en Allemagne, en Finlande, en Norvège et en Russie. Fiers de ce rayonnement, les deux acolytes considèrent avoir gagné leur pari : créer un produit qui, bien qu’universel, reflète une culture qui nous est propre.
Le français, une priorité
Bien que les versions française et anglaise de Sang-Froid aient été commercialisées, c’est d’abord en français que le jeu a été conçu. Les créateurs tenaient à ce que la trame narrative soit riche, complexe et respectueuse des québécismes, des acadianismes et des archaïsmes utilisés à l’époque de la Nouvelle-France. Toutefois, pour que chaque mot soit bien compris par l’ensemble des francophones, ils ont cru bon de sous-titrer le texte en français international.
Par ailleurs, la trame narrative et les sous-titres de la version anglaise ont été réalisés par un traducteur canadien de renom, Howard Scott. « Nous avons fait appel à M. Scott, car il est reconnu pour faire des traductions très fidèles au texte original. Il traduit, par exemple, en ayant le souci de conserver les rimes et les jeux de mots », explique M. Blanchard.
Quant au titre du jeu, il a fait l’objet d’une recherche rigoureuse, car les créateurs souhaitaient choisir un terme présent dans les langues française et anglaise. Après plusieurs recherches, ils ont découvert que « sang-froid » était répertorié dans le Merriam-Webster Dictionnary. « Nous étions heureux de découvrir un mot que nous pouvions utiliser en français et en anglais et qui représentait bien l’ambiance du jeu : le sang répandu par les loups-garous, la froideur du climat québécois et le sang-froid dont les joueurs doivent faire preuve pour gagner la partie », explique M. Pepin.
Ainsi, en créant un jeu aux accents folkloriques québécois et en lui donnant un titre à consonance francophone, ils ont démontré qu’il n’est pas nécessaire de se dépersonnaliser pour avoir un rayonnement international. « Au contraire, notre culture recèle des valeurs, des images et une poésie universelles », concluent les deux acolytes.
Direction informatique est partenaire du concours des Mérites du français dans les TI de l’Office québécois de la langue française.