S’il est une tendance assez évidente qui s’opère en ce moment dans le domaine de l’informatisation gouvernementale, c’est bien le passage vers les services en ligne.
Voici d’ailleurs une plutôt bonne nouvelle pour les revendeurs à valeur ajoutée qui ont développé au cours des dix dernières années des solutions spécialisées dans le domaine du Web et du multimédia pour leurs clients corporatifs.
Bien évidemment, le gouvernement ne part pas de zéro. Au contraire, plusieurs organismes provinciaux, fédéraux et municipaux ont été parmi les premiers à déployer des intranets, des sites Web qui ont souvent évolué vers des portails d’information pour se transformer, petit à petit, en sites transactionnels avec une composante extranet. La présence au Québec d’un ministre délégué au Gouvernement en ligne, Henri-François Gautrin, est plutôt bon signe.
Le CEFRIO suit et guide depuis plusieurs années le passage aux services en ligne. Luc Bernier de l’École nationale d’administration publique, s’est intéressé aux facteurs qui facilitent ou contraignent l’établissement du gouvernement en ligne et comment sa mise en oeuvre peut mener à une transformation importante de l’État. Son rapport de recherche, intitulé Technologies de l’information et gouvernance : une nécessaire transformation, a été réalisé dans le cadre du projet Services électroniques aux citoyens et aux entreprises du CEFRIO. Le chercheur explique que pour répondre aux demandes des citoyens, il faut améliorer la gouvernance. Et changer d’attitude. « La fonction publique est vieillissante et certains échecs comme le projet de gestion intégrée des ressources (GIRES), par exemple, ne poussent guère à endosser les services en ligne, explique le chercheur. Une des tendances actuelles importantes est la migration de certaines fonctions de l’État vers le secteur privé, le secteur social, les coopératives, etc. Ce qui peut être fait sous forme de partenariat. »
« Pour réussir, les partenariats doivent être développés entre organisations de taille comparable, être bâtis sur des contrats clairs et prévoir un partage des risques. Ils doivent être développés dans une culture de coopération et de gestion par résultats. (…) Les gouvernements peuvent aussi recourir massivement à la sous-traitance ce qui est une forme de partenariat. Le gouvernement américain a poussé très loin l’usage de services offerts par le secteur privé dans la réalisation de ses programmes depuis l’adoption, en 1998, de la loi Federal Activities Inventory Reform Act. Cette loi permet aux entreprises de soumissionner pour remplir des tâches qui ne sont pas proprement gouvernementales. Plus de 200 milliards $ en contrats sont attribués chaque année par le gouvernement américain. »
Voilà qui est plutôt encourageant pour les revendeurs à valeur ajoutée, les intégrateurs de solutions électroniques, les impartiteurs et autres firmes-conseils détenant l’expertise pour aider l’appareil gouvernemental à évoluer vers les services en ligne.
Enjeux technologiques
Dans la même veine, Anne-Marie Croteau de l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia, s’est pour sa part intéressée aux enjeux technologiques liés à la prestation électronique de services. Elle souligne dans son rapport, intitulé Gouvernance, architecture et infrastructure technologiques, que de réels efforts sont nécessaires pour qu’une gouvernance technologique soit définie, déployée et appropriée par les responsables de projets intra et interministériels.
« Bien que l’élaboration de documents offrant les orientations et les intentions stratégiques nécessaires à la réalisation d’une administration en ligne soit essentielle, il n’en demeure pas moins qu’une gouvernance technologique pour l’ensemble de l’État reste indispensable pour concrétiser ce projet, soutient la chercheuse. Cette mise en œuvre nécessite du leadership, des ressources, de l’imputabilité et du suivi. Ce sont en grande partie des solutions liées à la gouvernance technologique au niveau de l’État qui apporteront des réponses aux problèmes de déploiement et de gestion des ressources technologiques. »
Le CEFRIO tenait en mai dernier un vaste colloque international sur le gouvernement en ligne, intitulé Vers une nouvelle relation entre le gouvernement et les citoyens. Récemment, l’organisme a rendu disponible sur son site Web (www.cefrio.qc.ca) un microsite consacré à l’événement. On peut y visionner, moyennant des frais variant entre 20 $ et 30 $, les principales tables rondes et grandes conférences et télécharger gratuitement différents documents. L’accès est entièrement gratuit pour ceux qui étaient inscrits au colloque.