Les ministères des Finances et de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada (ISDE) ont annoncé hier dans une déclaration conjointe que le lancement de la Société canadienne de l’innovation (SCI), initialement prévu pour 2023, sera reporté à 2026-2027. Cela signifie que le SCI pourrait ne pas voir le jour s’il y a un changement de gouvernement après les prochaines élections générales d’octobre 2025.
L’intégration du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PAR CNRC) au SCI, annoncée en février, est par conséquent également reportée à 2026-2027. Entre-temps, le PAR CNRC continuera d’être géré par le CNRC, ont indiqué les ministères.
Le gouvernement avait déclaré en février de cette année que le SCI « ne sera pas simplement un autre organisme de financement », mais plutôt un « mandat ciblé et axé sur les résultats visant à augmenter les dépenses des entreprises canadiennes en R&D ». Le SCI aurait reçu 2,6 milliards de dollars canadiens sur quatre ans, avait annoncé le gouvernement dans le budget de février dernier.
Un haut responsable du gouvernement a déclaré au Globe and Mail que le retard est dû à la difficulté de créer une agence à partir de zéro et à la difficulté de trouver les bonnes personnes du secteur privé pour la diriger.
En fait, le gouvernement n’a toujours pas annoncé qui dirigera le SCI, bien qu’il ait promis en juin que le SCI serait opérationnel en 2023, avec un conseil d’administration et un exécutif.
Le président du Conseil canadien des innovateurs (CCI), un groupe de pression regroupant 150 entreprises canadiennes à forte intensité technologique, Benjamin Bergen, a qualifié ce retard de « nouvelle décevante pour les dirigeants de l’économie canadienne de l’innovation ».
« Lors de l’annonce initiale, nous avons applaudi le gouvernement pour la création de la Société canadienne de l’innovation, et nous étions enthousiasmés par l’approche rafraîchissante de la politique d’innovation qu’elle représentait. Près de deux ans plus tard, nous apprenons aujourd’hui qu’elle sera retardée de deux ans supplémentaires et, en réalité, il est peu probable qu’elle soit un jour pleinement établie comme nous l’espérions. »
Cependant, M. Bergen a salué la révision, également annoncée hier, du programme d’incitations fiscales à la recherche scientifique et au développement expérimental (RS&DE) qui, espère-t-il, apportera de la transparence aux bénéficiaires des incitations fiscales.
Ce programme, qui vise à encourager les entreprises à mener des recherches et du développement et à employer des travailleurs du savoir, offre environ 3 milliards de dollars canadiens d’incitations fiscales à plus de 20 000 demandeurs, dont 75 pour cent sont des petites entreprises.
L’annonce indique que des consultations débuteront le mois prochain sur une « modernisation sans coût additionnel » du programme.
En outre, elle indique que le gouvernement apporterait des améliorations à la Banque de développement du Canada (BDC), à la suite des recommandations issues d’un examen législatif. La BDC est une société d’État financière qui offre un soutien exclusif aux PME et aux entrepreneurs.
L’examen législatif a conseillé au gouvernement de renforcer le soutien aux entrepreneurs sous-représentés et d’améliorer la portée de BDC dans les régions mal desservies. Il concluait également que la BDC devrait revoir son « appétit pour le risque » afin de soutenir les entrepreneurs qui en ont le plus besoin.
« Le fait que le gouvernement ait entendu nos préoccupations concernant le manque d’appétit pour le risque de la BDC et sa réticence à soutenir nos entreprises les plus brillantes pour leur permettre de réaliser leur plein potentiel est positif », a déclaré Benjamin Bergen. « La preuve en sera dans les décisions concrètes de l’équipe de direction et du personnel de BDC au cours des mois et des années à venir, mais nous espérons qu’ils entendront haut et fort que le soutien qu’ils ont fourni jusqu’à présent n’est pas ce dont les innovateurs canadiens ont réellement besoin. »
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.