La semaine dernière, le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a présenté le projet de loi C-50, la Loi canadienne sur les emplois durables, qui mettra en place des lignes directrices et des mécanismes de responsabilisation et de transparence pour superviser la création d’emplois durables par le gouvernement et soutenir les travailleurs qui transitionnent vers une économie carboneutre.
Le projet de loi est l’un des 10 domaines d’action clés décrits dans le plan pour des emplois durables dévoilé en février pour guider les efforts de « transition juste » du gouvernement au cours des deux prochaines années.
Le gouvernement a annoncé l’engagement « Transition juste » en 2021 pour garantir que la transition vers la carboneutralité du pays soit juste et équitable pour les travailleurs.
« Les travailleurs dirigeront notre transition énergétique », a déclaré le ministre du Travail Seamus O’Regan Jr. « Ce sont les travailleurs qui savent comment accumuler des énergies renouvelables et réduire les émissions. Nous avons besoin d’eux. Nous en avons besoin de plus. »
Le Plan pour des emplois durables et la nouvelle législation sont le résultat de plus de deux ans de consultations avec les provinces, les territoires, les peuples autochtones, les travailleurs, les syndicats et d’autres intervenants.
Le plan a néanmoins suscité des critiques de l’opposition, notamment de certains responsables du gouvernement albertain, dont la première ministre Danielle Smith, affirmant que le plan de « transition juste » supprimera des emplois dans le secteur pétrolier et gazier de l’Alberta, l’un des plus importants du pays.
Le gouvernement n’a pas fixé d’objectifs de création d’emplois, mais cite de nombreuses études pour indiquer que le plan va, en fait, générer des milliers d’emplois.
Selon le plan, les emplois durables impliquent l’utilisation des compétences que les travailleurs canadiens possèdent déjà. « Plutôt qu’une pénurie d’emplois, au Canada, nous sommes beaucoup plus susceptibles de voir une abondance d’emplois durables avec une pénurie de travailleurs nécessaires pour les combler », indique-t-il.
Les critiques ont également mis en garde contre l’introduction de la législation, mais le gouvernement fédéral affirme que le projet de loi placera les travailleurs et les communautés au centre des politiques et de la prise de décision.
Le projet de loi comportera trois éléments principaux :
- Principes directeurs – Encourager le dialogue social et l’engagement, donc un consensus sur les voies vers une économie carboneutre ; soutenir la création d’emplois décents, en reconnaissant les besoins locaux et régionaux ainsi que les valeurs culturelles ; être inclusif et supprimer les obstacles à l’emploi, en particulier pour les groupes marginalisés.
- Structures de gouvernance – Recueillir les contributions du dialogue en cours pour concevoir, mettre en œuvre et suivre les programmes et les politiques ; veiller à ce que le gouvernement fédéral travaille avec des partenaires clés comme les provinces, les territoires, les groupes autochtones, les syndicats, etc.
- Exigence en matière de rapport – Publier un plan d’action fédéral pour des emplois durables tous les cinq ans à compter de 2025 et rendre compte des progrès des plans publiés précédemment pour s’assurer que l’approche du gouvernement demeure pertinente pour l’évolution de l’économie à faibles émissions de carbone
La législation a été appuyée par l’Union internationale des opérateurs-ingénieurs, Unifor, le Congrès du travail du Canada, les syndicats des métiers de la construction du Canada et la Fraternité internationale des ouvriers en électricité.
L’organisation environnementale 350.org a cependant déclaré que le plan ne va pas assez loin et laisse trop de place à l’industrie des combustibles fossiles pour bloquer les progrès.
« Prendre l’urgence climatique au sérieux signifie qu’il n’y a plus d’argent public pour de fausses solutions comme la capture, l’utilisation et le stockage du carbone qui ne feront qu’enfermer les travailleurs dans l’ère mourante des combustibles fossiles », a déclaré Amara Possian, chef de l’équipe canadienne de l’organisation dans un communiqué à la Presse canadienne.
Le projet de loi est actuellement en deuxième lecture à la Chambre des communes.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.