La semaine dernière, des représentants gouvernementaux des ministères de l’Environnement, de l’Industrie et des Ressources naturelles ont répondu aux questions des membres du Comité permanent de l’industrie et de la technologie (INDU), concernant l’industrie du recyclage de l’électronique, des métaux et du plastique au Canada, à la suite d’une motion adoptée en novembre de l’année dernière.
Les représentants du gouvernement ont détaillé les efforts de recyclage du gouvernement du Canada pour renforcer une économie circulaire.
« L’économie circulaire fournit un cadre alternatif et plus durable pour la conception, la production et la consommation de produits et de matériaux afin de les maintenir dans l’économie et hors des dépotoirs aussi longtemps que possible », a déclaré Sheryl Groeneweg, directrice générale, Secteur manufacturier de pointe et stratégie industrielle. « Tout cela à l’appui des efforts du gouvernement du Canada pour lutter contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution, tout en créant des possibilités de croissance propre et de création d’emplois ».
Certaines des initiatives de développement durable mentionnées par les témoins incluent :
- L’objectif pancanadien de zéro déchet plastique d’ici 2030, soutenu par un engagement de 275 millions de dollars canadiens
- La « Sustainable Critical Minerals Alliance » annoncée lors de la COP 15 en décembre 2022 pour intégrer les principes de l’économie circulaire dans les pratiques minières locales.
- L’interdiction des articles en plastique à usage unique et le respect de l’étiquetage des plastiques recyclables et compostables.
- La recherche et développement (R&D) sur les minéraux critiques pour réduire les risques liés à l’adoption de technologies.
Le gouvernement du Canada a fait de la durabilité son objectif principal dans l’annonce de son budget de 2023, soutenant des initiatives telles que des projets de technologies propres, des fabricants de technologies à zéro émission et de l’hydrogène propre grâce à des crédits d’impôt à l’investissement.
Il a également annoncé qu’il investirait dans la fabrication de batteries alors que l’industrie automobile se tourne vers les plates-formes basées sur les véhicules électriques (VE).
Néanmoins, les tensions sont montées lorsque les relations du gouvernement avec Volkswagen ont été soulevées par un membre du comité, qui a soutenu que le constructeur automobile avait un très mauvais bilan environnemental.
En mars, Volkswagen a annoncé que sa filiale PowerCo établira une usine de fabrication de batteries pour véhicules électriques (VÉ) à St. Thomas, en Ontario.
Le membre du comité a demandé combien d’argent avait été versé à Volkswagen pour construire cette usine de batteries, une information que la responsable gouvernementale a déclaré qu’elle ne pouvait pas divulguer.
« Je sais que le gouvernement allemand a offert à Volkswagen plus de 10 milliards de dollars pour avoir une usine de traitement de batteries au lithium dans ce pays. On parle beaucoup d’argent ici. C’est une question très simple », a déclaré Brad Vis, membre du comité. « Nous soutenons tous le développement de la technologie des batteries. Mais s’il y a de l’argent des contribuables à portée de main, c’est tout à fait pertinent pour l’étude et les opérations de ce gouvernement, et dans le domaine de ce dont nous discutons ici aujourd’hui. »
La requête pour obtenir ces informations a par la suite été rejetée comme « non pertinente ».
Cela n’a pas empêché le Comité de remettre en question le rôle du Canada dans l’extraction du lithium, un élément clé des technologies actuelles des batteries et des véhicules électriques. La plupart des questions sont toutefois restées sans réponse, notamment le nombre de demandes d’extraction de lithium actuellement auprès du gouvernement du Canada ; le représentant du gouvernement ayant promis de recontacter le membre du comité.
Les membres du Comité ont également remis en question les initiatives que le Canada a mises en place pour réutiliser les minéraux critiques et les matériaux de grande valeur tels que le fer, le cuivre et l’or trouvés dans les déchets électroniques afin d’alléger la pression sur l’extraction des minéraux critiques.
Les entreprises spécialisées dans l’élimination sécuritaire des appareils électroniques ont un rôle important à jouer pour s’assurer que les matériaux de valeur sont réabsorbés dans les secteurs manufacturiers, pour faire partie de l’économie circulaire, a expliqué Kimberly Lavoie, sous-ministre adjointe associée, Politique minière et Minéraux critiques.
Mais elle a également abordé les graves impacts environnementaux de l’installation de traitement du cuivre de Glencore Canada, la Fonderie Horne, qui a récemment engagé 500 millions de dollars dans des mesures de nettoyage pour réduire ses émissions.
« La situation particulière de la fonderie Horne est incroyablement malheureuse. C’est une ancienne fonderie. Elle existe depuis longtemps. Mais c’est la seule en Amérique du Nord qui recycle actuellement le cuivre. Et elle fait aussi le recyclage des déchets électroniques. Et donc l’objectif que nous poursuivons est de savoir comment nous pouvons permettre à cette fonderie de continuer à faire son travail important tout en protégeant la santé humaine.
En mars, le gouvernement du Québec a annoncé des dépenses de 86 millions de dollars canadiens pour éloigner 200 ménages de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda, au Québec, en raison de ses fortes émissions d’arsenic.
En outre, Sheryl Groeneweg a déclaré que les déchets électroniques sont à la fois un problème de gestion des déchets environnementaux et une opportunité économique. ISDE, par exemple, veille à ce que les anciens appareils électroniques soient détournés des dépotoirs vers une seconde vie, et sont souvent donnés aux personnes à faible revenu et aux écoles.
L’exportation de déchets électroniques a également été un sujet clé lors de la réunion.
Dany Drouin, directeur général, Direction de la gestion des plastiques et des déchets, a révélé que l’exportation des déchets plastiques n’est officiellement contrôlée que depuis le 1er janvier 2021 et que la grande majorité va aux États-Unis.
En général, les catégorisations des différents types de déchets et leur mouvement sont couverts par un traité international sur l’environnement, la Convention de Bâle, qui, à son tour, engendre les réglementations du gouvernement.
Dany Drouin a également ajouté que « la pierre angulaire du commerce est le consentement préalable donné en connaissance de cause. Ainsi, personne ne peut envoyer des déchets dans un pays qui n’a pas donné son consentement au préalable. Et ce faisant, le principe sous-jacent est que le pays peut affirmer qu’il peut gérer les déchets d’une manière écologiquement rationnelle ».
De plus, les représentants du gouvernement ont précisé certains obstacles au recyclage :
- Les considérations de transport et contraintes mondiales pour l’acquisition, par exemple, de ferraille d’acier.
- Les barrières à l’exportation sur la ferraille de leurs flux de déchets et de plastiques imposées par les pays.
- Les coûts énergétiques élevés pour traiter les plastiques en vue de leur recyclage
- Les barrières technologiques à la réutilisation des plastiques pour les emballages alimentaires, qui a ses propres normes.
- Les échecs du marché, les considérations de coût et la faible compétitivité dans le secteur du recyclage.
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.