Une société de logiciels espions commerciaux basée en Israël, dont la technologie de piratage d’iPhone serait utilisée par les gouvernements pour compromettre les téléphones des adversaires politiques et des journalistes, ferme ses portes.
La nouvelle des médias israéliens survient après que le Citizen Lab de l’Université de Toronto et Microsoft aient publié la semaine dernière des rapports sur l’entreprise, sa technologie et les victimes présumées.
Le journal israélien Haaretz a déclaré que QuaDream avait convoqué ses employés pour une audience préalable au licenciement dimanche. L’entreprise a subi d’importantes réductions d’effectifs, perdant même des équipes entières au profit de concurrents, alors qu’Israël continue de restreindre la vente de logiciels espions locaux à la suite de la pression américaine, indique l’article. CTech affirme que les rapports de Microsoft et Citizen Lab étaient « le dernier clou dans son cercueil ».
Selon CTech, QuaDream n’est pas pleinement active « depuis un certain temps », et on pense qu’il ne reste plus que deux employés dans ses bureaux, dont le travail consiste à s’occuper des ordinateurs et autres équipements.
QuaDream a été fondée en Israël mais vendue à l’Arabie saoudite, selon Haaretz.
Les sociétés commerciales de logiciels espions comme QuaDream et le groupe israélien NSO sont critiquées depuis plusieurs années – en particulier par Citizen Lab – pour avoir vendu de la technologie à des gouvernements autoritaires et autres qui ne respectent pas les droits civils.
L’année dernière, un chercheur du Citizen Lab a témoigné devant le Congrès américain sur la réduction de l’utilisation des logiciels espions par les agences américaines.
Le mois dernier, le président américain Joe Biden a publié un décret interdisant aux agences fédérales d’utiliser des logiciels espions commerciaux à moins d’avoir l’approbation de la Maison Blanche. Le lendemain, plusieurs pays, dont le Canada, l’Australie, le Costa Rica, le Danemark, la France, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni, se sont engagés à mettre en place « des garde-fous et des procédures robustes » pour garantir que tout logiciel espion commercial utilisé par leurs gouvernements est conforme au respect des droits humains universels, de l’état de droit, des droits civils et des libertés civiles.
Dans son rapport, Microsoft a déclaré que les échantillons qu’elle avait capturés montrent que le maliciel de QuaDream (que Microsoft appelle KingsPawn) exploite une faille dans le système d’exploitation iOS 14 d’Apple. Le maliciel serait déployé via la plateforme Reign de QuaDream, qu’elle vend aux clients.
Dans son rapport, Citizen Lab a déclaré que, grâce à la numérisation sur Internet, il pensait que ces clients se trouvaient en Bulgarie, en République tchèque, en Hongrie, au Ghana, en Israël, au Mexique, en Roumanie, à Singapour, aux Émirats arabes unis (EAU) et en Ouzbékistan.
Citizen Lab a pu identifier au moins cinq victimes en Amérique du Nord, en Asie centrale, en Asie du Sud-Est, en Europe et au Moyen-Orient. Parmi les victimes figurent des journalistes, des personnalités politiques de l’opposition et un employé d’une organisation non gouvernementale (ONG).
Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois.