Le Canada interdit aux employés d’utiliser TikTok sur les appareils du gouvernement

Les employés fédéraux se sont fait interdire d’utiliser l’application chinoise TikTok sur les appareils informatiques émis par le gouvernement canadien.

« À compter du 28 février, l’application TikTok sera supprimée des appareils mobiles émis par le gouvernement », a déclaré aujourd’hui la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, dans un communiqué . « Les utilisateurs de ces appareils seront également empêchés de télécharger l’application à l’avenir. »

« A la suite d’un examen de TikTok, le dirigeant principal de l’information du Canada a déterminé qu’il présente un niveau de risque inacceptable pour la confidentialité et la sécurité. »

La décision de supprimer et de bloquer TikTok des appareils mobiles du gouvernement est prise par mesure de précaution, indique le communiqué, en particulier compte tenu des inquiétudes concernant le régime juridique qui régit les informations collectées à partir des appareils mobiles, et est conforme à l’approche de nos partenaires internationaux. Sur un appareil mobile, les méthodes de collecte de données de TikTok offrent un accès considérable au contenu du téléphone.

« Bien que les risques liés à l’utilisation de cette application soient clairs, nous n’avons aucune preuve à ce stade que des informations gouvernementales aient été compromises. »

« Pour le grand public, la décision d’utiliser une application ou une plateforme de médias sociaux est un choix personnel. Cependant, les directives du Centre canadien pour la cybersécurité et du Centre de la sécurité des télécommunications recommandent fortement aux Canadiens de comprendre les risques et de faire eux-mêmes un choix éclairé avant de décider quels outils utiliser. »

Le Conseil du Trésor est chargé de conseiller le gouvernement sur les normes numériques pour les employés fédéraux.

L’annonce intervient après que le commissaire fédéral à la protection de la vie privée du Canada, ainsi que trois commissaires provinciaux à la protection de la vie privée, eurent lancé la semaine dernière une enquête sur TikTok, examinant comment la plateforme de diffusion vidéo collecte les données personnelles des utilisateurs canadiens.

L’enquête a lieu maintenant parce que les recours collectifs aux  États-Unis et au Canada ont été réglés, ont déclaré les commissaires dans un communiqué.

Cela survient également après que Washington eut interdit en décembre aux employés du gouvernement américain d’utiliser TikTok sur des appareils fédéraux. En février, la Commission européenne a suspendu l’utilisation de l’application TikTok sur ses appareils d’entreprise et sur les appareils personnels inscrits au service d’appareils mobiles de la commission. Les employés ont jusqu’au 15 mars pour la retirer de leurs appareils.

TikTok appartient à la société ByteDance de Pékin. Selon Newsweek, ByteDance n’est pas réellement enregistrée en Chine, mais est incorporée aux îles Caïmans.

Il y a des allégations selon lesquelles l’entreprise est proche du gouvernement chinois. Alors que la société insiste sur le fait que son PDG basé à Singapour, Shou Zi Chew, est indépendant, le mois dernier, le New York Times a déclaré que 12 anciens employés et dirigeants de TikTok et ByteDance pensaient que son pouvoir de décision était limité.

« Les décisions concernant le service – y compris les mesures visant à mettre l’accent sur la diffusion en direct et les achats sur TikTok – sont prises par Zhang Yiming , le fondateur de ByteDance, ainsi que par un haut responsable de la stratégie de ByteDance et le chef de l’équipe de recherche et développement de TikTok, ont déclaré des personnes qui ont refusé d’être identifiées par crainte de représailles », dit en partie l’article.

Shou Zi Chew doit témoigner devant le Congrès américain le 23 mars, selon CNN. Cela fait suite au témoignage du responsable de l’exploitation de la société devant le Congrès en septembre dernier.

On craint également que TikTok ne recueille les données privées des abonnés.

En juin dernier, Buzzfeed a signalé des fuites d’audio de plus de 80 réunions internes de TikTok montrant que des employés de ByteDance basés en Chine ont accédé à plusieurs reprises à des données non publiques sur les utilisateurs américains de TikTok.

En décembre, Forbes a rapporté qu’une enquête interne de ByteDance avait révélé que les employés avaient suivi plusieurs journalistes couvrant l’entreprise, accédant de manière inappropriée à leurs adresses IP et aux données des utilisateurs dans le but d’identifier s’ils se trouvaient dans les mêmes lieux que les employés de ByteDance.

En août 2020, Sécurité publique Canada a reconnu les préoccupations internationales croissantes concernant TikTok et les préoccupations présumées en matière de confidentialité dans une note de recherche citant les médias.

Être abandonné par le grand public dans les pays occidentaux à cause de ces allégations coûterait cher à TikTok et ByteDance en raison de l’utilisation massive de l’application dans le monde. Dans une tentative de calmer les critiques aux États-Unis, TikTok a créé l’année dernière une nouvelle division appelée US Data Security (USDS) « pour apporter une concentration et une gouvernance accrues à nos efforts continus pour renforcer nos politiques et protocoles de protection des données, protéger davantage nos utilisateurs et renforcer la confiance dans nos systèmes et contrôles aux États-Unis », a déclaré la société. L’objectif est de minimiser l’accès des employés de TikTok aux données des utilisateurs américains et de minimiser les transferts de données entre les régions, y compris vers la Chine, a-t-elle poursuivi.

« TikTok a essentiellement essayé de prouver que ses données sont isolées, de sorte que ses données américaines restent aux États-Unis et que ses données chinoises restent en Chine », a déclaré Kendra Schaefer, responsable de la recherche sur les politiques technologiques au sein du cabinet de conseil Trivium China basé à Pékin, tel que rapporté par Fast Company. « Mais il a été difficile d’apaiser les décideurs américains. »

L’article original (en anglais) est disponible sur IT World Canada, une publication sœur de Direction informatique.

Adaptation et traduction française par Renaud Larue-Langlois

Howard Solomon
Howard Solomon
Actuellement rédacteur pigiste, Howard est l'ancien rédacteur en chef de ITWorldCanada.com et de Computing Canada. Journaliste informatique depuis 1997, il a écrit pour plusieurs publications sœurs d'ITWC, notamment ITBusiness.ca et Computer Dealer News. Avant cela, il était journaliste au Calgary Herald et au Brampton Daily Times en Ontario. Il peut être contacté à hsolomon@soloreporter.com.

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