Avec l’accroissement des utilisateurs et des contenus, les réseaux s’engorgent et les serveurs lâchent prise. Les internautes s’impatientent, surtout lorsque le temps presse. Murphy doit être fier de sa « loi »…
Les technologies de l’information et des communications, notamment la réseautique, sont vantées pour leur instantanéité à transmettre les propos et les contenus. L’utilisation de l’ordinateur, d’appareils technologiques et de l’Internet ne cesse de s’améliorer à coups de gigahertz, de gigaoctets et de gigabits à la seconde.
Qui se souvient de l’époque où un PC à processeur de 486 MHz utilisait un modem 28 kb/s pour se connecter par une ligne téléphonique commutée à un fournisseur d’accès pour consulter des pages HTML à fond gris et échanger des courriels en format texte? Ou de l’époque où le téléphone mobile, gros comme une brique, faisait entendre la voix comme si l’interlocuteur parlait dans une boîte de conserve?
Aujourd’hui, les liaisons « permanentes » offrent des bandes passantes constamment élargies, afin d’envoyer et de recevoir des contenus à haute résolution et en grande quantité « en un rien de temps. » L’accessibilité au courrier électronique s’est démocratisée, puisque n’importe qui peut accéder « en tout temps » à un compte « gratuit »…
Or, l’écart se creuse de plus en plus entre la réalité et la théorie, surtout lorsque le temps presse.
Veuillez patienter…
Des internautes remarquent une multiplication des ralentissements et des interruptions auprès de leurs fournisseurs d’accès à l’Internet. Certains fournisseurs pointent du doigt l’échange de contenus lourds, notamment pour le partage illicite de fichiers, et imposent des restrictions lors des périodes de pointe afin d’offrir aux autres utilisateurs des performances décentes. Également, la quantité de contenus inutiles en transit, comme les pourriels, constituent une plaie de plus en plus béante, pour laquelle il faut espérer que de grands moyens seront pris pour mettre le grappin au collet des filous qui gaspillent cette précieuse bande passante.
Car l’utilisateur qui souhaite transférer rapidement des contenus légitimes, lourds ou légers, lui, subit de plus en plus de désagréments, surtout lorsqu’il n’a pas le temps d’attendre. C’est alors que la Loi de Murphy – si quelque chose de mauvais peut arriver, cela arrivera, surtout au mauvais moment – s’avère pertinente.
Ainsi, un courriel contenant des photos à haute résolution, qui sont attendues avec impatience par le destinataire, peut « rebondir » si le nombre d’octets dépasse la limite du compte chez le fournisseur d’accès du destinataire. Le courriel peut également « rebondir » si la boîte de réception du destinataire est pleine ou qu’un autre courriel au contenu lourd occupe déjà l’espace de ladite boîte.
L’internaute peut se rabattre sur un compte de courriel gratuit dont bon nombre de fournisseurs ont éliminé les limites. Toutefois, une panne de serveur chez ce fournisseur peut empêcher l’envoi ou la réception du courriel, ce qui fait monter la pression et accroître l’impatience d’un côté comme de l’autre de l’inforoute… Et peu importe le type de compte de courriel utilisé, la fameuse instantanéité n’est pas garantie, alors qu’un nombre croissant de courriels arrivent à destination des minutes, des heures ou des jours après l’envoi!
Le recours au transfert par l’entremise de l’espace disque offert par le fournisseur d’accès à l’Internet n’est pas nécessairement une alternative valable, alors que 5 mégaoctets octets d’espace se comblent trop rapidement. Il reste alors le transfert par la messagerie instantanée, pourvu que le destinataire soit devant l’ordinateur pour accepter le contenu envoyé… Ou qu’il n’y ait pas de panne de serveur!
Ces inconvénients causent des désagréments aux internautes à titre personnel, mais aussi à titre professionnel lorsque les contenus sont attendus impatiemment. Il reste le recours à un service payant d’hébergement en ligne, ou bien à un service de messagerie pour l’envoi d’un disque optique compact…
Les réseaux de communication mobile ne sont pas à l’abri de problèmes de la sorte. Les serveurs peuvent s’engorger ou tomber en panne, alors que les courriels et les minimessages peuvent d’arriver à destination plusieurs heures après l’envoi. Trop d’utilisateurs concurrents peuvent dégrader la qualité de la transmission de la voix ou allonger le temps de transfert des fichiers…
« En bout de ligne », les gens qui souhaitent échanger et interagir sont restreints dans leurs élans, et les embûches technologiques constituent en quelque sorte un bruit qui dérange la communication.
Utopie numérique?
Maintenant, comment résoudre le problème? Augmenter la bande passante et le nombre de serveurs? Les fournisseurs de services mobiles et filaires y oeuvrent, mais cette capacité accrue sera éventuellement utilisée au maximum. Repousser les limites des comptes de courriel et de l’hébergement chez les fournisseurs d’accès? Cela serait pratique, mais ce serait coûteux pour les fournisseurs qui refileraient inévitablement la facture aux clients.
Prioriser le trafic sur l’Internet et recourir à des barèmes de qualité de service? Ici encore, les fournisseurs exigeraient des sous pour cette valeur ajoutée. Augmenter les efforts pour éliminer les pourriels et les envois de contenus illicites? Les autorités impliquées dans ce dossier ne demandent pas mieux, mais les ressources humaines et financières sont limitées, sans compter que des pays et des fournisseurs refusent de coopérer. D’ailleurs, des internautes sont en colère contre leurs fournisseurs qui leur ont imposé des limites de téléchargement, alors que leurs forfaits stipulaient que le transfert était « illimité » – mais il s’agit d’un dossier fort complexe…
Néanmoins, alors que la quantité de contenus sur l’Internet augmentera considérablement au cours des prochaines années, alors que la production de contenus en haute définition qui sera bientôt à la portée de tous, il faudra faire un choix. Soit qu’il faudra augmenter la fiabilité et la capacité des composantes qui forment l’architecture de l’Internet et des moyens de communication électroniques, soit qu’il faudra se résigner à voir l’instantanéité de la Grande Toile comme une utopie…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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