PERSONNALITÉ DU MOIS Rémi Racine, président et chef de la direction de A2M, est la personnalité du mois de mai 2006 en TI au Québec.
Si certains accros se ruinent à vouloir trop jouer, il existe un autre jeu, qui soulève des passions pouvant conduire à de grandes choses. Le président et chef de la direction du développeur de jeux vidéo A2M, Rémi Racine, peut en témoigner.
À la tête d’une entreprise se classant parmi les trois premiers développeurs indépendants de jeux en Amérique du Nord, et le deuxième au Québec en termes d’employés, Rémi Racine récolte aujourd’hui les fruits de plusieurs années de persévérance. A2M vient de remporter Le Prix Performance PME 2005 (catégorie Technologies : Grande PME), décerné par le Journal Les Affaires en reconnaissance de sa contribution à la croissance économique du Québec.
De ce point de vue, les chiffres ne mentent pas : de 55 employés en 2001, A2M est passée à plus de 280 cette année. Son chiffre d’affaires de 17 millions de dollars en 2005 marquait une croissance de 300 % en quatre ans. Et ce n’est pas tout; la direction prévoit un bond supplémentaire de 40 % en 2006.
Et dire que Rémi Racine comptait consacrer sa carrière à la gestion immobilière. En effet, il se joint à l’entreprise familiale, en 1987, fraîchement diplômé en finances de l’UQÀM. Il y fait de la gestion de construction, avant de lancer sa propre affaire, deux ans plus tard. Suite logique des choses, car il rêvait déjà d’entreprenariat alors qu’il était étudiant.
Cependant, il brûle d’une flamme plus grande encore, celle de la technologie et du jeu vidéo. Passion qui ne s’est pas démentie depuis que, dans les années 70, il a tâté de son tout premier jeu : le Pong. La gestion d’immeuble ne lui donnant pas l’occasion d’assouvir cette attirance, il entreprend de développer des jeux avec un ami, en 1994. Les deux associés créent des produits de divertissement instructif (infotainment) sur CD-ROM, dont une histoire des Canadiens de Montréal.
Jusqu’en 1996, Rémi Racine mène ces activités en parallèle avec la gestion d’immeuble. Cette année-là, Behaviour – anciennement Malofilm – achète son entreprise de développement de jeux. Il devient alors président du groupe interactif de Behaviour. À ce titre, il est responsable des bureaux qu’exploite cette entreprise à Montréal, Québec et Toronto. Jusqu’à 72 personnes relèveront de lui.
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, il produit son premier jeu sur console, Jersey Devil, distribué par Sony, puis son premier jeu sous licence, Bugs Bunny, de Warner Brothers. En 1999, des investisseurs privés rachètent Behaviour, qui devient bientôt Artificial Mind & Movement (A2M). Entre-temps, le bureau de Toronto a fermé, et la nouvelle entreprise transfère à Montréal les activités du bureau de Québec. En 2000, 60 employés sont regroupés dans cette ville. A2M continue de produire des jeux sous licence, sur PlayStation 1, dont les Schtroumpfs et The Grinch.
L’organisation entreprend alors le virage vers PlayStation 2 et, à cette fin, investit massivement dans de nouvelles technologies. Commence alors une période difficile. « Cette étape a été laborieuse, commente Rémi Racine. Nous étions une jeune organisation, et nous n’étions pas prêts à ce changement. »
Malgré tout, le chiffre d’affaires passe de 6 à 9 millions de dollars de 2000 à 2004. « À partir de cette année-là, nous avons commencé à récupérer notre investissement », dit Rémi Racine. Les revenus, nous l’avons vu, bondissent à 17 millions de dollars l’année suivante. Pour le président, cet épisode est une démonstration des vertus de la patience. « Patient, je l’étais », dira-t-il. La direction a toujours gardé le cap, confiante que ses efforts finiraient par payer.
En plus des investissements dans la technologie, il invoque trois autres facteurs pour expliquer le succès d’A2M : le recrutement de talents externes à partir de 2004, y compris à l’étranger; l’utilisation du même modèle de développement, peu importe la plateforme à laquelle le jeu est destiné; et une très grande rigueur dans la gestion des projets, ce qui a permis à l’organisation de toujours livrer ses produits à temps et de se forger une excellente réputation à cet égard.
L’avenir s’annonce bien. Le carnet de commandes d’A2M est bien rempli, l’entreprise continuant à créer des jeux pour enfants, ainsi que pour un public de 13 ans et plus, au profit de clients comme Disney, Warner Brothers et Universal. Cette année, l’entreprise produira 10 jeux portables, et 4 pour consoles. Elle prévoit développer jusqu’à 12 jeux portables en 2007.
Même si l’industrie vit en ce moment un passage à vide, provoqué par un autre virage vers de nouvelles plateformes, Rémi Racine se dit confiant. « Ces périodes de transition sont difficiles pour les entreprises en général, mais très bonnes pour les meilleures d’entre elles. »