En théorie la télévision en haute définition procure une meilleure expérience en divertissement. Mais pour les « technophiles » de la première heure, la transition et l’adaptation vers le HD est une longue route…
La télévision, qui fait partie du paysage canadien depuis plus de cinquante ans, a entamé il y a quelques années une importante transition. Ainsi, le petit écran passera d’une diffusion en format conventionnel et en mode analogique à une diffusion en format à haute définition et en mode numérique.
Un nombre croissant de consommateurs ont déjà acheté ou reçu en cadeau un téléviseur HD et ont souscrit à un abonnement auprès des diffuseurs de signaux par satellite ou par câblodistribution. Les stations de télévision, pour leur part, déploient les équipements qui permettent de diffuser leurs contenus à haute définition. Chaque trimestre, quelques stations donnent le coup d’envoi à leurs chaînes de nouvelle génération. Plus d’une vingtaine de chaînes HD en français et en anglais sont déjà accessibles.
Aux États-Unis, les diffuseurs ont jusqu’au 17 février 2009 pour terminer la transition vers la haute définition. Au Canada, la date butoir est le 31 août 2011. C’est donc le début de la fin pour la diffusion d’images non entrelacées à 480 lignes de résolution.
Mais comment se passe la transition chez le consommateur?
Ceux qui ont fait partie de la première vague ont été les premiers à tirer profit d’une image plus détaillée. Ils ont déboursé plusieurs milliers de dollars pour posséder un téléviseur HD qui, dans la plupart des cas, possède des caractéristiques moindres que les modèles récents qui coûtent environ la moitié du prix. Pendant longtemps, ils n’ont eu accès qu’à un nombre limité de postes en haute définition.
Le nombre croissant de canaux disponibles en format HD a élargi leurs possibilités de visionnement de contenus en grande qualité visuelle (quant à la qualité du contenu, toutefois, c’est une autre histoire…). Depuis moins de deux ans, les consoles de jeu vidéo et les lecteurs de disques optiques en format HD DVD ou Blu-Ray leur ont permis de tirer profit de la grande qualité d’affichage offerte par leur écran à cristaux liquides, au plasma ou à projection arrière.
N’ajustez pas votre appareil
Mais du côté de la diffusion des canaux, la situation n’est pas nécessairement optimale. Par exemple, les amateurs de sports ou de films d’action peuvent remarquer la présence de pixels grossiers lorsqu’il y a des mouvements rapides à l’écran. À d’autres occasions, l’image semble délavée, parsemée de neige multicolore ou hantée par des fantômes. Ces désagréments font également partie du quotidien de plusieurs abonnés à la diffusion numérique des signaux conventionnels.
Les carences présentées à l’écran sont dues à de nombreux facteurs. Il peut s’agir d’un mauvais réglage du téléviseur, alors que peu de gens savent qu’il faut calibrer l’appareil comme on calibre un moniteur d’ordinateur. Il peut s’agir d’une faiblesse du signal, en provenance d’un réseau câblé d’un satellite, ce qui peut être amélioré par des ajustements réalisés par le fournisseur.
Toutefois, les niveaux de compression employés par les nombreux intermédiaires impliqués dans le processus de diffusion d’un signal ont un impact sur la qualité de l’image. Dans un monde idéal, un signal en haute définition serait envoyé en qualité optimale vers le foyer du téléspectateur. Toutefois, les limites de bande passante des technologies des distributeurs par satellite et par câble se traduisent par un partage d’un canal par plusieurs signaux. Les distributeurs doivent alors compresser le signal, ce qui se traduit par un compromis sur la qualité.
L’élimination de la diffusion de signaux analogiques, dans le cas des câblodistributeurs, et la mise en orbite de satellites à bande passante accrue, dans le cas des diffuseurs « par soucoupe », pourront dégager une plus grande marge de manœuvre. Mais l’augmentation du nombre de chaînes en format HD fait que la compression sera un mal nécessaire pendant longtemps.
Par ailleurs, la haute définition n’est pas de qualité optimale, puisque la plupart des stations de télévision diffusent en format entrelacé 1080i, donc avec moins de lignes affichées à l’écran qu’avec le format progressif 1080p…
D’autre part, il est à noter que bien des personnes sont déçues de la qualité de l’image des canaux conventionnels sur un téléviseur HD, ou même de la qualité de l’image des canaux à haute définition. Bon nombre de détaillants d’électronique et de grandes surfaces font la démonstration des modèles de téléviseurs HD avec un signal de piètre qualité puisqu’il est maintes fois dédoublé, ce qui n’aide pas le consommateur à obtenir une image juste. Heureusement qu’Internet est à portée de main, avec ses forums de discussion et ses critiques d’évaluateurs, pour aider l’acheteur à faire le bon choix!
Nostalgie hertzienne
Certes, la qualité des signaux ne peut que s’améliorer avec le temps, soit par le développement de nouvelles technologies de compression et par la mise à jour des équipements utilisés par les producteurs, les diffuseurs et les téléspectateurs. Mais il peut s’écouler bien du temps avant qu’une image à haute définition de moindre qualité soit améliorée, surtout s’il faut attendre la visite d’un technicien.
Ceux et celles qui ont connu l’époque de la réception des signaux par le biais des « oreilles de lapin » se souviendront des mouvements des bras qu’il fallait faire pour placer les antennes afin d’améliorer la qualité de l’image, ou bien des miracles que faisaient deux tampons en laine d’acier. D’autres se souviendront des aventures périlleuses qui survenaient lorsqu’il fallait grimper sur le toit pour ajuster l’antenne télescopique, pendant qu’une autre personne faisait le point sur les améliorations ou les dégradations de l’image à l’écran.
Mais à l’époque, le téléspectateur pouvait s’accommoder de la présence d’un peu de neige à l’écran, tant qu’il s’estimait chanceux de voir les contenus télévisés et qu’il n’y avait pas d’autres choix. Mais avec l’omniprésence de la technologie, il est fort à parier que les consommateurs seront très exigeants envers les fabricants d’équipements et les diffuseurs des signaux lorsque le HD sera le seul choix possible.
Alors, « haute définition » rimera avec « haute satisfaction »…
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.
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