L’application canadienne Alerte COVID a été mise à jour pour fournir des résultats plus précis.
Une nouvelle fonctionnalité permet maintenant aux personnes infectées d’inscrire la date d’apparition de leurs symptômes ainsi que la date de leur test de dépistage.
Ces informations supplémentaires aideront les utilisateurs à mieux estimer le moment où ils ont été le plus contagieux, a expliqué Santé Canada par communiqué.
Selon les directives de santé publique actuelles, les gens sont plus susceptibles d’être contagieux deux jours avant de présenter des symptômes.
Depuis le lancement de l’application le 31 juillet dernier, seuls 2 800 individus ont volontairement saisi leur clé unique dans l’application après avoir obtenu un résultat positif. Ce nombre ne semble pas correspondre à la tendance à la hausse des nouveaux cas au pays. Au cours des deux dernières semaines, le Canada a enregistré entre 2 000 et 3 000 nouvelles infections par jour.
Malgré la réticence initiale de plusieurs gouvernements provinciaux, presque toutes les provinces utilisent maintenant Alerte COVID. En date du 28 octobre, l’application avait été téléchargée 4,9 millions de fois, selon Santé Canada. Si chaque téléchargement correspond à un individu, environ 13 % des Canadiens auraient donc installé l’application.
Alerte COVID a été conçue par des agences gouvernementales canadiennes et des bénévoles de Shopify, avec un accent particulier sur la protection de la vie privée.
Le système génère un code aléatoire pour chaque utilisateur toutes les cinq minutes afin de garder les noms et les lieux géographiques confidentiels. Ces codes sont échangés entre les téléphones intelligents par Bluetooth. L’application estime la distance entre les usagers en se basant sur la force du signal qu’elle reçoit.
Elle enregistre une exposition potentielle lorsque deux usagers se trouvent à moins de deux mètres l’un de l’autre pendant au moins 15 minutes.
Un usager positif à la COVID-19 peut entrer une clé à usage unique fournie par les autorités sanitaires directement dans Alerte COVID. Cette clé donne à l’application l’instruction d’avertir les autres usagers qui ont été exposés à cet individu.
Afin de dissiper les théories selon lesquelles l’application est utilisée pour suivre les citoyens, Santé Canada a rappelé que le gouvernement a mis sur pied le Conseil consultatif de l’application d’avis d’exposition à la COVID-19 « pour veiller à ce que la solution respecte les normes les plus élevées en protection des renseignements personnels, en technologie et en santé publique. »
Les membres du Conseil, qui reflètent la diversité régionale et culturelle du pays, possèdent une expertise dans divers domaines, notamment la santé, la confidentialité, la gouvernance de données, la science et l’innovation. Ils aident à orienter la mise en œuvre et le fonctionnement de l’application.
Malgré les commentaires positifs de nombreux spécialistes en protection de la vie privée et la réussite de trois examens distincts du Centre canadien de cybersécurité, du Bureau du directeur de l’information du Canada et de BlackBerry, certains Canadiens hésitent toujours à installer l’application sur leur téléphone.
D’autres facteurs entravent également l’efficacité d’Alerte COVID. Comme l’entrée d’une clé unique pour indiquer une infection s’effectue sur une base volontaire, l’application n’a aucun effet si des personnes atteintes de la COVID-19 décident de ne pas procéder à cette étape. De plus, étant donné que l’application repose sur une connexion Bluetooth active et un système de mesure de la proximité, la détection ne s’exécute pas correctement si un de ces services est désactivé.
La confidentialité de l’application signifie également que les services de santé et les agences gouvernementales n’ont aucun moyen d’utiliser l’application pour mieux comprendre comment le virus se propage.
Des experts ont souligné que les dirigeants doiven travailler davantage pour apaiser les craintes des utilisateurs et favoriser l’adoption de l’application. Dans un récent article d’IT World Canada, Michael Geist, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit d’Internet et du commerce électronique a déclaré que l’application n’atteindrait pas sa pleine efficacité « sans un effort vigoureux pour s’assurer que le plus grand nombre possible de personnes [l’installent] ».
Il est difficile de savoir précisément combien de personnes doivent adopter l’application pour qu’elle soit efficace. Une étude de l’Université d’Oxford publiée en avril avait conclu qu’une majorité de la population — plus de 60 % — doit installer ce type de solution pour arrêter la propagation du virus lorsqu’il est encore au stade épidémique. Le rapport indiquait toutefois que des taux d’adoption plus faibles pouvaient aider à ralentir la progression de la pandémie. Depuis, les auteurs de l’étude ont révisé leur modèle, fixant le taux d’adoption à 15 % pour constater un effet.
La directrice générale du Groupe de travail COVID-19 de Santé Canada, Marika Nadeau, a récemment indiqué qu’« Alerte COVID peut aider à réduire la transmission à tous les niveaux d’adoption. »
« Plus nous sommes nombreux à utiliser l’application, plus elle est efficace. J’exhorte donc tous les Canadiens à contribuer à la lutte en téléchargeant Alerte COVID dès aujourd’hui », a déclaré la ministre du Gouvernement numérique, Joyce Murray, lors de l’annonce des mises à jour.
Les Canadiens qui souhaitent en savoir plus sur Alerte COVID peuvent appeler au 1-833-784-4397. L’application est disponible pour Android et iOS.