Votre ordinateur de poche peut vous offrir la téléphonie IP. Il suffit de choisir la bonne combinaison de logiciel et de services. Une convergence de communication qui peut se révéler intéressante.
Selon la firme d’analyse de marché ABI Research, dès 2008, il y aura déjà plus de 50 millions de téléphones hybrides cellulaires/voix sur IP et, selon la firme Gartner, d’ici 2010, tous les téléphones de type cellulaire seront des téléphones intelligents. La convergence s’en vient donc à grands pas et même en sens inverse puisque de nouveaux logiciels offrent la possibilité de transformer les ordinateurs de poche en téléphones IP, ce qui donne deux fois plus de potentiel à des appareils comme les Palm et permet à leurs utilisateurs d’accroître leur productivité.
Beaucoup d’entrepreneurs, de médecins, de chercheurs et de gens d’affaires ont un ordinateur de poche Palm qu’ils utilisent avec les applications intégrées et quelques autres logiciels. Peu d’entre eux cependant exploitent cet appareil pour téléphoner quand ce n’est pas un téléphone intelligent comme les Treo 600, 650 ou 700. Pourtant, c’est possible de le faire de façon très économique avec la plupart des modèles récents, en communiquant par voix sur IP (VoIP ou Voice over IP), autrement dit en téléphonant par Internet plutôt que par le réseau téléphonique.
Il y avait bien eu une tentative dans ce domaine ces dernières années, mais elle n’a pas duré faute de clientèle suffisante pour rentabiliser un tel service. Il s’agissait d’un petit logiciel du nom de Gphone for Palm (Pocket Gphone sur Pocket PC) qui permettait de téléphoner par Internet large bande depuis un Palm, mais la firme VL qui le produisait a décidé d’arrêter d’offrir le service quelques mois plus tard. Depuis, plus rien, puis, coup sur coup, nous avons reçu deux communiqués annonçant deux nouveaux logiciels, dont un ouvert qui permet de profiter des services d’un grand choix de fournisseurs de téléphone par Internet ou voix sur IP. Nous avons donc testé mobiVoip de MantraGroup et Articulation de Hampton Software.
Les logiciels mobiVoip et Articulation peuvent fonctionner sur la plupart des Palm Treo, Tungsten LifeDrive ou Zire sous Palm OS 5.0 ou supérieur qui permettent une connexion Wi-Fi, Bluetooth ou EV-DO. Les Palm LifeDrive, T|X, Tungsten C supportent directement le Wi-Fi alors qu’il faut ajouter une carte Wi-Fi vendue en option par Palm pour plusieurs autres appareils. Les Tungsten T3, T5 et T ainsi que les Zire 72 et Treo 650 peuvent également accéder à Internet par un routeur Bluetooth, mais la communication est plus lente et moins bonne qu’avec le Wi-Fi.
On peut utiliser le codec G711 si la bande passante est supérieure à 138 Kbps sinon il faut s’en tenir au codec GSM qui peut même fonctionner avec un modem 56K. La communication est meilleure avec un écouteur et un micro ou un adaptateur mains libres. Les Palm T|X et T5 ont besoin d’un adaptateur micro vendu séparément. Le Palm Tungsten C nécessite l’utilisation d’un micro-casque vendu par Palm ou fait pour les séries de téléphones 1299, 3300 ou 8000 de Nokia. Les deux logiciels peuvent prendre les numéros de téléphone à appeler directement dans la liste d’adresses du Palm.
mobiVoip
Au départ, mobiVoip était un système fermé avec un logiciel qui ne pouvait fonctionner qu’avec les services de téléphonie IP vendus par MantraGroup. Dans ce cas, le logiciel mobiVoip.prc est gratuit et on a juste à le télécharger pour l’installer sur l’ordinateur de poche. Pour s’en servir, il faut s’inscrire à l’un des plans de services de MantraGroup qui propose soit un service au mois à 11,50 $ (9,95 $US) limité au Canada et aux États-Unis; soit un service au mois à 17 $ (14,95 $US); soit un service facturé à l’appel valable pour 6 mois pour un minimum de 22,50 $ (19,95 $US) sur une base de 5 sous de la minute de conversation avec un vrai téléphone n’importe où au Canada ou aux États-Unis, plus cher au niveau international.
Comme pour la plupart des autres services de voix sur IP, il n’y a pas de frais pour téléphoner d’ordinateur à ordinateur avec un autre membre du service. On peut aussi s’acheter un numéro de téléphone local pour que d’autres personnes puissent nous rejoindre sans frais d’un vrai téléphone, mais ce service n’est pas encore disponible pour les régions de Québec et Montréal, ce qui ne devrait cependant pas tarder selon la compagnie. Depuis quelques semaines, cependant, MantraGroup vend une version SIP (Session Initiation Protocol) autonome de son logiciel qui permet de s’en servir avec les services de plusieurs compagnies comme Vonage, Inphonex, VoicePulse, Asterisk PBX, Voxee, Teliax, Stanaphone, SipPhone, FWD, FonoSIP, IPTel.org, etc. Le prix du logiciel est alors d’environ 46 $ canadiens.
Articulation
De son côté, le logiciel Articulation a été le premier logiciel ouvert s’adaptant à la plupart des services de téléphonie IP basés sur le protocole SIP, le plus utilisé actuellement dans le domaine de la voix sur IP. Il faut débourser 43 $ canadiens pour en faire l’acquisition. On a juste à télécharger le logiciel et à l’installer. On ne peut cependant s’en servir qu’une fois qu’on a choisi un fournisseur de services de voix sur IP, ce qu’on peut faire parmi les suggestions faites par Hampton Software. Dans ce choix, nous avons opté pour StanaPhone qui offre les meilleurs tarifs, soit 1,6 sou de la minute pour téléphoner à n’importe quel téléphone au Canada et aux États-Unis.
Cela fonctionne très bien en choisissant le codec approprié à la largeur de bande Internet (codec GSM pour faible bande passante) et en sélectionnant le mode silence suppression, un mode qui évite de surcharger la communication en transmettant des données entre les paroles. C’est beaucoup moins cher que le cellulaire pourvu qu’on ait accès à Internet par un lien Wi-Fi ou Bluetooth. On peut aussi passer par les réseaux EDGE ou EVDO avec les Treo 650, mais cela revient vite cher à cause des coûts de ces communications cellulaires, 3 minutes de conversation représentant environ 1 Mo de données transférées. On peut tester le logiciel Articulation avant de l’acheter, pour voir la qualité vocale, par exemple, mais pour des communications téléphoniques de trente secondes seulement.
Les deux logiciels fonctionnent très bien sur un réseau Internet à large bande sans fil, avec une excellente qualité de son qui se rapproche de celle des téléphones cellulaires numériques. La communication est de qualité moyenne avec un accès Internet par satellite à cause du temps de latence lors de la communication en amont. Néanmoins, ce qui nous a le plus surpris, c’est que le résultat était meilleur avec un modem 56K qu’avec Internet par satellite, mais cela ne donne pas grand-chose puisqu’on passe à ce moment-là par le réseau téléphonique.
On peut entrevoir une quantité d’applications possibles comme téléphoner sur un réseau sans fil dans un hôpital, où l’utilisation des téléphones cellulaires est interdite, ou le faire d’un point d’accès Wi-Fi public à bien moindres frais qu’avec un téléphone cellulaire. Tout cela en attendant l’appareil idéal à la fois ordinateur intelligent, téléphone cellulaire et téléphone de type voix sur IP. On commence à en voir quelques-uns qui tendent vers cet idéal, mais tous ont encore un petit quelque chose qui leur manque.