La Société des arts technologiques de Montréal voit enfin se pointer à l’horizon la fin des travaux de rénovation et d’agrandissement de ses locaux. La pièce de résistance est un immense dôme qui offrira une expérience immersive unique.
Le personnel de la Société des arts technologiques (SAT) constate avec le sourire que les travaux de modernisation de leurs locaux du boulevard Saint-Laurent arrivent à leur fin.
Le centre transdisciplinaire de recherche et création, de production, de formation et de diffusion de la culture numérique, qui a été fondé en 1996 et qui est établi depuis 2003 sur la Main près du boulevard René-Lévesque, doit reprendre possession de ses locaux en 2011.
Depuis février 2010, un projet de modernisation de la SAT, d’une facture avoisinant les 8 millions de dollars, vise à fusionner plusieurs locaux sous une seule adresse civique – soit le 1201 Saint-Laurent – par la transformation de la quasi-totalité des lieux. Après plusieurs délais reports, le personnel de la SAT qui est hébergé temporairement dans un étage du Monument-National situé en face, ainsi que les personnes qui fréquentent l’institution à des fins de création ou de divertissement, a hâte de rentrer au bercail.
Lors du passage de Direction informatique, des plâtriers, des soudeurs, des monteurs de structure et d’autres ouvriers s’affairaient à achever des travaux d’envergure. Le guide de la visite, le directeur administratif de la SAT Ghyslain Boileau, a rappelé que l’édifice principal a longtemps hébergé au rez-de-chaussée un marché alimentaire fréquenté par les communautés immigrantes dès les années 60, et au deuxième étage une salle de billard.
Dans l’entrée, un escalier aux marches en béton traversées de fibre optique offrira un effet translucide grâce à un rétroéclairage programmable. La cage d’escalier vitrée donnera une vue transversale des activités qui se dérouleront sur les trois étages de l’édifice.
« Des gens venaient ici pour assister à des conférences, pour suivre des cours, pour les soirées technos ou pour faire de la recherche, mais ils ne savaient pas ce qui s’y passait. Ils pourront constater que la SAT est un centre multidisciplinaire », a expliqué M. Boileau.
La disposition du rez-de-chaussée ressemblera à la configuration précédente, à l’exception d’un monte-charge ajouté derrière l’escalier, et d’une régie technique qui surplombera la portion de la salle qui est au fond de l’édifice. Près du comptoir du bar recouvert de matériaux de protection, on pouvait apercevoir les éléments d’une oeuvre lumineuse interactive nommée PIXINESS de l’artiste Axel Morgenthaler. L’oeuvre de 3,6 mètres de hauteur par 18 mètres de longueur
Modélisation de l’oeuvre Pixiness d’Axel Morgenthaler (SAT)
sera composée de 980 globes – ou « pixels » montés sur douze prismes motorisés, dont l’endos est recouvert de miroirs, qui pourront être orientés vers l’intérieur ou l’extérieur de l’édifice.
Le dôme
En empruntant exceptionnellement un large escalier de secours, imposé dans le cadre de la mise aux normes des lieux, on atteint le troisième étage qui a été ajouté par-dessus l’ancien toit de l’édifice, qui a été remplacé par une dalle de béton de 500 tonnes. En entrant dans la grande salle à aire ouverte, nommée « Sensorium », la vue de l’immense dôme encore en construction a coupé le souffle: le dôme, dont l’extérieur est par une membrane métallique, était tapissé de bois et d’acier en vue d’accueillir un écran en demi-sphère de 18 mètres de diamètre.
L’écran, composé d’une membrane d’aluminium perforé, cachera 157 haut-parleurs qui pourront être configurés en grappes de plusieurs façons.
L’intérieur du dôme en construction (Dominic Paquin/SAT)
Derrière l’écran, huit projecteurs alimentés par des serveurs vidéo projetteront à l’aide de faisceaux croisés jusqu’à 30 images à la seconde, à une résolution proche de celle qu’offre un téléviseur à haute définition.
Dans sa configuration de base, l’écran offrira une vision à 360 degrés sur l’axe horizontal et à 180 degrés sur l’axe vertical. Toutefois, l’ajout de panneaux permettra de hausser à 210 degrés la vision sur l’axe vertical, en faisant poursuivre la sphère jusqu’au sol. Plus encore, le dôme pourra être soulevé afin d’y ajouter des panneaux encore plus grands, afin de porter à 230 degrés la vision sur l’axe vertical.
M. Boileau a expliqué que le dôme pourra être utilisé aux fins de création artistique et de divertissement, en cinéma ou temps réel, mais qu’il pourra également servir à des applications commerciales, par exemple aux fins de la modélisation. Des démarches sont déjà réalisées dans certains créneaux. « Les gens y voient un potentiel, mais nous sommes condamnés à montrer réellement ce qu’on peut offrir », a indiqué M. Boileau.
Le nouvel étage aura une capacité d’accueil maximale de 700 personnes, alors que 300 à 350 personnes pourront se tenir debout sous le dôme en configuration à 180 degrés. À la droite du dôme, une grande salle sera consacrée à un laboratoire culinaire qui alliera aliments et arts technologiques.
Le nouvel étage, le dôme et la terrasse (Dominic Paquin/SAT)
Une porte vitrée donnera accès à une terrasse en bois.
Au deuxième étage, où on trouvera des bureaux administratifs, on y retrouvera un laboratoire de création, soit une salle où l’on pourra procéder à des expérimentations à l’aide d’un dôme de 12 pieds, ainsi qu’une salle de production. De salles seront consacrées aux travaux liés aux expérimentations sur des réseaux à haut débit et à la réalité augmentée. On y retrouvera aussi une salle dédiée à des travaux de recherche en partenariat avec le CHU Sainte-Justine sur l’utilisation de projets artistiques afin d’améliorer la vie quotidienne à l’hôpital.
Enfin, au sous-sol de l’édifice, on retrouvera des salles de formation, trois espaces de création pour les artistes ainsi qu’une salle dédiée à l’archivage et à la conservation des travaux artistiques et technologiques réalisés à la SAT, dont tout le matériel a été conservé depuis les débuts du centre.
Il faudra attendre jusqu’en mars 2011 avant que le Sensorium soit accessible.
Assurément, le dôme de la Société des arts technologiques constituera un élément intéressant du paysage visuel du boulevard Saint-Laurent. Par ailleurs, tout à fait par hasard, l’immeuble situé derrière la SAT est une mosquée, dont le toit est surmonté… d’un dôme en cuivre.
(Voir cette photo publiée dans un journal étudiant de l’Université Concordia)
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.