Une première rencontre d’un groupe de femmes oeuvrant dans le secteur des TIC démontre l’implication et l’intérêt des dames dans une industrie où elles n’occupent que le quart des postes.
Tout récemment, dans les locaux du Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal, se tenait la première rencontre du groupe d’intérêt « Femmes en TI » de la section montréalaise de la Fédération de l’informatique du Québec (FIQ).
Une soixantaine de femmes de tous âges se sont réunies après le travail pour fraterniser et échanger avec des consoeurs de l’industrie. Elles ont notamment assisté à une entrevue, menée par la journaliste Suzanne Laberge, de Marie Lapalme, la fondatrice, présidente et directrice générale de l’entreprise Audisoft Technologies, qui conçoit et commercialise des systèmes sans fil et mains libres de communication audiovisuelle.
L’entretien avec la femme d’affaires, qui a grandi avec ses trois soeurs sur la ferme et dans l’épicerie de la famille, a permis de constater son intérêt pour l’entrepreneuriat et sa passion pour les technologies de l’information et des communications. Elle a expliqué que le produit phare d’Audisoft a été développé à l’origine pour aider son fils sourd à mieux saisir les propos de ses professeurs en classe. Aujourd’hui, les systèmes de communication de l’entreprise sont utilisés dans divers secteurs industriels et ont même été utilisés au sommet de l’Everest et du Kilimandjaro. Les produits de l’entreprise qui compte 25 employés sont commercialisés sur tous les continents.
Motivation
Mme Lapalme, qui a travaillé pour une entreprise de services-conseils en TIC avant de fonder son entreprise en 1997, a indiqué qu’elle n’avait pas ressenti d’animosité de la part des collègues masculins de l’industrie dans le cadre du travail. Au contraire, elle a dit qu’elle avait pu se démarquer lors des présentations de projets à prépondérance masculine, alors qu’elle retenait davantage l’attention.
Ce n’est que dans le cadre d’un voyage d’affaires au Moyen-Orient, où la perception des femmes est différente de celle qui prévaut en Amérique du Nord, qu’elle a confié à un collègue masculin les fonctions d’interaction commerciale avec les interlocuteurs, sans toutefois s’en formaliser. Elle dit ne pas avoir rencontré beaucoup de barrières au cours de son cheminement de carrière. « Dans chaque élément négatif, il y a une opportunité à saisir », croit Mme Lapalme.
En essence, elle a fait état d’une grande ouverture de la part des collègues masculins au travail collaboratif avec les femmes qui oeuvrent dans l’industrie québécoise des TIC.
Mme Lapalme a dit aux femmes de l’auditoire qu’elles devaient s’attendre à quelques incertitudes dans l’aventure de l’entrepreneuriat, ce qu’elle avait déjà vécu lors des hauts et des bas du commerce familial dans sa jeunesse. Elle a souligné l’importance d’être passionnée et motivée, d’avoir de la discipline et de bien gérer son temps. À propos de la conciliation du travail et de la famille, elle a indiqué que les femmes d’affaires avaient tendance à se mettre plus de pression et à se sentir plus coupables de ne pas passer assez de temps avec leurs conjoints et leurs enfants. Elle a toutefois indiqué que l’emploi des outils technologiques lui permettait de mieux gérer son horaire et de travailler à la maison.
« Il faut être bien dans ce que l’on fait », a-t-elle affirmé.
Satisfaction
Marie-Noël Pichelin, la directrice des communications au CRIM, est la coresponsable du groupe d’intérêt « Femmes en TI » avec Martine Paulet, la présidente de la firme Via Gestion. Elle manifeste sa satisfaction à la suite de la tenue de cet événement pilote.
« On ne savait pas trop à quoi s’en tenir. On s’attendait à avoir vingt, puis quarante personnes, et finalement nous avons eu 68 personnes. Cela a vraiment dépassé nos attentes », indique-t-elle.
Mme Pichelin précise qu’un programme d’activité est en chantier pour la saison 2008-2009, alors que Lyne Bouchard, de la firme DMR, et Sylvie Gagnon, de l’organisme TechnoCompétences, ont déjà confirmé leur intention de participer à titre de conférencières, selon un thème apparenté à la « direction au féminin » ou à la « gestion au féminin. » Les organisatrices du groupe d’intérêt ont également l’intention d’inviter une ou deux femmes du milieu universitaire et de secteurs autres que le noyau central du secteur, pour montrer la variété du travail des femmes en TI.
« On veut en quelque sorte valoriser l’informatique, qui fait un peu peur aux femmes. On veut montrer qu’il y a beaucoup d’emplois en TI et qu’il y aura un gros problème de pénurie, alors qu’il y a moins de 25 % de femmes qui sont dans le domaine des TI au Québec », explique-t-elle.
Mme Pichelin ajoute que l’événement a permis de constituer un réseau d’échange et de réseautage où des liens ont été établis entre les femmes et les organismes et les entreprises présentes.
La prochaine conférence du groupe d’intérêt devrait avoir lieu au mois de septembre à un moment et dans un lieu qui sont encore à déterminer.
Jean-François Ferland est journaliste au magazine Direction informatique.