ORGANISATION DU TRAVAIL Chez SAP, qui exploite des laboratoires de conception de produits à plusieurs endroits, dont Montréal, l’internationalisation comporte des avantages, mais aussi quelques enjeux.
La mondialisation est une réalité controversée, mais indéniable dans l’industrie des technologies de l’information et des communications (TIC), et le concepteur de logiciels d’entreprise SAP vit pleinement ce phénomène avec un réseau de laboratoires établis sur trois continents. Dennis Moore, le directeur général de la Division des solutions émergentes, estime que l’internationalisation du développement dessert favorablement le travail de création des solutions pour une clientèle également mondiale, bien qu’elle comporte sa part d’enjeux.
La firme SAP, fondée en Allemagne en 1972, compte des laboratoires de conception de logiciels en Bulgarie, en Chine, aux États-Unis, en Hongrie, en Inde, en Israël ainsi qu’au Canada, plus précisément à Montréal depuis 1998 et à Toronto depuis une récente acquisition. Chaque laboratoire comporte des champs d’expertise, mais les ressources humaines de ces centres collaborent régulièrement au développement d’applications destinées à une clientèle composée de plus de 30 000 organisations.
Lors d’un récent passage à Montréal, Dennis Moore a indiqué qu’il était d’intérêt pour son entreprise de trouver non seulement les meilleurs programmeurs là où ils se trouvent, mais également d’avoir accès à des personnes qui apportent une perspective nouvelle à une problématique donnée.
« À chaque fois que nous ajoutons une nouvelle organisation à notre réseau, nous y gagnons beaucoup en trouvant des ressources qui comportent des différences au niveau de la compréhension des processus d’affaires, des visions, des points de vue et des mentalités. La somme de ces différences se retrouve dans nos produits qui sont ainsi mondialement vendables et adaptés à l’ensemble des clients », a-t-il expliqué.
Défis amplifiés
Un Californien qui œuvre pour une entreprise allemande, Dennis Moore convient du caractère controversé de la mondialisation, mais il croit que l’approche aboutit à un meilleur choix et en une qualité accrue pour la clientèle. Néanmoins, il constate concrètement que le développement de logiciels, qui génère en soi bon nombre de défis, en produit davantage lorsqu’il s’exerce à l’échelle internationale. Il n’y a alors d’autres choix que d’adapter ses pratiques.
« La simple procédure d’établir un point de rencontre est difficile lorsqu’une partie d’une équipe de développement est en Inde et l’autre en Israël et qu’il faut obtenir des visas, mais l’emplacement de notre siège social est pratique à cet effet. Mais à quelle heure doit-on se rencontrer, alors que l’Allemagne a neuf heures d’avance sur la Californie et que Bangalore en a douze et demie ? Je dois donc me lever très tôt très souvent pour parler avec les gens avec qui je travaille… », a-t-il indiqué.
« Il y a des enjeux simples et il y a des enjeux complexes : quand quelqu’un dit « oui », est-ce que cela veut dire la même chose dans chaque pays ? Nous avons beaucoup à apprendre, culturellement parlant, sur la façon de travailler dans une organisation multiculturelle. Dans nos centres, nous avons fréquemment des personnes qui proviennent d’ailleurs. Il y a des Allemands à Montréal, des Canadiens à Palo Alto, des Américains en Allemagne… Il a beaucoup de contacts interculturels et beaucoup de formation est réalisée à propos de sujets interculturels dans l’entreprise », a-t-il ajouté.
M. Moore a indiqué qu’un centre, au bout de quelques années, trouve un rythme et atteint un bon niveau de productivité grâce à une approche où chaque emplacement porte son attention sur le développement d’un élément particulier. « Cela permet de créer une masse critique sur un sujet donné, ce qui permet de faire assez de travail sans avoir à réaliser constamment des conférences internationales par téléphone ou par Internet. »
S’il estime que la mondialisation deviendra une compétence de plus en plus précieuse dans chaque industrie, le directeur de SAP a dit croire que les gouvernements doivent soutenir ceux et celles qui en subissent les effets négatifs — lors des pertes d’emploi en raison d’un transfert d’activités – en leur offrant des occasions de développement de nouvelles compétences. « La mondialisation a plusieurs bons côtés, mais elle peut également déranger la vie de plusieurs personnes », a-t-il conclu.