La sous-filiale d’Intercâble ICH, qui exploitait un réseau à large bande à l’île de la Réunion, n’a pu obtenir du financement additionnel et risque la liquidation. Bilan de trois années marquées par des retards, un litige juridique et des difficultés de financement.
Intercâble Africa, une sous-filiale de l’entreprise Intercâble ICH de Montréal qui implantait et exploitait un réseau de télécommunications à large bande à l’île de la Réunion, n’a pu s’entendre avec ses créanciers Absa Bank et The Mauritius Commercial Bank pour obtenir un financement additionnel ou un délai de la date de remboursement de prêts relais.
En conséquence, Intercâble Africa doit rembourser des facilités de crédit depuis le 31 juillet 2010 et la filiale d’exploitation Intercâble Réunion, qui était une filiale de Intercâble Africa qui était à son tour une filiale d’Intercâble ICH, fait l’objet d’un « processus d’administration judiciaire ». Ce processus judiciaire pourrait aboutir en « une liquidation » de l’entreprise.
Selon un communiqué de presse publiée le 30 juillet 2010 après la fermeture des marchés boursiers, tous les membres du conseil d’administration d’Intercâble ICH ont démissionné. Avant leur départ, ils ont mandaté le président, chef de la direction et fondateur d’Intercâble ICH, Guy Laflamme, de « transiger toute affaire » pour le compte d’Intercâble ICH.
Il n’a pas été possible de déterminer ce qu’il adviendra de l’entité Intercâble Africa et de l’entreprise Intercâble ICH au terme d’une possible liquidation d’Intercâble ICR. M. Laflamme n’a pas dpnné suite à une demande d’entrevue produite par Direction informatique.
Retards et financement
Intercâble ICH, qui a été fondée en 2002 sous le nom de Eptheca Solutions, avait amorcé l’implantation de son infrastructure technologique et la desserte de premiers clients à l’île de la Réunion au début de 2008.
Intercâble ICH devait amorcer ses activités en avril 2007, mais une longue analyse coûts/bénéfices de ses choix technologiques, des retards de fabrication et de transport de composantes, des retards administratifs dans l’obtention de permis, des retards dans la découverte de l’emplacement des locaux et des retards dans la recherche de financement avaient retardé le projet.
Intercâble ICH et ses filiales ont obtenu plusieurs investissements et prêts relais au cours des trois années suivantes. Dès le début de décembre 2008, Intercâble ICH faisait part d’une « situation financière difficile » et d’une urgence d’obtenir du financement « à très court terme ». Intercâble ICR rapportait des revenus de 33 210 $ et une perte nette de 2,2 M$ pour les neuf premiers mois de son année financière qui avait pris fin en septembre 2008.
Cet état de situation évoquait un prêt de la banque commerciale The Mauritius Commercial Bank, qui est une filiale de MCB Equity Fund. Ce dernier fonds d’investissement était un des actionnaires d’Intercâble ICH. La Mauritius Commercial Bank a prêté à Intercâble ICH un total de 4,5 millions d’Euros entre août 2008 et mars 2009.
En février 2009, Intercâble ICH a créé la filiale Intercâble Africa (ICA). Dès mars 2009, cette filiale détenait tous les actifs de la filiale Intercâble Réunion (ICR) qui chapeautait les activités d’Intercâble ICH dans l’Île de la Réunion. Cette filiale a ensuite contracté plusieurs prêts à relais et investissements qui étaient destinés au financement des activités d’implantation d’infrastructure et d’exploitation commerciale d’Intercâble ICR.
En mai 2009, l’entreprise faisait le point sur une « situation irrégulière », alors qu’elle n’avait pu déposer ses états financiers et d’autres documents pour l’année financière 2009. Intercâble ICH soulignait qu’elle avait obtenu, en avril 2009, une facilité de crédit de 13 millions d’Euros de des africaines Absa Bank et Mauritius Commercial Bank.
Quelques jours plus tard, Intercâble publiait finalement les résultats de son année financière 2008, qui faisaient état de revenus de 53 387 $ et d’une perte nette de 9 M$.
À la fin d’août 2009, Intercâble ICH indiquait que les six premiers mois de son année financière 2009 s’étaient soldés par des revenus de 429 437 $ et une perte nette de 4,8 M$. L’entreprise avait obtenu aussi un prêt-relais de 20,8 M$ d’une firme d’investissement et de la Mauritius Commercial Bank.
Litige juridique
D’autre part, Intercâble ICH était aux prises avec un litige juridique qui l’opposait au fournisseur de services de télécommunications France Télécom (maintenant nommée Orange), qui est présent dans l’Île de la Réunion.
Les deux parties avaient signé des conventions qui permettaient à Intercâble ICH de louer l’infrastructure de génie civil de France Télécom, mais cette dernière alléguait que Intercâble ICH aurait utilisé les infrastructures sans autorisation avant la signature des conventions. Ce litige avait entraîné l’arrêt durant plusieurs mois des travaux d’installation d’infrastructures par Intercâble dans une portion du territoire. L’entreprise avait poursuivi ses déploiements par d’autres moyens ailleurs sur l’île de la Réunion.
À la fin de 2009, les deux parties avaient réglé une partie du litige qui les opposait.
Autres retards
En février 2010, Intercâble ICH annonçait que le dirigeant Pascal Laflamme était remplacé à titre de directeur général de la filiale Intercâble ICR. M. Laflamme devait alors oeuvrer à établir une stratégie de développement commercial pour Intercâble ICH dans l’Océan Indien et sur le continent africain.
Intercâble ICH avait ajouté qu’elle cherchait encore du financement afin d’assurer la poursuite de ses activités. Alors que les neuf mois complétés de son année financière rapportaient des revenus de 718 453 $ et une perte nette de 10,5 M$, le bilan pour le dernier trimestre et l’année financière 2009, terminée le 31 décembre 2009, faisaient l’objet d’un retard.
Ces résultats, finalement publiés à la fin d’avril 2010, faisaient état de revenus de 1,6 M$ et d’une perte nette de 9,3 M$ pour l’année 2009.
En avril 2010, Intercâble Africa avait obtenu 2 millions d’Euros en financement intérimaire. Toutefois, une interdiction d’opérations sur valeurs avait été imposée par la bourse TSX à Toronto le 3 juin dernier, en raison d’un retard de publication des résultats financiers du premier trimestre de l’année financière 2010.
Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.