Intel a signé une entente avec la Federal Trade Commission (FTC) qui met un terme à la poursuite intentée en décembre 2009 par l’organisme américain de réglementation de la concurrence contre le numéro un mondial des microprocesseurs pour abus de position dominante.
Le Bureau de la concurrence de la FTC soutient que l’entente, dont les détails financiers n’ont pas été dévoilés, vise à empêcher Intel de recourir de nouveau aux pratiques anticoncurrentielles alléguées dans la poursuite et à restaurer la concurrence dans l’industrie des microprocesseurs. «L’entente permettra également à Intel d’innover et d’offrir des prix compétitifs», soutient l’organisme dans le communiqué détaillant l’accord.
Dans sa plainte, la FTC alléguait qu’Intel a mis de l’avant une campagne systématique pour empêcher ses rivales d’avoir un accès libre au marché. Ce faisant, Intel a privé les consommateurs d’innovations conçues par ses compétiteurs du côté des microprocesseurs, ces puces de petite taille qui agissent comme le «cerveau» des ordinateurs personnels.
«Ce règlement démontre que la FTC est prête à s’attaquer aux tactiques anticoncurrentielles, même si elles sont menées par des entreprises très puissantes dans une industrie qui progresse rapidement», a affirmé le président du conseil de l’organisme, Jon Leibowitz.
L’entente touche les microprocesseurs, les cartes graphiques et les puces et empêche Intel «d’utiliser des menaces, des prix de gros ou d’autres offres spéciales visant à nuire à ses compétiteurs ou à la vente de produits concurrents.» Intel se voit également retirer le droit de décourager les manufacturiers d’ordinateurs personnels d’acheter des produits concurrents en se basant sur des tests de performance.
Compilateur
La FTC soutient qu’Intel a notamment mené une campagne de menaces et de récompenses auprès des plus importants fabricants d’ordinateurs personnels dans le monde, dont Hewlett-Packard, Dell et IBM, pour les forcer à ne pas acheter de produits conçus par ses rivales.
De plus, Intel aurait secrètement modifié les paramètres d’un logiciel clé, connu sous le nom de compilateur, afin de pénaliser délibérément la performance des produits conçus par ses compétiteurs. Un compilateur est un logiciel qui permet de transformer des programmes écrits en instructions directement compréhensibles par le microprocesseur.
Intel aurait donc lancé une campagne affirmant que divers logiciels performaient mieux lorsqu’ils fonctionnaient en association avec ses microprocesseurs. Dans les faits, les différences provenaient en grande partie de la modification des paramètres du compilateur.
L’entente avec la FTC forcera Intel à dévoiler publiquement les paramètres de ce logiciel et à indemniser tous les fabricants de logiciels qui voudront tester leurs produits avec un autre compilateur.
L’entente prévoit également qu’Intel devra modifier ses ententes de propriété intellectuelle avec Nvidia, AMD et Via. L’objectif de cette mesure est que les trois entreprises puissent tisser des liens entre elles ou avec d’autres sociétés sans être menacées de poursuites par Intel pour contrefaçon de brevets.
L’offre est soumise aux commentaires du public jusqu’au 7 septembre, après quoi la FTC pourra l’entériner définitivement.
Denis Lalonde est rédacteur en chef au magazine Direction informatique.