Depuis avril 2011, la firme de services-conseils CIA de Québec est redevenue une entité distincte par le rachat de la participation majoritaire qui était détenue par Groupe CGI. Deux de ses dirigeants expliquent leurs motivations.
La firme de services-conseils CIA de Québec, en avril dernier, a célébré son dix-neuvième anniversaire d’existence par un retour officiel à une indépendance corporative.
Or l’indépendance de cette firme, qui oeuvre dans les domaines des banques, de l’assurance, du transport et du secteur public, revêt un caractère singulier : la démarche a consisté en le rachat par des investisseurs de la participation de 66 % dans l’entreprise qui était détenue par Groupe CGI, l’une des plus importantes firmes de services-conseils au Québec.
Rencontré récemment dans le bureau montréalais de l’entreprise, Ghyslain Rivard, qui est le fondateur, le président et le chef de la direction de CIA, a raconté la tournure des événements. Il a expliqué que la firme CIA a vu le jour en 1992 lorsqu’une dizaine d’employés oeuvrant au niveau des technologies de l’information au sein du Mouvement Desjardins, au siège social de l’institution financière à Lévis, ont choisi de fonder leur propre entreprise.
Mais à la sixième année d’existence de CIA, Groupe CGI a pris une participation minoritaire dans la firme de services-conseils. Au fil des années, CGI a poursuivi l’achat de parts dans la firme de Québec, jusqu’à en détenir une participation de 66 % en 2010.
Toutefois, l’année dernière, la direction de CIA a annoncé à son actionnaire principal qu’elle souhaitait procéder au rachat des parts.
« Nous voulions reprendre notre indépendance sur les décisions, a expliqué M. Rivard. Nous voulions reprendre le contrôle sur notre développement futur, dans l’intérêt de nos clients. »
En bons termes
M. Rivard a indiqué que la présence de sa firme au sein d’un grand groupe ne procurait pas la flexibilité voulue au niveau décisionnel. Lors de mandats d’implantation, la firme de services-conseils de Québec se sentait toujours arrimée à la « grande famille » de l’actionnaire majoritaire.
« Lorsque nous faisons des recommandations à nos clients, nous ne voulons pas leur vendre des produits et des solutions maison, mais nous voulons plutôt bien les conseiller », a déclaré M. Rivard.
Interrogé quant à la réaction de Groupe CGI lors de l’annonce des intentions de CIA, M. Rivard a dit que la grande firme, qui envisageait une intégration complète des activités de son entreprise, « ne l’avait pas vu venir ».
« Mais nous nous sommes laissés en bons termes, en nous serrant la main », a-t-il souligné.
Expansion et embauche
Au même moment où la firme retrouvait son indépendance, CIA a joint à son équipe les deux investisseurs qui ont contribué financièrement à la démarche. Il s’agit de Pierre Turcotte, qui occupe le poste de premier vice-président exécutif, Développement stratégique et ingénierie d’affaires, et de Paul Raymond, qui cumule les fonctions de président, de chef de l’exploitation et de responsable du bureau de Montréal.
L’entreprise dont le siège social est à Québec, est également présente à Ottawa, Paris, Aix-en-Provence et Sophia-Antipolis.
M. Raymond, qui a travaillé à Boston avant de joindre CIA, a indiqué que la firme désirait faire une incursion dans le marché des États-Unis, tout en poursuivant le développement des opportunités commerciales dans les marchés actuels.
« Des clients se sont dits ravis que la firme soit à nouveau indépendante. Certains ne nous considéraient pas auparavant, parce qu’ils pensaient être trop “petits” », a mentionné M Raymond.
D’autre part, les dirigeants de la firme CIA, qui emploie 350 personnes, comptent procéder à l’embauche de personnel additionnel. Toutefois, ils ont reconnu que les enjeux de recrutement de la main-d’oeuvre qui caractérisent l’industrie des TIC depuis quelque temps sont également une réalité au sein du secteur du service-conseil.
M. Raymond a constaté que le surplus de personnel après l’An 2000 et le déplacement d’emplois en Inde avaient contribué à la diminution de l’intérêt des étudiants québécois envers l’informatique. À son avis, la firme devra encourager des personnes actives dans le marché à se joindre à leur équipe, ou former des personnes qui ont une expérience d’affaires dans les secteurs verticaux desservis plutôt qu’une expérience en TI.
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Jean-François Ferland est rédacteur en chef adjoint au magazine Direction informatique.