Voilà des années que nous parlons « d’aligner » les technologies de l’information et les besoins d’affaires. C’est terminé, passons maintenant à la fusion.
Au début des années 1960, alors que l’informatique commençait à peine à s’implanter au sein des entreprises, le service informatique était une espèce de boîte noire, incompris de la plupart des membres de la haute direction de l’entreprise. On avait une confiance aveugle en la vision (…) des spécialistes qui mettaient en place ces grands systèmes.
Avec le temps, la haute direction a commencé à comprendre ce qui se passait dans la boîte noire. Le service informatique s’est alors vu attribuer l’étiquette de « centre de coûts », devant offrir un service à prix concurrentiel à une clientèle interne. Le règne du rendement sur l’investissement avait débuté.
C’est à peu près à cette époque que les systèmes intégrés de gestion (ou systèmes de gestion intégrée, à votre choix…) ont proliféré, remplaçant graduellement les anciens systèmes comptables. Devant l’échec de certaines implantations, et quelques millions de dollars plus tard, nombre de gestionnaires des systèmes et d’opérations se sont rendu compte que le simple fait de jeter des technologies dans un environnement de processus d’affaires ne suffisait pas pour rendre une entreprise performante ni assurer le succès d’un projet informatique majeur.
On a alors commencé à parler de réingénierie des processus des organisations, parce qu’on s’était aperçu que des processus mal foutus ne pouvaient qu’être mal informatisés. Et finalement, on a lancé la théorie de l’alignement. Il fallait désormais aligner les technologies sur les besoins d’affaires. Suffisait d’y penser. En résumé, cette approche consiste à s’assurer que les technologies de l’information contribuent à soutenir efficacement les processus d’affaires en fonction des objectifs (de croissance, de réduction de coûts, de développement) de l’organisation. Aligner, comme dans aller dans la même direction.
Dans la même veine, dans les pages de ce magazine et sur diverses tribunes, on incitait fortement les gestionnaires de TI, les directeurs du service informatique et les chefs des systèmes d’informations à s’impliquer dans les stratégies d’affaires, à les comprendre, à proposer des solutions qui, bien entendu, seraient « alignées » sur les besoins d’affaires.
La tendance aujourd’hui serait d’aller encore plus loin, rapporte le magazine Computerworld (voir cet article). On parle désormais de fusion entre les TI et les opérations commerciales. Il s’agit de ne plus considérer les technologies comme un outil, mais comme une stratégie en soi. Une stratégie qui assurera le développement et la croissance de l’entreprise.
Entre le service informatique et les unités d’affaires, la relation n’en est plus une d’utilisateur ou de client, mais bien de collaborateurs à part entière et égale.
Dans certaines organisations, on confie au chef des systèmes d’information des mandats qui dépassent clairement le strict domaine des technologies de l’information, comme les ventes ou le marketing, par exemple. Pourquoi? Les spécialistes des TI sont habitués au risque que suscite le changement. Ils ont développé des compétences à cet égard et lorsqu’une organisation doit se réinventer, les gestionnaires des TI peuvent apporter une contribution originale.
Cette approche découle probablement du fait que les TI jouent un rôle de plus en plus important au sein des organisations, un rôle qui dépasse celui du simple vecteur d’information. Les TI concrétisent la vision que l’information est désormais le capital le plus stratégique de l’entreprise. La donnée, qui vient décrire un produit vendu, une commande enregistrée ou un service fourni doit être intègre partout dans l’organisation, doit être suivie dans tous les dédales des processus d’affaires et ressortir traitée, compilée, avec une valeur ajoutée.
Le virage numérique contribue également à ce phénomène. L’avenir de l’économie est numérique (nous en avons fait notre slogan, ici, à Direction informatique) et les nouvelles occasions de développement des affaires passent généralement par le Web, ou se consolident par lui, en permettant de développer une offre complémentaire, d’assurer une fidélisation de la clientèle et de mieux cibler les occasions d’affaires qu’offre la globalisation. Pour faire des affaires, il faut désormais maîtriser les technologies.
Fusion, il faudra se rappeler cette notion, on ne fait que commencer à en entendre parler.
PS: Je vous invite à venir discuter de ce sujet, ou de vos autres préoccupations en gestion des TI, sur mon blogue, à l’adresse suivante : http://blogues.directioninformatique.com/patrice/
Patrice-Guy Martin est rédacteur en chef du magazine Direction informatique.
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